Calcul du Nombre de Poutres pour Plancher

Calcul du Nombre de Poutres pour un Plancher en Béton Armé

Calcul du Nombre de Poutres pour un Plancher

Contexte : Comment concevoir un plancher optimisé ?

La conception d'un plancher en béton armé pour un bâtiment, comme un parking ou des bureaux, implique un arbitrage crucial : le positionnement des poutres. Un plancher est généralement constitué d'une dalleÉlément de structure plan, généralement horizontal, qui transmet les charges aux poutres ou aux murs. qui repose sur un réseau de poutres (poutres secondaires) et de poteaux. L'espacement entre ces poutres est un paramètre de conception fondamental. Si les poutres sont très espacées, la dalle doit être plus épaisse pour franchir une plus grande portée, ce qui la rend lourde et coûteuse. Si elles sont très rapprochées, la dalle peut être plus fine, mais on multiplie le nombre de poutres, ce qui complexifie le coffrage et le ferraillage. L'objectif est de trouver un équilibre économique et technique.

Remarque Pédagogique : Cet exercice vous guidera à travers la démarche de pré-dimensionnement d'un plancher. Nous allons déterminer une plage d'espacements de poutres techniquement viable, puis choisir une solution optimale pour en déduire le nombre de poutres à mettre en œuvre.


Objectifs Pédagogiques

  • Calculer les charges permanentes et d'exploitation sur un plancher.
  • Déterminer la charge totale à l'État Limite Ultime (ELU) par mètre carré.
  • Appliquer les règles de pré-dimensionnement pour l'épaisseur d'une dalle.
  • Déterminer une fourchette d'espacement possible pour les poutres.
  • Choisir un espacement optimal et calculer le nombre de poutres correspondant.

Données de l'étude

On souhaite concevoir le plancher d'un étage de bureaux. La structure est constituée d'une dalle en béton armé reposant sur des poutres secondaires parallèles. Ces poutres secondaires ont une portée de 8 mètres et sont appuyées sur des poutres principales.

Schéma de principe du plancher
Poutre Principale Poutre Secondaire Largeur totale = 20 m Portée poutres sec. L = 8 m Entraxe E = ?

Caractéristiques des charges et matériaux :

  • Dimensions de la zone à couvrir : \(20 \, \text{m} \times 8 \, \text{m}\)
  • Charges permanentes (hors poids propre de la dalle) : \(G' = 1.5 \, \text{kN/m}^2\) (revêtements, cloisons, etc.)
  • Charge d'exploitation pour bureaux : \(Q = 2.5 \, \text{kN/m}^2\)
  • Masse volumique du béton armé : \(\rho_{\text{ba}} = 25 \, \text{kN/m}^3\)
  • Coefficients de sécurité à l'ELU : \(\gamma_G=1.35\), \(\gamma_Q=1.5\)

Questions à traiter

  1. Calculer la charge totale à l'ELU (\(p_U\)) par mètre carré, en fonction de l'épaisseur de la dalle \(h_d\).
  2. En utilisant la règle de pré-dimensionnement \(h_d \ge L_{\text{dalle}}/25\), déterminer l'épaisseur minimale de la dalle pour un espacement de poutres \(E\).
  3. En déduire la fourchette d'espacements \(E\) économiquement viables, sachant qu'une dalle de plus de 25 cm est rarement économique.
  4. Choisir un espacement pratique \(E\) dans cette fourchette.
  5. Calculer le nombre total de poutres secondaires nécessaires pour le plancher.

Correction : Calcul du Nombre de Poutres pour un Plancher

Question 1 : Calculer la charge totale à l'ELU (\(p_U\))

Principe avec image animée (le concept physique)
Surface de 1 m² Poids Propre G' Q p_U = 1.35(PP + G') + 1.5Q

La première étape de tout dimensionnement est de déterminer les forces qui s'appliquent sur la structure. Pour un plancher, on raisonne en termes de charges surfaciques (en kN/m²). Il faut additionner toutes les charges (poids propre, charges permanentes fixes, charges d'exploitation) puis leur appliquer les coefficients de sécurité de l'ELU pour obtenir la charge de calcul ultime \(p_U\).

