Choix et justification d'un traitement de préservation du bois
Contexte : Assurer la Durabilité des Structures en Bois
Le bois, matériau naturel et renouvelable, est sensible à certaines agressions biologiques (insectes, champignons) et aux intempéries. Pour garantir la longévité et la sécurité d'une structure en bois, il est impératif de choisir un bois dont la durabilité naturelle ou conférée par un traitement est adaptée à ses conditions d'exposition. Cette démarche, basée sur le concept de classe d'emploiClassification normalisée (norme EN 335) qui définit le niveau de risque biologique auquel un élément en bois est exposé en fonction de son usage et de son environnement (humidité, contact avec le sol, etc.)., permet de justifier le choix d'une essence de bois et/ou d'un traitement de préservation. Cet exercice a pour but de maîtriser cette méthodologie essentielle.
Remarque Pédagogique : La conception de la durabilité ne se résume pas à l'application d'un produit chimique. C'est avant tout une démarche de conception globale ("conception à sec") visant à limiter l'exposition du bois à l'humidité. Le traitement de préservation n'intervient que lorsque les dispositions constructives ne suffisent pas à garantir la pérennité de l'ouvrage.
Objectifs Pédagogiques
- Comprendre le concept de classe d'emploi selon la norme EN 335.
- Identifier les risques biologiques associés à chaque classe d'emploi.
- Déterminer la classe d'emploi d'un élément de structure en fonction de sa situation.
- Choisir une solution de préservation (essence durable ou bois traité) adaptée.
- Justifier un choix de traitement en se basant sur les normes en vigueur.
Données de l'étude
Schéma de la structure de la terrasse
- Norme de référence pour les classes d'emploi : EN 335.
- Le Pin Sylvestre est une essence peu durable face aux risques biologiques. Sa durabilité naturelle est insuffisante pour un usage extérieur sans traitement.
- On cherche à assurer une durée de service d'au moins 15 ans.
Questions à traiter
- Déterminer la classe d'emploi requise pour le platelage (élément A).
- Identifier les risques biologiques principaux associés à cette classe d'emploi.
- Déterminer la classe d'emploi requise pour les poteaux (élément B).
- Proposer et justifier une solution de préservation pour chaque élément (A et B) afin de garantir la durabilité de l'ouvrage.
Correction : Choix et justification du traitement
Question 1 : Classe d'emploi du Platelage (A)
Principe :
La classe d'emploi est déterminée par l'exposition à l'humidité de l'élément en bois. Le platelage est à l'extérieur, non abrité. Il est donc directement exposé à la pluie. L'eau peut stagner temporairement sur sa surface, mais il n'est pas en contact permanent avec le sol ou l'eau douce.
Remarque Pédagogique :
Analyser la situation en service : La clé pour déterminer la classe d'emploi est d'imaginer la vie de la pièce de bois. Est-elle à l'intérieur ? À l'extérieur mais à l'abri ? Exposée à la pluie ? En contact avec le sol ? Chaque réponse nous guide vers la bonne classe. Une erreur de diagnostic ici compromet toute la chaîne de durabilité.
Formule(s) utilisée(s) :
La détermination se base sur les définitions de la norme EN 335, pas sur une formule mathématique.
Donnée(s) :
- Élément : Platelage (surface horizontale).
- Situation : Extérieur, non abrité, exposé à la pluie.
- Contact avec le sol : Non.
Calcul(s) :
Le platelage est une surface horizontale exposée à la pluie. Même avec une légère pente, la stagnation d'eau entre les lames ou sur la surface est fréquente. Cette situation correspond donc à la définition de la classe d'emploi 3.2.
Points de vigilance :
Ne pas sous-estimer la stagnation d'eau : Un simple bardage vertical, où l'eau s'écoule rapidement, peut être en classe 3.1. Une terrasse, même bien conçue, retiendra toujours plus d'humidité et doit être considérée en 3.2, une classe plus sévère.
