Cours sur les Remblais et Déblais

Cours sur les Remblais et Déblais en Terrassement

Remblais et Déblais en Terrassement

Comprendre le remblais et déblais

Introduction au Terrassement, Remblais et Déblais

Imaginez que vous avez un terrain qui n'est pas tout plat, avec des bosses et des creux. Pour construire une maison, une route ou un bâtiment, vous avez besoin d'une surface bien préparée, souvent plane ou avec des pentes précises.

Le terrassement, c'est un peu comme sculpter ce terrain. C'est l'ensemble des travaux où l'on va déplacer de la terre, des pierres, ou d'autres matériaux pour modifier la forme du sol. On fait ça pour préparer le terrain à recevoir une construction ou un aménagement.

Dans le terrassement, il y a deux actions principales :

  • Les Déblais : Pensez à "déblayer". C'est quand on enlève de la matière. On creuse pour faire un trou, une tranchée, ou pour abaisser le niveau du sol dans une zone. L'objectif est d'aller plus bas que le niveau actuel. Cette zone est souvent représentée en rouge sur les plans pour indiquer qu'on enlève de la matière.
  • Les Remblais : Pensez à "remplir". C'est quand on ajoute de la matière. On apporte de la terre ou des pierres pour combler un trou, pour élever le niveau du sol dans une zone, ou pour construire une butte ou un talus. L'objectif est d'aller plus haut que le niveau actuel. Cette zone est souvent représentée en bleu ou en vert sur les plans pour indiquer qu'on ajoute de la matière.

Figure 1 : Représentation schématique des zones de déblai (rouge) et de remblai (vert) sur un terrain.

Gérer correctement les déblais et les remblais est super important. Si on enlève trop de terre d'un côté (déblai) et qu'on en a besoin de l'autre côté (remblai), l'idéal est d'utiliser la terre qu'on a enlevée pour faire le remblai. Ça évite de devoir acheter et transporter de la nouvelle terre (ce qui coûte cher) ou d'emmener la terre enlevée à la décharge (ce qui coûte aussi cher). On appelle ça le "bilan des terres" : on essaie d'équilibrer ce qu'on enlève et ce qu'on ajoute sur le même chantier.

Ce cours va vous expliquer comment on fait tout ça, étape par étape, en parlant des outils, des calculs et de la sécurité.

Module 1 : Principes Fondamentaux du Terrassement

Avant de commencer à creuser ou à apporter de la terre, il y a des choses essentielles à savoir sur le terrain lui-même.

1.1 Analyse du Site et Étude Géotechnique

C'est la première étape, un peu comme faire un diagnostic avant de soigner quelqu'un. Il faut bien connaître le terrain.

  • Topographie : On mesure le terrain pour savoir exactement où se trouvent les bosses, les creux, les pentes. On fait une carte très précise du relief actuel. Ça nous dit d'où on part.
  • Géologie et Géotechnique : Là, on regarde ce qu'il y a SOUS la surface. De quoi est fait le sol ? Est-ce de la terre molle, du sable, des cailloux, de la roche dure ? Est-ce qu'il y a de l'eau sous terre (une nappe phréatique) ? Comment ce sol va-t-il réagir quand on va creuser dessus ou mettre du poids dessus ? Cette étude est fondamentale pour éviter les mauvaises surprises (comme un sol qui s'effondre ou qui n'est pas assez solide pour supporter un bâtiment).
  • Explication simple : L'étude géotechnique, c'est comme faire passer une radio et une analyse de sang au terrain pour savoir s'il est en bonne santé et comment il va se comporter quand on va travailler dessus.

  • Hydrographie : On regarde s'il y a des rivières, des étangs, et comment l'eau circule sur le terrain ou sous terre. L'eau est un facteur très important dans les travaux de terrassement, car elle peut rendre le sol instable.
  • Environnement : On identifie s'il y a des arbres à protéger, des zones naturelles fragiles, etc., pour ne pas les abîmer.

Toutes les informations récoltées ici vont guider la suite du projet : comment creuser, quels matériaux utiliser, quelles précautions prendre.

1.2 Propriétés des Sols Pertinentes pour le Terrassement

Tous les sols ne se ressemblent pas. Leurs caractéristiques vont déterminer comment on peut les travailler et s'ils sont bons pour faire des remblais.