Mini-Cours (approfondissement théorique)

L'État Limite Ultime (ELU) correspond à l'état de ruine de la structure. Les calculs à l'ELU visent à garantir la sécurité des personnes en s'assurant que la structure résiste aux sollicitations les plus défavorables possibles. Les coefficients \(\gamma_G=1.35\) et \(\gamma_Q=1.5\) majorent les charges caractéristiques pour tenir compte des incertitudes (valeurs réelles des charges, modélisation, etc.).

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Point Clé : Le poids propre de la dalle dépend de son épaisseur (\(h_d\)), qui est encore inconnue. La charge de calcul \(p_U\) sera donc exprimée en fonction de cette variable \(h_d\). C'est une démarche itérative typique en conception de structures.

Normes (la référence réglementaire)

La combinaison d'actions fondamentale à l'ELU est définie par l'Eurocode 0 (EN 1990, équation 6.10) : \( \sum \gamma_{G,j} G_{k,j} + \gamma_Q Q_{k,1} + \sum \gamma_Q \psi_{0,i} Q_{k,i} \). Pour un plancher de bâtiment simple, elle se réduit à la formule bien connue \(1.35G + 1.5Q\).

Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que les charges données sont des valeurs caractéristiques et uniformément réparties sur toute la surface du plancher.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Poids propre de la dalle :

\[ G_{\text{dalle}} = h_d \times \rho_{\text{ba}} \]

Charge ultime surfacique :

\[ p_{\text{U}} = 1.35 \times (G_{\text{dalle}} + G') + 1.5 \times Q \]
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • \(G' = 1.5 \, \text{kN/m}^2\)
  • \(Q = 2.5 \, \text{kN/m}^2\)
  • \(\rho_{\text{ba}} = 25 \, \text{kN/m}^3\)
  • \(h_d\) est en mètres.
Calcul(s) (l'application numérique)

Expression du poids propre :

\[ G_{\text{dalle}} = h_d \times 25 \]

Expression de la charge ultime :

\[ \begin{aligned} p_{\text{U}} &= 1.35 \times (25 h_d + 1.5) + 1.5 \times 2.5 \\ &= 33.75 h_d + 2.025 + 3.75 \\ &= 33.75 h_d + 5.775 \, \text{kN/m}^2 \end{aligned} \]
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Cette équation est notre outil de base. Elle nous montre qu'il y a une charge "fixe" de 5.775 kN/m² (charges permanentes et d'exploitation pondérées) à laquelle s'ajoute une charge variable qui dépend directement de l'épaisseur de la dalle que nous choisirons. Plus la dalle sera épaisse, plus elle devra supporter son propre poids.

Point à retenir : La charge de calcul d'un plancher (\(p_U\)) est la somme des charges permanentes et d'exploitation, pondérées par les coefficients de sécurité, et s'exprime en kN/m².

Justifications (le pourquoi de cette étape)

La connaissance de la charge ultime est la première étape de tout calcul de résistance. Sans elle, il est impossible de dimensionner quelque élément que ce soit (dalle, poutre, poteau, fondation).

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Oublier de pondérer les charges : Calculer avec les charges de service (G+Q) pour un dimensionnement à la rupture (ELU) est une erreur grave qui conduirait à une structure dangereusement sous-dimensionnée.

Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Résultat Final : La charge ultime est \(p_{\text{U}} = 33.75 h_d + 5.775 \, \text{kN/m}^2\).

À vous de jouer : Quelle serait la charge \(p_U\) (en kN/m²) pour une dalle de 20 cm d'épaisseur (\(h_d = 0.20\) m) ?

Question 2 : Déterminer l'épaisseur minimale de la dalle

Principe avec image animée (le concept physique)
Portée L_dalle = E h_d augmente avec E

Pour éviter des calculs de déformation complexes au stade du pré-dimensionnement, les normes fournissent des ratios simples "portée / épaisseur". Pour une dalle en béton armé simplement appuyée, un ratio de 25 est une valeur courante et sécuritaire. La portée de la dalle (\(L_{\text{dalle}}\)) est simplement l'espacement \(E\) entre les poutres. Cette règle nous donne une relation directe entre l'espacement des poutres et l'épaisseur minimale de la dalle.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Ces ratios empiriques (L/25, L/30, etc.) sont basés sur des milliers de calculs et d'observations. Ils permettent de s'assurer que si l'on respecte cette épaisseur minimale, la flèche de l'élément sous les charges de service restera dans des limites acceptables (généralement L/250), sans avoir à effectuer un calcul de flèche complet qui dépend de l'inertie de la section fissurée, du fluage, etc.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Point Clé : Cette règle est une condition de rigidité (anti-déformation), pas une condition de résistance. Une dalle peut très bien résister à la flexion (ne pas casser) avec une épaisseur plus faible, mais elle se déformerait de manière excessive, ce qui n'est pas acceptable (fissuration des cloisons, sensation d'insécurité).