Le saviez-vous ?
Question 2 : Risques Biologiques pour le Platelage
Principe :
À chaque classe d'emploi correspondent des agents de dégradation biologique spécifiques. Une humidité fréquente et prolongée (Classe 3) permet le développement de champignons lignivores (pourritures) et attire les insectes à larves xylophages.
Remarque Pédagogique :
Connaître son ennemi : Identifier les bons risques est crucial. Il est inutile de se protéger contre les térébrants marins (Classe 5) pour une terrasse en montagne. En revanche, oublier le risque "champignons" pour un bois extérieur est une erreur de conception majeure qui mènera à une dégradation certaine.
Formule(s) utilisée(s) :
L'identification des risques se base sur les tableaux de la norme EN 335.
Donnée(s) :
- Classe d'emploi déterminée : 3.2
Calcul(s) :
L'analyse consiste à lire les risques associés à la classe d'emploi 3 dans la norme.
Points de vigilance :
Ne pas oublier les termites : Le risque "termite" dépend de la localisation géographique du projet. En France, des arrêtés préfectoraux définissent les zones infestées où un traitement préventif anti-termite est obligatoire pour toute nouvelle construction en bois.
Le saviez-vous ?
Question 3 : Classe d'emploi des Poteaux (B)
Principe :
Les poteaux sont également à l'extérieur. Bien qu'ils ne soient pas en contact direct avec le sol, leur base est proche du sol et repose sur un plot en béton. Cette zone est particulièrement sensible : elle est soumise à la pluie, aux rejaillissements d'eau depuis le sol, et l'interface bois/béton peut créer un "piège à eau" où l'humidité stagne durablement.
Remarque Pédagogique :
Le diable est dans les détails : La hauteur par rapport au sol est un paramètre crucial. Un poteau à 50 cm du sol pourrait éventuellement être en classe 3.2, mais à 15 cm, le risque de rejaillissement et d'humidification permanente est tel qu'il est plus prudent et réglementaire de le classer comme s'il était en contact avec le sol.
Formule(s) utilisée(s) :
La détermination se base sur les définitions de la norme EN 335 et les règles de l'art.
Donnée(s) :
- Élément : Poteau vertical.
- Situation : Extérieur, non abrité.
- Contact avec le sol : Non, mais à 15 cm du sol (inférieur à 20 cm).
Calcul(s) :
Même si le poteau n'est pas "dans" le sol, la zone de contact avec le plot béton est critique. L'humidité capillaire et la stagnation d'eau créent des conditions d'humidification quasi permanentes, similaires à un contact avec le sol. Par mesure de sécurité et conformément à la pratique courante, toute pièce de structure en bois extérieure située à moins de 20 cm du sol est classée en classe d'emploi 4.
Points de vigilance :
Les pieds de poteaux : Le point de contact entre un poteau en bois et sa fondation est l'un des points les plus critiques d'une structure bois extérieure. Une mauvaise conception à ce niveau (ex: poteau reposant dans une "cuvette" en béton) garantit une dégradation prématurée, même avec un bois traité.
Le saviez-vous ?
Question 4 : Proposition et Justification de la Préservation
Principe :
Une fois la classe d'emploi déterminée, et sachant que la durabilité naturelle du Pin Sylvestre est insuffisante, il faut lui conférer une durabilité par un traitement de préservation. Le traitement doit être certifié pour la classe d'emploi visée.
Remarque Pédagogique :
Acheter le bon bois : Pour un particulier ou un professionnel, cela signifie qu'il ne faut pas juste demander du "bois traité". Il faut exiger un bois traité pour une classe d'emploi spécifique (ex: "Pin traité classe 4"). Cette information doit figurer sur la facture ou le certificat de traitement. Un bois traité classe 2 (pour charpente intérieure) se dégradera très rapidement s'il est utilisé pour une terrasse.