  • Granulométrie : C'est la taille des grains. Est-ce que c'est du sable fin, des gros cailloux, un mélange ? Ça influence comment le sol se compacte et laisse passer l'eau.
  • Plasticité : Cette propriété concerne les sols fins comme l'argile. Un sol plastique, c'est un peu comme de la pâte à modeler : il peut se déformer sans casser quand il est humide. Si un sol est trop plastique, il n'est pas bon pour faire des remblais car il peut se déformer facilement sous le poids. Les "limites d'Atterberg" sont des mesures en laboratoire pour savoir à quel point un sol est plastique.
  • Explication simple : Un sol très plastique, c'est comme de la boue collante. Un sol peu plastique, c'est plus comme du sable mouillé qui ne tient pas bien ensemble.

  • Compacité/Densité : C'est à quel point les grains du sol sont serrés les uns contre les autres. Un sol très compact a peu de vide entre ses grains. C'est ce qu'on cherche à obtenir dans un remblai pour qu'il soit solide.
  • Teneur en eau : C'est la quantité d'eau présente dans le sol. Un sol trop sec s'effrite, un sol trop humide devient mou et instable. Il y a une teneur en eau "idéale" pour bien compacter un sol.
  • Compressibilité : C'est la capacité d'un sol à diminuer de volume quand on met du poids dessus. Un sol très compressible (comme une éponge) n'est pas bon pour les fondations car il va s'enfoncer.
  • Perméabilité : C'est la facilité avec laquelle l'eau traverse le sol. Un sol perméable (comme du sable) laisse passer l'eau rapidement. Un sol peu perméable (comme de l'argile) retient l'eau.
  • Angle de frottement interne et cohésion : Ces termes décrivent la résistance du sol au glissement. Imaginez un tas de sable : si la pente est trop raide, le sable glisse. L'angle maximal avant que ça glisse, c'est lié à l'angle de frottement interne. La cohésion, c'est ce qui "colle" les particules entre elles (comme dans l'argile humide). Ces propriétés sont cruciales pour savoir quelle pente donner aux talus pour qu'ils ne s'effondrent pas.

1.3 Objectifs des Travaux de Terrassement

Pourquoi fait-on du terrassement ? Pour préparer le terrain à quelque chose :

  • Mise à niveau : Rendre une zone plate pour y construire un bâtiment ou une terrasse.
  • Création de pentes et de talus : Façonner le terrain pour qu'il ait la bonne forme (par exemple, les bords d'une route ou d'un canal) et qu'il soit stable.
  • Réalisation de tranchées : Creuser des fossés longs et étroits pour y poser des tuyaux (eau, gaz), des câbles (électricité, téléphone) ou pour faire les fondations d'un mur.
  • Aménagement de voies de communication : Préparer le sol pour construire des routes, des voies de chemin de fer, des pistes d'aéroport.
  • Création de retenues d'eau : Construire des barrages ou des bassins en terre.

Module 2 : Les Déblais (Excavations)

Maintenant, parlons de l'étape où l'on enlève la terre : les déblais, aussi appelés excavations.

2.1 Planification des Déblais

On ne creuse pas n'importe comment. Il faut tout prévoir :

  • Définition des cotes de projet : On décide à quelle hauteur exacte on veut arriver après avoir creusé.
  • Tracé des limites d'excavation : On dessine sur le terrain la zone précise où l'on doit creuser.
  • Estimation des volumes : On calcule combien de mètres cubes de terre on va devoir enlever. C'est important pour savoir combien de temps ça va prendre et combien de camions il faudra.
  • Choix des méthodes d'excavation : Comment va-t-on creuser ? Avec quelle technique ? Ça dépend de la quantité de terre, de sa nature (terre molle ou roche dure), de la profondeur et de l'espace disponible.
  • Choix du matériel : Quelles machines utiliser ? Une petite pelle ou une très grosse ? Un bulldozer ? Des camions ?
  • Gestion des matériaux excavés : Qu'est-ce qu'on fait de la terre qu'on enlève ? Est-ce qu'on peut la réutiliser en remblai ailleurs sur le chantier ? Faut-il l'emmener loin ?
  • Plan de sécurité : Creuser, c'est dangereux. Il faut prévoir comment assurer la sécurité de tout le monde.

