Calcul du coefficient d’efficience en terrassement

Calcul du Coefficient d’Efficience en Terrassement

Calcul du Coefficient d’Efficience en Terrassement

Contexte : L'optimisation des chantiers, le nerf de la guerre en Génie Civil.

En conduite de travaux, la performance d'un chantier de terrassement dépend crucialement de la synchronisation des engins. Une pelle hydraulique et une flotte de camions-bennes doivent travailler en harmonie pour atteindre les objectifs de production. Le coefficient d'efficienceAussi appelé rendement, c'est le rapport entre la production réelle d'un chantier et sa production théorique maximale. Il quantifie les pertes de temps dues aux aléas, à l'attente et à l'organisation. (ou rendement) est un indicateur clé qui mesure la performance réelle du chantier par rapport à son potentiel théorique. Savoir le calculer permet d'identifier les goulots d'étranglement et de prendre des décisions pour améliorer la productivité et réduire les coûts.

Remarque Pédagogique : Cet exercice illustre une problématique centrale du BTP : comment passer des spécifications techniques des machines (capacité du godet, temps de cycle) à une estimation de production globale ? Nous allons confronter un calcul théorique, basé sur des conditions idéales, à une observation de terrain pour en déduire l'efficacité réelle du tandem pelle-camion.


Objectifs Pédagogiques

  • Calculer le volume de matériaux foisonnés à partir d'un volume en place.
  • Déterminer le nombre de cycles de travailSéquence complète d'opérations pour un engin. Pour une pelle : creuser, pivoter, vider, revenir. Pour un camion : attendre, charger, transporter, vider, revenir. nécessaires pour une tâche.
  • Calculer un temps de chargement théorique.
  • Estimer la production horaire théorique d'un atelier de terrassement.
  • Calculer un coefficient d'efficience en comparant le réel et le théorique.

Données de l'étude

Un chantier de terrassement consiste à excaver des terres argileuses à l'aide d'une pelle hydraulique et à les évacuer avec des camions-bennes. On cherche à évaluer l'efficience de l'atelier (pelle + camions) sur une journée de travail.

Schéma de l'atelier Pelle-Camion
Terrain en place Pelle q Camion Vb
Paramètre Symbole Valeur Unité
Capacité du godet de la pelle \(q\) 1.2 \(\text{m}^3\ \text{foisonné}\)
Temps de cycle idéal de la pelle \(t_c\) 25 \(\text{secondes}\)
Capacité de la benne du camion \(V_b\) 18 \(\text{m}^3\ \text{foisonné}\)
Coefficient de foisonnement \(f\) 0.25 (sans dimension)
Volume total excavé (mesuré) \(V_{\text{réel}}\) 1150 \(\text{m}^3\ \text{en place}\)
Durée de la journée de travail \(T_{\text{jour}}\) 8 \(\text{heures}\)

Questions à traiter

  1. Calculer le nombre de cycles de pelle (nombre de godets) nécessaires pour remplir un camion.
  2. Calculer le temps de chargement purement théorique d'un camion.
  3. Calculer la production horaire théorique de la pelle en volume en place (\(\text{m}^3_{\text{en place}}/\text{h}\)).
  4. Calculer le coefficient d'efficience (rendement) global du chantier pour la journée.

Les bases de la Gestion de Chantier

Avant la correction, revoyons les concepts fondamentaux du terrassement.

1. Le Foisonnement des Sols :
Lorsqu'un sol est excavé, son volume augmente car les grains se réarrangent et des vides apparaissent. Ce phénomène est le foisonnement. Le volume foisonné (\(V_f\)) est lié au volume en place (\(V_p\)) par le coefficient de foisonnement \(f\). \[ V_f = V_p \cdot (1 + f) \] Un coefficient de 0.25 signifie que le volume augmente de 25%. Les capacités des godets et des bennes sont toujours données en volume foisonné.

2. Le Cycle de Production d'un Engin :
Le cycle est la plus petite séquence d'opérations qui se répète. Pour une pelle, c'est : 1. Pénétration et remplissage du godet, 2. Levage et rotation, 3. Vidage dans le camion, 4. Retour en position de fouille. Le temps de cycle théorique est une donnée constructeur, le temps réel dépend des conditions du site.

3. L'Efficience (ou Rendement) :
C'est la mesure de la performance. Un chantier n'est jamais à 100% de son potentiel théorique à cause des temps d'attente (camion attend la pelle, ou inversement), des pauses, des petits imprévus, etc. \[ \text{Efficience} = \frac{\text{Production Réelle}}{\text{Production Théorique}} \] Un bon rendement de chantier se situe souvent entre 0.75 et 0.85 (75% à 85%).