Normes (la référence réglementaire)

L'Eurocode 2 (section 7.4.2) fournit des méthodes pour le contrôle des flèches, y compris des ratios portée/hauteur utile limites. La valeur L/25 est une simplification couramment admise de ces règles pour les dalles portant dans une seule direction.

Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que la dalle est simplement appuyée sur les poutres secondaires. Si elle était continue sur plusieurs travées, on pourrait utiliser un ratio plus favorable (ex: L/30), ce qui permettrait une dalle plus fine pour un même espacement.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Épaisseur minimale de la dalle :

\[ h_d \ge \frac{L_{\text{dalle}}}{25} \]

Relation avec l'espacement des poutres :

\[ L_{\text{dalle}} = E \]
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Le ratio de pré-dimensionnement est 25.
Calcul(s) (l'application numérique)

Établissement de la relation :

\[ h_d \ge \frac{E}{25} \]
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Nous avons maintenant une deuxième équation qui lie nos deux inconnues : l'épaisseur de la dalle \(h_d\) et l'espacement des poutres \(E\). Nous allons pouvoir combiner cette relation avec celle de la charge pour trouver une solution.

Point à retenir : L'épaisseur d'une dalle est directement proportionnelle à sa portée, c'est-à-dire à l'espacement des poutres qui la supportent.

Justifications (le pourquoi de cette étape)

Cette étape est cruciale car elle introduit la contrainte de déformation dans notre problème de conception. Sans cette règle, on pourrait être tenté de choisir un espacement de poutres très grand pour en mettre le moins possible, mais cela conduirait à une dalle de plusieurs mètres d'épaisseur, ce qui est absurde.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Utiliser le mauvais ratio : Les ratios dépendent des conditions d'appui (simple appui, encastrement, continue) et du type d'élément (dalle, poutre). Utiliser un ratio destiné à une poutre continue pour une dalle sur appuis simples serait non sécuritaire.

Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Résultat Final : La relation entre l'épaisseur de dalle et l'espacement des poutres est \(h_d \ge E/25\).

À vous de jouer : Quelle serait l'épaisseur minimale \(h_d\) (en cm) pour un espacement de poutres de 6 mètres ?

Question 3 : Déduire la fourchette d'espacements \(E\) viables

Principe avec image animée (le concept physique)
Coût Dalle Coût Poutres E grand, h_d grande E petit, N_poutres grand Trouver l'équilibre

Cette question est au cœur de la conception. Il s'agit de trouver un "juste milieu". On nous donne une contrainte économique : l'épaisseur de la dalle ne doit pas dépasser 25 cm. En utilisant la relation de la question 2, cette épaisseur maximale se traduit directement en un espacement maximal entre poutres. Pour l'espacement minimal, on se fixe une limite pratique : il est rare de faire des dalles de moins de 16 cm pour ce type de portée et de charges, pour des raisons de robustesse et de résistance au poinçonnement.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Le coût d'un plancher n'est pas linéaire. Il dépend du volume de béton, du poids d'acier, mais aussi de la complexité du coffrage. Un grand nombre de poutres rapprochées augmente significativement le temps et le coût du coffrage. À l'inverse, une dalle très épaisse augmente les volumes de béton et d'acier, ainsi que le poids total de la structure, ce qui impacte les poutres, les poteaux et les fondations. L'optimisation consiste à trouver le point où la somme de ces coûts est minimale.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Point Clé : Le pré-dimensionnement n'est pas une science exacte mais un processus de convergence. On pose des hypothèses (comme l'épaisseur max et min), on en déduit une plage de solutions, puis on affine. Les limites de 16 cm et 25 cm sont des valeurs issues de l'expérience des ingénieurs.