2.2 Méthodes d'Excavation

Selon ce qu'on doit faire et le type de terrain, on utilise différentes manières de creuser :

  • Excavation en pleine masse : On creuse une grande surface, comme pour faire un grand trou pour un parking souterrain ou pour abaisser le niveau d'une grande plateforme.
  • Excavation en tranchée : On creuse un fossé long et étroit, comme pour poser un tuyau ou un câble. Nécessite souvent un blindage pour la stabilité des parois.
  • Excavation en rigole : C'est une petite tranchée, très étroite.
  • Excavation en décapage : Enlèvement de la couche superficielle (terre végétale).
  • Terrassement en roche : Nécessite des techniques spécifiques comme le ripage (avec un bouteur équipé d'une dent) ou l'abattage à l'explosif (avec des règles de sécurité très strictes).

2.3 Matériel de Déblais

Les machines qu'on utilise pour creuser et déplacer la terre :

  • Pelles hydrauliques : Engins polyvalents pour l'excavation, le chargement et le ripage léger. Différentes tailles et équipements (godets, brise-roche hydraulique).
  • Pour aller plus loin sur l'estimation de la production de ces engins, consultez cet exercice : Exercice : Estimation de la production de la pelle hydraulique

  • Bouteurs (Bulldozers) : Pour le ripage, le nivellement et le poussage de matériaux sur de courtes distances.
  • Chargeuses : Pour le chargement de matériaux dans des camions ou des dumpers.
  • Décapeuses (Scrapers) : Pour l'excavation, le transport et le déchargement de matériaux sur des distances moyennes. Efficaces sur de grandes surfaces planes.
  • Niveleuses (Graders) : Pour le réglage fin des surfaces et la création de pentes.
  • Camions et Dumpers : Pour le transport des matériaux excavés.

2.4 Stabilité des Talus de Déblais et Blindage

Les parois des déblais, surtout en tranchée, peuvent être instables et s'effondrer. La stabilité dépend de la nature du sol, de la teneur en eau, de la hauteur de l'excavation et de la pente donnée au talus.

  • Talutage : Donner une pente naturelle aux parois pour assurer leur stabilité. L'angle du talus dépend de l'angle de frottement interne du sol.
  • Explication simple : C'est comme faire un château de sable. Si vous faites les murs trop droits, ils s'effondrent. Si vous leur donnez une pente douce, ils tiennent mieux.

  • Blindage : Mise en place de systèmes de soutènement temporaires pour maintenir les parois verticales ou sub-verticales, notamment en tranchée ou en zone urbaine où l'espace est limité. Différents types de blindage existent (palplanches, parois berlinoises, blindage léger, etc.).
  • Pour un cas pratique de calcul de terrassement en zone urbaine, souvent lié au blindage, consultez cet exercice : Exercice : Calcul de terrassement en zone urbaine

2.5 Gestion des Eaux pendant les Déblais

La présence d'eau (pluie, nappe phréatique) peut déstabiliser les déblais. Des mesures doivent être prises :

  • Pompage : Abaissement du niveau de la nappe phréatique (rabattement de nappe).
  • Drainage : Mise en place de systèmes pour collecter et évacuer les eaux de pluie ou de ruissellement.
  • Création de fossés : Pour détourner les eaux en amont de la zone de déblai.

2.6 Sécurité lors des Déblais

Les déblais présentent des risques importants :

  • Effondrement des parois : Risque majeur pour les travailleurs présents dans l'excavation.
  • Chute de matériaux ou d'engins : À proximité des bords de l'excavation.
  • Présence de réseaux enterrés : Conduites de gaz, électriques, d'eau, etc. Nécessite une investigation préalable (DICT - Déclaration d'Intention de Commencement de Travaux).
  • Accès et circulation : Risques liés aux mouvements des engins et des camions.

Des mesures de sécurité strictes doivent être appliquées : balisage de la zone, formation du personnel, port des EPI (Équipements de Protection Individuelle), vérification régulière du blindage, procédures d'urgence.

Module 3 : Les Remblais

Après avoir creusé (déblais), on a souvent besoin de remblayer, c'est-à-dire d'ajouter de la terre pour élever le niveau du sol ou combler un trou.

3.1 Planification des Remblais

Comme pour les déblais, on planifie tout :

  • Définition des cotes de projet : Niveaux finaux à atteindre.
  • Délimitation de la zone de remblai : Emplacement et étendue du remblai.
  • Estimation des volumes : Quantités de matériaux nécessaires.
  • Sélection des matériaux : Choix des matériaux appropriés en fonction de leur nature et de leur destination (couche de forme, corps de remblai, etc.).
  • Choix des méthodes de mise en œuvre : Épandage, compactage.
  • Choix du matériel : Engins d'épandage et de compactage.
  • Plan de contrôle qualité : Définition des tests à réaliser pour vérifier la conformité du remblai.
  • Plan de sécurité : Identification des risques et mesures de prévention.