Correction : Calcul du Coefficient d’Efficience en Terrassement

Question 1 : Calculer le nombre de cycles de pelle par camion

Principe (le concept physique)

Il s'agit de déterminer combien de fois la pelle doit remplir et vider son godet pour atteindre la capacité de la benne du camion. Comme les deux capacités (godet et benne) sont données en volume foisonné, c'est un simple rapport. On doit toujours arrondir au nombre entier supérieur, car on ne peut pas faire une fraction de cycle et il vaut mieux sous-charger légèrement un camion que de faire un cycle de pelle supplémentaire pour très peu de matière.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Ce calcul est la base de ce qu'on appelle l'"équilibrage d'atelier". L'objectif est de "matcher" les équipements pour que le flux de matière soit le plus continu possible. Un bon équilibre minimise les temps d'attente, qui sont la principale source d'inefficacité sur un chantier de terrassement.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Imaginez que vous remplissez des grands seaux (les camions) avec une petite louche (le godet). Cette question revient simplement à se demander : "combien de coups de louche pour remplir un seau ?". C'est l'étape la plus simple, mais elle conditionne tous les calculs suivants.

Normes (la référence réglementaire)

Il n'existe pas de norme officielle pour ce calcul de base. Cependant, les manuels de performance des constructeurs d'engins (comme le "Caterpillar Performance Handbook") sont des références mondiales qui détaillent ces méthodes de calcul pour aider les clients à dimensionner leurs flottes d'équipement.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Le nombre de cycles de pelle (\(N_{\text{godets}}\)) est le rapport entre la capacité de la benne (\(V_b\)) et la capacité du godet (\(q\)).

\[ N_{\text{godets}} = \text{Arrondi.Supérieur} \left( \frac{V_b}{q} \right) \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que le coefficient de remplissage du godet est de 100% (il est toujours plein) et qu'il n'y a pas de perte de matériaux lors du déversement dans la benne.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Capacité de la benne du camion, \(V_b = 18 \, \text{m}^3\ \text{foisonné}\)
  • Capacité du godet de la pelle, \(q = 1.2 \, \text{m}^3\ \text{foisonné}\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Avant de calculer, vérifiez que les deux volumes sont bien dans la même unité (ici, \(\text{m}^3\) foisonné). Si l'un était en place et l'autre foisonné, il faudrait d'abord convertir l'un des deux avant de faire le rapport.

Schéma (Avant les calculs)
Combien de godets dans un camion ?
Vb = 18 m³q = 1.2 m³?
Calcul(s) (l'application numérique)

On effectue la division, puis on arrondit à l'entier supérieur.

\[ \begin{aligned} \frac{V_b}{q} &= \frac{18}{1.2} \\ &= 15 \end{aligned} \]
\[ N_{\text{godets}} = 15 \, \text{cycles} \]

Ici, le résultat est un entier, donc pas besoin d'arrondir.

Schéma (Après les calculs)
Équilibre Parfait
Vb = 18 m³q = 1.2 m³15 x
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Il faut exactement 15 coups de godet pour remplir un camion. C'est une situation idéale, on dit que les engins sont "équilibrés". Si le résultat avait été 15.2, on aurait pris 16 cycles, ce qui signifie que le dernier coup de godet ne serait pas plein et que le camion partirait avec une charge utile non optimisée.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

L'erreur la plus commune est de ne pas arrondir à l'entier supérieur. Même pour un résultat de 15.1, il faut 16 cycles dans la réalité. Oublier cela sous-estime le temps de chargement. Une autre erreur est de mélanger les volumes (foisonné vs en place).

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • Le nombre de godets par camion est un ratio des capacités en volume foisonné.
  • On arrondit toujours au nombre entier supérieur.
  • Un nombre de cycles entier est le signe d'un bon équilibre entre la taille de la pelle et celle des camions.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

Certains systèmes modernes de gestion de flotte utilisent des capteurs de pesage sur le godet de la pelle et dans la benne du camion pour optimiser le chargement en temps réel et garantir que chaque camion part avec sa charge utile maximale autorisée, sans faire de cycle inutile.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
Il faut 15 cycles de pelle pour remplir un camion.
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si les camions avaient une capacité de 22 m³ foisonné, combien de cycles faudrait-il ?

Question 2 : Calculer le temps de chargement théorique d'un camion

Principe (le concept physique)

Le temps de chargement théorique est le temps total que passe un camion à l'arrêt sous la pelle, dans des conditions parfaites. C'est simplement le nombre de cycles de pelle nécessaires multiplié par le temps d'un cycle idéal. C'est une durée minimale, qui ne tient pas compte des temps d'attente ou des micro-arrêts.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Le temps de cycle d'une pelle se décompose en 4 phases : creuser (~25%), pivoter chargé (~20%), vider (~15%), et pivoter à vide (~40%). La durée totale dépend de l'angle de rotation entre la zone de fouille et le camion. Un bon positionnement du camion, minimisant cet angle, est crucial pour réduire le temps de cycle.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Ce temps est le "temps au stand" pour le camion. C'est une durée incompressible dans la rotation de la flotte. Connaître ce temps est essentiel pour calculer le nombre total de camions nécessaires pour assurer un flux continu et éviter que la pelle, qui est l'engin le plus cher, ne se retrouve à attendre.