Normes (la référence réglementaire)

Il n'y a pas de norme qui impose une épaisseur maximale "économique". C'est une règle de l'art. Cependant, l'Eurocode 2 impose des épaisseurs minimales pour des raisons de durabilité (enrobage) et de résistance au feu, ce qui justifie de ne pas descendre en dessous d'une certaine valeur (ici, 16 cm).

Hypothèses (le cadre du calcul)

On fixe une épaisseur maximale de dalle \(h_{d, \text{max}} = 0.25 \, \text{m}\) pour des raisons économiques. On fixe une épaisseur minimale de dalle \(h_{d, \text{min}} = 0.16 \, \text{m}\) pour des raisons de robustesse.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Relation liant l'espacement et l'épaisseur :

\[ E = 25 \times h_d \]
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • \(h_{d, \text{max}} = 0.25 \, \text{m}\)
  • \(h_{d, \text{min}} = 0.16 \, \text{m}\)
Calcul(s) (l'application numérique)

Calcul de l'espacement maximal :

\[ \begin{aligned} E_{\text{max}} &= 25 \times h_{d, \text{max}} \\ &= 25 \times 0.25 \\ &= 6.25 \, \text{m} \end{aligned} \]

Calcul de l'espacement minimal :

\[ \begin{aligned} E_{\text{min}} &= 25 \times h_{d, \text{min}} \\ &= 25 \times 0.16 \\ &= 4.0 \, \text{m} \end{aligned} \]
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Nous avons défini une "fenêtre de tir" pour notre conception. Tout espacement de poutres choisi entre 4.0 m et 6.25 m conduira à une épaisseur de dalle raisonnable (entre 16 et 25 cm). Cela nous laisse une bonne flexibilité pour la suite.

Point à retenir : La conception d'un plancher est un compromis entre l'épaisseur de la dalle et l'espacement des poutres, défini par une fourchette de solutions technico-économiques.

Justifications (le pourquoi de cette étape)

Cette étape transforme un problème ouvert ("comment disposer les poutres ?") en un problème borné ("choisir une valeur entre 4.0 et 6.25 m"). C'est une étape essentielle pour converger vers une solution unique et justifiable.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Ne pas vérifier les deux bornes : Se contenter de calculer une seule limite (par exemple, la maximale) ne suffit pas. Il faut toujours définir une plage de travail complète pour s'assurer que la solution choisie est cohérente.

Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Résultat Final : La fourchette d'espacement viable est \(E \in [4.0 \, \text{m} ; 6.25 \, \text{m}]\).

À vous de jouer : Quelle serait la fourchette d'espacement \(E\) (en m) si on tolérait une dalle jusqu'à 30 cm d'épaisseur ?

Question 4 : Choisir un espacement pratique \(E\)

Principe avec image animée (le concept physique)
Largeur 20 m Division en travées égales

Maintenant que nous avons une plage de solutions possibles, il faut faire un choix. Un bon ingénieur choisit une solution non seulement correcte, mais aussi simple à construire. La meilleure option est de choisir un espacement qui divise la largeur totale du plancher (20 m) en un nombre entier de travées égales. Cela simplifie le plan de coffrage et la répétition des éléments.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

La modularité est un principe clé en construction. Utiliser des dimensions répétitives et des espacements constants permet de standardiser les éléments de coffrage, de pré-fabriquer des cages d'armatures et d'accélérer considérablement la vitesse de construction sur chantier. Un plan complexe avec des espacements irréguliers est une source d'erreurs et de surcoûts.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Point Clé : On cherche les diviseurs entiers de la largeur totale (20 m) qui donnent un résultat se trouvant dans notre fourchette [4.0 m ; 6.25 m]. C'est un simple exercice d'arithmétique.

Normes (la référence réglementaire)

Il n'y a pas de norme pour ce choix, c'est une décision de conception qui relève du bon sens de l'ingénieur et de la concertation avec l'entreprise de construction.