3.2 Sélection des Matériaux de Remblai

On ne peut pas utiliser n'importe quoi pour faire un remblai solide et durable. Les matériaux utilisés pour les remblais peuvent provenir des déblais du site ou être importés. Leur qualité est primordiale pour la stabilité et la durabilité de l'ouvrage.

  • Matériaux utilisables : Sols et roches répondant à des critères de granulométrie, plasticité, teneur en eau, propreté (absence de matières organiques). Les spécifications dépendent de la destination du remblai (normes GTR en France, ou équivalents).
  • Matériaux inutilisables : Sols trop organiques, trop humides, trop plastiques, contenant des éléments polluants.

Une classification des matériaux est souvent réalisée en fonction de leur aptitude à être utilisés en remblai (par exemple, classes A, B, C, D selon le GTR).

3.3 Mise en Œuvre des Remblais

La mise en œuvre se fait généralement par couches successives :

  • Préparation du support : Le terrain naturel ou la couche précédente doit être préparé (purges si nécessaire, compactage).
  • Épandage : Les matériaux sont déversés et étalés en couches d'épaisseur uniforme à l'aide de bouteurs, niveleuses ou épandeurs. L'épaisseur des couches est définie en fonction du type de matériau et de l'engin de compactage.
  • Réglage de la teneur en eau : La teneur en eau du matériau est ajustée pour optimiser le compactage. Si le sol est trop sec, il est arrosé ; s'il est trop humide, il peut être aéré ou mélangé à un liant (chaux, ciment).
  • Explication simple : Pensez à faire une boule de neige. Si la neige est trop sèche, elle ne tient pas. Si elle est trop mouillée, elle est collante et s'écrase. Il y a une humidité parfaite pour faire une boule bien compacte. Pour la terre, c'est pareil !

  • Compactage : L'opération la plus critique du remblai. Elle vise à augmenter la densité du matériau en réduisant le volume des vides, ce qui améliore la portance, réduit la compressibilité et la perméabilité.

Figure 2 : Construction d'un remblai par couches (couleurs différentes) et action du compactage.

3.4 Techniques et Matériel de Compactage

Le choix de la technique et du matériel de compactage dépend du type de matériau :

  • Compactage par vibration : Pour les matériaux granulaires (sables, graviers, roches). Utilisation de compacteurs vibrants (rouleaux vibrants lisses ou à pieds dameurs).
  • Compactage par damage : Pour les sols fins (argiles, limons). Utilisation de compacteurs à pieds dameurs, compacteurs à pneus.
  • Compactage par pétrissage : Pour les sols très plastiques. Utilisation de compacteurs à pieds dameurs.
  • Compactage par impact : Pour les matériaux rocheux ou les sols très compacts. Utilisation de compacteurs à plaque vibrante lourde ou de compacteurs dynamiques.

Le nombre de passes du compacteur est déterminé par des essais de compactage pour atteindre la densité requise.

3.5 Stabilité des Talus de Remblais

Les talus de remblais doivent être stables pour éviter les glissements. Leur stabilité dépend de la nature du matériau, de la hauteur du remblai, de la pente du talus et de la présence d'eau.

  • Pente des talus : Définie en fonction de l'angle de frottement interne du matériau et des facteurs de sécurité requis.
  • Drainage : Mise en place de drains pour évacuer l'eau du corps du remblai et des talus.
  • Géosynthétiques : Utilisation de géotextiles ou de géogrilles pour renforcer le remblai et améliorer la stabilité des talus.
  • Explication simple : Imaginez que vous construisez un mur en briques sans ciment. Il ne sera pas très stable. Les géosynthétiques, c'est un peu comme ajouter une armature invisible qui tient les "briques" de terre ensemble.

  • Végétalisation : Plantation de végétation sur les talus pour les protéger de l'érosion et améliorer leur stabilité superficielle.

3.6 Sécurité lors des Remblais

Les remblais ont aussi leurs dangers :

  • Instabilité du remblai : Un remblai mal compacté ou trop raide peut glisser, surtout s'il pleut beaucoup.
  • Circulation des engins : Toujours faire attention aux mouvements des compacteurs, camions et autres machines.
  • Travail en hauteur : Quand le remblai devient haut, travailler près du bord présente un risque de chute.
  • Risques liés au matériel de compactage : Vibrations, bruit, risques de renversement.