Formule(s) utilisée(s) :
Il n'y a pas de formule. Le choix est une adéquation entre la classe d'emploi requise et la performance du bois (naturelle ou conférée).
Donnée(s) :
- Essence : Pin Sylvestre (faible durabilité naturelle).
- Classe d'emploi requise pour A : 3.2
- Classe d'emploi requise pour B : 4
Calcul(s) :
La justification est une démarche logique :
Points de vigilance :
Ne pas traiter sur site : Les traitements de surface (badigeonnage) sont insuffisants pour les classes d'emploi 3.2 et 4. Seul un traitement industriel en profondeur (autoclave) peut garantir la durabilité requise. De plus, les coupes ou usinages sur du bois traité doivent impérativement être retraitées avec un produit de coupe spécifique.
Le saviez-vous ?
Simulation Interactive : Déterminer la Classe d'Emploi
Choisissez une situation pour un élément de structure en bois et découvrez la classe d'emploi requise ainsi que les risques associés.
Paramètres de la situation
Risques Biologiques Majeurs Associés
Pour Aller Plus Loin : La Durabilité Naturelle
Au lieu de traiter un bois non durable, on peut choisir une essence de bois qui est naturellement résistante pour la classe d'emploi visée. Par exemple, pour une terrasse (Classe 4), on pourrait utiliser du Robinier, du Châtaignier ou des bois exotiques comme l'Ipé ou le Cumaru. Cette approche évite l'utilisation de produits chimiques mais a souvent un coût plus élevé et pose des questions sur la gestion durable des forêts pour les bois exotiques.
Le Saviez-Vous ?
Les pilotis en bois qui soutiennent la ville de Venise depuis des siècles sont un exemple parfait de durabilité. Constamment immergés dans la boue et l'eau sans oxygène, ils sont protégés du développement des champignons lignivores qui ont besoin d'oxygène pour survivre. C'est un cas paradoxal où une humidification permanente (Classe 5) protège le bois !
Foire Aux Questions (FAQ)
Un traitement "à cœur" est-il possible ?
Non, c'est un abus de langage. Même avec un traitement en autoclave, il est très difficile d'imprégner 100% du volume du bois, surtout pour des essences comme le Pin. Le traitement se concentre dans l'aubier (la partie externe, plus perméable) et pénètre peu dans le duramen (le cœur, plus dense). C'est pourquoi les normes spécifient des profondeurs de pénétration et des taux de rétention du produit à atteindre.
Les traitements sont-ils dangereux pour l'environnement ?
La réglementation européenne (Règlement Biocides) est très stricte. Les produits de préservation du bois autorisés ont fait l'objet d'évaluations rigoureuses de leur impact sur la santé et l'environnement. Les traitements modernes, notamment ceux à base de cuivre et de composés organiques, sont conçus pour se fixer dans le bois et limiter le relargage dans l'environnement. Néanmoins, la meilleure approche reste de privilégier la conception et les essences naturellement durables lorsque c'est possible.
Quiz Final : Testez vos connaissances
1. Une solive de plancher dans une salle de bain (pièce humide mais sans contact direct avec l'eau) doit être de :
2. Pour construire un ponton sur un lac d'eau douce, quel est le minimum requis ?
Glossaire
- Classe d'emploi
- Classification normalisée (norme EN 335) qui définit le niveau de risque biologique auquel un élément en bois est exposé en fonction de son usage et de son environnement (humidité, contact avec le sol, etc.).
- Autoclave
- Appareil industriel permettant d'imprégner des produits de préservation au cœur du bois sous vide et pression, garantissant un traitement efficace et durable.
- Durabilité naturelle
- Résistance intrinsèque d'une essence de bois aux agents de dégradation biologique, sans aucun traitement.
- Préservation du bois
- Ensemble des procédés (chimiques ou physiques) visant à augmenter la durabilité du bois en le protégeant contre les insectes, les champignons ou les agressions climatiques.
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