Hypothèses (le cadre du calcul)

On cherche une solution avec des travées de dalles identiques pour optimiser la construction.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Espacement en fonction du nombre de travées :

\[ E = \frac{\text{Largeur totale}}{N_{\text{travées}}} \]
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Largeur totale = \(20 \, \text{m}\)
  • Fourchette viable : \(E \in [4.0 \, \text{m} ; 6.25 \, \text{m}]\)
Calcul(s) (l'application numérique)

Test des diviseurs de 20 :

  • 3 travées : \(E = 20/3 = 6.67 \, \text{m}\) (Trop grand)
  • 4 travées : \(E = 20/4 = 5.0 \, \text{m}\) (Correct, dans la fourchette)
  • 5 travées : \(E = 20/5 = 4.0 \, \text{m}\) (Correct, c'est la limite basse)
  • 6 travées : \(E = 20/6 = 3.33 \, \text{m}\) (Trop petit)

Les deux solutions possibles sont 4 ou 5 travées. La solution à 4 travées (E=5.0m) utilise moins de poutres et est donc généralement plus économique en termes de main-d'œuvre. Nous choisissons cette option.

Réflexions (l'interprétation du résultat)

Le choix de \(E = 5.0 \, \text{m}\) est une excellente solution d'ingénierie. C'est une valeur ronde, facile à implanter sur chantier, et elle se situe bien au milieu de notre fourchette viable, ce qui nous donne une marge de manœuvre. L'épaisseur de dalle correspondante sera de \(h_d = 5.0 / 25 = 0.20 \, \text{m}\), soit 20 cm, ce qui est très standard.

Point à retenir : Un bon espacement de poutres est une valeur qui divise la portée totale en un nombre entier de travées et qui respecte les contraintes de pré-dimensionnement de la dalle.

Justifications (le pourquoi de cette étape)

Cette étape finalise le choix de conception. On passe d'une plage de possibilités à une décision unique et argumentée, qui va servir de base à tous les calculs de ferraillage détaillés qui suivront.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Choisir une valeur non pratique : Choisir un espacement de 5.87 m, même s'il est dans la fourchette, serait une mauvaise décision. Cela compliquerait inutilement le travail sur chantier et augmenterait les risques d'erreurs d'implantation.

Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Résultat Final : On choisit un espacement pratique entre poutres de \(E = 5.0 \, \text{m}\).

À vous de jouer : Quel espacement pratique \(E\) (en m) choisiriez-vous pour une largeur totale de 24 m ?

Question 5 : Calculer le nombre total de poutres secondaires

Principe avec image animée (le concept physique)
Travée 1 Travée 2 Travée 3 Travée 4 N_poutres = N_travées - 1

Le calcul final est une simple déduction logique. Nous avons divisé la largeur totale en un certain nombre de travées. Il faut maintenant compter combien de lignes de poutres sont nécessaires pour créer ces travées. En général, pour \(N\) travées, il faut \(N-1\) poutres intérieures, car les bords du plancher sont déjà supportés par les poutres principales.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

La "descente de charges" est le processus par lequel les charges appliquées sur la dalle sont transférées aux poutres secondaires, puis des poutres secondaires aux poutres principales, puis aux poteaux, et enfin aux fondations. Chaque poutre secondaire reprend les charges d'une "bande de chargement" dont la largeur est égale à l'entraxe \(E\). Le calcul précis de la charge sur une poutre est donc \(p_U \times E\).

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Point Clé : Attention au "piège du poteau de clôture". Pour clôturer un champ avec N travées, il faut N+1 poteaux. Mais ici, les "poteaux" de rive (les poutres principales) existent déjà. On ne compte donc que les poutres intermédiaires.

Normes (la référence réglementaire)

Ce calcul relève de la géométrie et de la topologie de la structure, pas d'une norme de calcul de résistance. C'est une étape de définition du modèle structurel.

Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que les deux poutres principales situées aux extrémités de la portée de 20 m supportent les bords de la dalle. Nous ne calculons donc que le nombre de poutres secondaires *intermédiaires*.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Nombre de travées :

\[ N_{\text{travées}} = \frac{\text{Largeur totale}}{E} \]

Nombre de poutres intermédiaires :

\[ N_{\text{poutres}} = N_{\text{travées}} - 1 \]
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Largeur totale = \(20 \, \text{m}\)
  • Espacement choisi \(E = 5.0 \, \text{m}\)
Calcul(s) (l'application numérique)

Calcul du nombre de travées :

\[ \begin{aligned} N_{\text{travées}} &= \frac{20}{5} \\ &= 4 \, \text{travées} \end{aligned} \]

Calcul du nombre de poutres intermédiaires :

\[ \begin{aligned} N_{\text{poutres}} &= 4 - 1 \\ &= 3 \, \text{poutres} \end{aligned} \]
Réflexions (l'interprétation du résultat)

La solution finale est donc un plancher avec 3 poutres secondaires intermédiaires, créant 4 travées de dalle de 5 mètres de portée chacune. C'est une solution structurelle claire, simple et équilibrée, prête pour les calculs de ferraillage détaillés.