Des procédures de sécurité doivent être mises en place : balisage, zones de circulation définies, formation, port des EPI, contrôle de la stabilité.

Module 4 : Calculs et Métrés

Il est essentiel de savoir combien de terre on enlève (déblais) et combien on ajoute (remblais). C'est ce qu'on appelle les calculs de volumes ou métrés.

4.1 Calcul des Volumes

Comment on mesure la quantité de terre ?

  • Méthode des profils en travers : Imaginez que vous coupez le terrain en tranches, comme un gâteau. Pour chaque tranche, vous dessinez la forme du terrain avant les travaux et la forme qu'il doit avoir après. La différence entre les deux formes vous donne la surface de déblai ou de remblai pour cette tranche. En multipliant cette surface par la distance entre les tranches, vous obtenez le volume. C'est la méthode la plus courante pour les projets linéaires comme les routes.
  • Méthode des carreaux (ou des grilles) : On divise le terrain en petits carrés sur un plan. Pour chaque coin de carreau, on note l'altitude du terrain avant et l'altitude souhaitée après. On calcule le volume de terre à enlever ou à ajouter dans chaque carré, puis on additionne tout.
  • Modèles numériques de terrain (MNT) : Aujourd'hui, on utilise souvent des ordinateurs. À partir de mesures très précises du terrain (avec un GPS ou d'autres outils), on crée un modèle 3D du terrain actuel et un modèle 3D du terrain final. Le logiciel calcule automatiquement la différence de volume entre les deux modèles. C'est très précis, surtout pour les terrains compliqués.

Attention, il y a deux phénomènes importants à prendre en compte quand on calcule les volumes :

  • Foisonnement : Quand vous creusez de la terre, elle prend plus de place qu'avant. C'est normal, car les grains sont moins serrés, il y a plus d'air entre eux. C'est comme quand vous émiettez une motte de terre. Le volume "foisonné" (\(V_{\text{foisonné}}\)) est plus grand que le volume "en place" (\(V_{\text{en place}}\)). On utilise un "coefficient de foisonnement" (\(k_f\)) pour passer de l'un à l'autre. Par exemple, si \(k_f = 1.2\), ça veut dire qu'\(1 \text{ m}^3\) de terre en place devient \(1.2 \text{ m}^3\) une fois creusé. \[k_f = \frac{V_{\text{foisonné}}}{V_{\text{en place}}}\]
  • Tassement : Diminution du volume d'un matériau de remblai après compactage. Un sol compacté prend moins de place qu'avant d'être compacté. Le volume "compacté" (\(V_{\text{compacté}}\)) est plus petit que le volume "mis en œuvre" (\(V_{\text{mis en œuvre}}\)). On utilise un "coefficient de tassement" (\(k_t\)). Par exemple, si \(k_t = 0.9\), ça veut dire que \(1 \text{ m}^3\) de matériau mis en œuvre devient \(0.9 \text{ m}^3\) une fois compacté. \[k_t = \frac{V_{\text{compacté}}}{V_{\text{mis en œuvre}}}\]

Figure 3 : Illustration des changements de volume du sol : en place, foisonné (après excavation), et compacté (après remblai).

Ces coefficients sont essentiels pour savoir combien de terre il faudra vraiment transporter ou apporter.

Pour vous entraîner au calcul de volume, consultez cet exercice : Exercice : Calcul du volume de terre à déplacer

4.2 Bilan des Terres

Le bilan des terres, c'est simplement comparer le volume de déblais qu'on a avec le volume de remblais dont on a besoin sur le même chantier, en tenant compte du foisonnement et du tassement.

  • Projet équilibré : C'est l'idéal ! Le volume de terre qu'on enlève est juste suffisant pour faire les remblais nécessaires sur le même site. On n'a pas besoin d'acheter de terre ni d'en emmener à la décharge.
  • Excédent de déblais : Le volume de déblais est supérieur au volume de remblais nécessaires. Les matériaux excédentaires doivent être évacués vers une décharge autorisée.
  • Déficit de déblais : Le volume de déblais est insuffisant pour réaliser les remblais. Il faut donc acheter et apporter des matériaux d'ailleurs ("matériaux d'emprunt").

Bien gérer le bilan des terres permet de faire des économies importantes et c'est aussi mieux pour l'environnement (moins de camions sur les routes).