Point à retenir : Pour une nappe de poutres parallèles, le nombre de poutres intermédiaires est égal au nombre de travées moins un.

Justifications (le pourquoi de cette étape)

Cette dernière étape quantifie la solution. Le résultat "3 poutres" est l'information concrète qui sera utilisée pour dessiner les plans de coffrage et estimer les quantités de matériaux pour le projet.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Arrondir le nombre de travées : Le nombre de travées doit être un entier. Si la division ne tombe pas juste (parce qu'on n'a pas choisi un diviseur exact), il faut revoir le choix de l'espacement \(E\) pour obtenir un nombre entier de travées.

Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Résultat Final : Il faut prévoir 3 poutres secondaires intermédiaires.

À vous de jouer : Combien de poutres secondaires faudrait-il pour une largeur de 24 m, avec un espacement choisi de 6.0 m ?


Mini Fiche Mémo : Conception d'un Plancher

Étape Formule Clé & Objectif
1. Charges (ELU) \( p_{\text{U}} = 1.35 G + 1.5 Q \)
Déterminer la charge surfacique totale à reprendre.
2. Épaisseur Dalle (ELS) \( h_d \ge E / 25 \)
Lier l'épaisseur de la dalle à l'espacement des poutres pour limiter la flèche.
3. Fourchette d'Espacement \( E = 25 \times h_d \)
Définir une plage de solutions possibles en se basant sur des épaisseurs de dalle réalistes.
4. Choix de l'Espacement \( E = \text{Largeur} / N_{\text{travées}} \)
Choisir une valeur pratique qui divise la largeur en un nombre entier de travées.
5. Nombre de Poutres \( N_{\text{poutres}} = N_{\text{travées}} - 1 \)
Quantifier la solution finale en nombre d'éléments à construire.

Outil Interactif : Optimiseur de Plancher

Modifiez les paramètres pour trouver rapidement le nombre de poutres et l'épaisseur de dalle associée.

Paramètres
20 m
3 poutres
Résultats
Espacement E entre poutres -
Épaisseur de dalle h_d requise -

Le Saviez-Vous ?

Dans les planchers de parking, on utilise souvent des poutres plates, appelées "poutres-dalles". Ce sont des poutres très larges mais de même hauteur que la dalle. Elles sont invisibles après construction, ce qui maximise la hauteur libre sous plafond, mais elles sont plus complexes à ferrailler.


Foire Aux Questions (FAQ)

Que se passe-t-il si la pièce n'est pas rectangulaire ?

La conception devient plus complexe. On essaie de conserver une trame principale de poutres parallèles dans la direction la plus logique, et on traite les zones de formes irrégulières avec des poutres supplémentaires appelées "chevêtres" ou des zones de dalle renforcées.

Pourquoi ne pas faire une seule grande dalle épaisse sans poutres secondaires ?

Pour une portée de 8 mètres, une dalle pleine devrait avoir une épaisseur d'au moins 800/25 = 32 cm. Le poids propre serait énorme (\(0.32 \times 25 = 8\) kN/m²), ce qui la rendrait très peu économique et solliciterait énormément les poutres principales et les poteaux. Le système dalle + poutres est beaucoup plus optimisé.


Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Si l'on diminue l'espacement entre les poutres, l'épaisseur requise pour la dalle :

2. Pour un plancher de 18m de large, quelle est la meilleure solution parmi les suivantes ?


Glossaire

Dalle
Élément de structure plan, généralement horizontal, qui transmet les charges aux poutres ou aux murs.
Poutre secondaire
Poutre qui supporte directement la dalle et reporte ses charges sur les poutres principales.
Entraxe (E)
Distance entre les axes de deux éléments porteurs consécutifs (ici, deux poutres secondaires).
Descente de charges
Processus d'analyse qui consiste à suivre le cheminement des charges depuis leur point d'application (le plancher) jusqu'aux fondations.
Fondamentaux du Génie Civil : Conception d'un Plancher

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