4.3 Logiciels et Outils

Aujourd'hui, on utilise des logiciels spécialisés pour faire tous ces calculs de volumes et gérer le bilan des terres. Ces logiciels utilisent les données topographiques et les plans du projet pour calculer rapidement et précisément les quantités (exemples : Mensura Genius, Covadis, AutoCAD Civil 3D). et les intégrer dans un modèle numérique de terrain (MNT).

Module 5 : Contrôle Qualité et Sécurité

Pour être sûr que les travaux sont bien faits et que tout le monde est en sécurité.

5.1 Contrôle Qualité des Déblais

On vérifie que le trou creusé a bien la bonne forme et la bonne profondeur :

  • Contrôle altimétrique et planimétrique : On refait des mesures avec des outils de topographie pour vérifier que les niveaux et les positions correspondent bien aux plans.
  • Vérification de la nature du sol : On regarde si le sol qu'on trouve en creusant est bien celui qui était prévu dans l'étude géotechnique. Si ce n'est pas le cas, il faut parfois adapter les méthodes.
  • Contrôle de la stabilité des parois : On surveille visuellement les bords du trou pour voir s'il y a des signes d'instabilité. Si un blindage a été installé, on vérifie qu'il tient bien.

5.2 Contrôle Qualité des Remblais

C'est très important de vérifier que le remblai est bien compacté et qu'il est solide :

  • Contrôle des matériaux : On s'assure que les matériaux qu'on apporte ou qu'on utilise sont de bonne qualité et correspondent à ce qui est prévu.
  • Contrôle de la teneur en eau : On mesure la quantité d'eau dans le matériau pour être sûr qu'elle est optimale pour le compactage.
  • Contrôle du compactage : C'est le contrôle essentiel pour les remblais. On vérifie que le matériau est bien dense après le passage du compacteur. Comment ?
    • Essai Proctor : C'est un essai fait en laboratoire AVANT le chantier. On prend un échantillon du sol qu'on va utiliser et on le compacte avec une énergie définie pour trouver quelle est la teneur en eau idéale et la densité sèche maximale qu'on peut atteindre. Ça nous donne une référence.
    • Explication simple : L'essai Proctor, c'est comme tester en laboratoire la "recette" parfaite (quantité d'eau + effort de compactage) pour obtenir le sol le plus dense possible.

    • Mesure de la densité en place : Sur le chantier, après avoir compacté une couche, on mesure sa densité réelle. On utilise des appareils (comme un nucléodensimètre ou la méthode du cône de sable) pour savoir si on a atteint un certain pourcentage requis de la densité sèche maximale de l'essai Proctor (par exemple, on demande souvent d'atteindre \(95\%\) de l'Optimum Proctor Modifié - OPM). Si la densité n'est pas suffisante, il faut repasser le compacteur ou revoir la teneur en eau.
    • Essai à la plaque : Mesure la déformation d'une plaque sous charge pour évaluer la portance du remblai.
    • Essai de pénétration dynamique ou statique : Évalue la résistance du sol.

5.3 Plan de Contrôle Qualité

C'est un document qui explique précisément comment on va faire le contrôle qualité sur le chantier : quels tests, à quelle fréquence, où, qui est responsable. C'est une garantie que les travaux seront conformes aux exigences.

5.4 Sécurité sur les Chantiers de Terrassement

On ne le répétera jamais assez : la sécurité d'abord ! Chaque chantier doit avoir un document qui liste tous les risques et les mesures pour les éviter (le PPSPS - Plan Particulier de Sécurité et de Protection de la Santé). On a déjà parlé des risques (effondrements, chutes, machines, réseaux enterrés). Il est crucial que tout le monde sur le chantier soit formé aux règles de sécurité et les applique strictement.

Conclusion

Voilà ! Vous avez maintenant une meilleure idée de ce que sont les déblais et les remblais en terrassement. Ce ne sont pas juste des trous à creuser et des tas de terre à faire. C'est un travail technique qui demande de bien connaître le sol, de bien planifier, d'utiliser les bonnes machines, de faire attention aux calculs (volumes, foisonnement, tassement), de vérifier la qualité du travail (surtout le compactage) et, par-dessus tout, d'assurer la sécurité de tous.

Ce cours vous a donné les bases. Pour devenir un expert, il faut continuer à apprendre, lire les normes techniques spécifiques à votre région, et surtout, acquérir de l'expérience sur le terrain. Les nouvelles technologies (comme les machines guidées par GPS) rendent le travail de plus en plus précis et efficace.

Bon courage dans votre apprentissage du terrassement !

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