Normes (la référence réglementaire)

Les temps de cycle "idéaux" sont souvent basés sur des méthodologies standardisées par des organismes comme la SAE (Society of Automotive Engineers). Ces standards définissent des conditions précises (angle de 90°, opérateur expert, matériau facile à creuser) pour permettre une comparaison équitable entre les machines.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Le temps de chargement (\(T_{\text{charg}}\)) est le produit du nombre de cycles (\(N_{\text{godets}}\)) par le temps de cycle de la pelle (\(t_c\)).

\[ T_{\text{charg}} = N_{\text{godets}} \cdot t_c \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que l'opérateur de la pelle est expérimenté et qu'il enchaîne les cycles sans aucune interruption. Le camion est supposé être parfaitement positionné dès le début du chargement.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Nombre de cycles par camion, \(N_{\text{godets}} = 15\) (du calcul Q1)
  • Temps de cycle idéal de la pelle, \(t_c = 25 \, \text{s}\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Il est souvent utile de convertir ce temps en minutes pour avoir une meilleure représentation. Divisez simplement le résultat en secondes par 60.

Schéma (Avant les calculs)
Temps de Chargement d'un Camion
?
Calcul(s) (l'application numérique)

On multiplie les deux valeurs. Le résultat sera en secondes.

\[ \begin{aligned} T_{\text{charg}} &= 15 \cdot 25 \, \text{s} \\ &= 375 \, \text{s} \end{aligned} \]

Conversion en minutes :

\[ \begin{aligned} T_{\text{charg (min)}} &= \frac{375 \, \text{s}}{60 \, \text{s/min}} \\ &= 6.25 \, \text{minutes} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Durée Théorique du Chargement
6.25 minutes
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Dans un monde parfait, chaque camion est chargé en 6 minutes et 15 secondes. Cette durée est un élément clé pour ensuite calculer le nombre de camions nécessaires pour que la pelle n'attende jamais, en fonction de la durée totale du trajet des camions.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Ne pas oublier d'utiliser le nombre de cycles arrondi (s'il y a lieu) pour ce calcul. Utiliser une valeur non entière (ex: 15.2 cycles) n'a pas de sens physique et fausserait le calcul du temps.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • Le temps de chargement est le produit du nombre de cycles par le temps d'un cycle.
  • C'est une durée théorique minimale.
  • Ce temps est crucial pour le dimensionnement de la flotte de camions.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

Les systèmes de guidage GPS 3D sur les pelles modernes permettent à l'opérateur de creuser aux cotes exactes du projet sans piquetage. Cela élimine les temps d'arrêt pour vérification topographique et peut réduire significativement le temps de cycle global en améliorant l'efficacité de chaque coup de godet.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
Le temps de chargement théorique d'un camion est de 375 secondes (6.25 minutes).
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si l'opérateur était moins expérimenté et que le temps de cycle réel était de 30s, quel serait le nouveau temps de chargement en secondes ?

Question 3 : Calculer la production horaire théorique de la pelle

Principe (le concept physique)

La production théorique est le volume de matériau que la pelle peut excaver en une heure si elle ne s'arrête jamais. On calcule d'abord sa production en volume foisonné (ce qu'elle manipule directement), puis on la convertit en volume en place (ce qui intéresse le client et les métrés) grâce au coefficient de foisonnement.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

La production est inversement proportionnelle au temps de cycle. Une petite réduction du temps de cycle (par exemple, de 25s à 23s, soit 8% de gain) se traduit par une augmentation proportionnelle de la production théorique. C'est pourquoi l'optimisation de chaque seconde est cruciale sur les grands chantiers.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

C'est la "vitesse de pointe" théorique de votre chantier. Aucune organisation, aussi parfaite soit-elle, ne pourra dépasser ce chiffre car il est dicté par la physique de la machine. C'est la référence absolue par rapport à laquelle on mesurera la performance réelle.

Normes (la référence réglementaire)

Les normes géotechniques (comme la norme NF P94-500 en France) définissent les protocoles pour mesurer en laboratoire les caractéristiques des sols, y compris leur masse volumique en place et foisonnée, ce qui permet de déterminer précisément le coefficient de foisonnement à utiliser dans les calculs.

Formule(s) (l'outil mathématique)

1. Production en volume foisonné (\(P_{f}\)) :

\[ P_{f} \, (\text{m}^3/\text{h}) = \frac{q \cdot 3600 \, \text{s/h}}{t_c} \]

2. Production en volume en place (\(P_{p}\)) :

\[ P_{p} = \frac{P_{f}}{1+f} \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que la pelle travaille 60 minutes par heure (soit 3600 secondes), sans aucune interruption (ni attente de camion, ni pause, ni panne).

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Capacité du godet, \(q = 1.2 \, \text{m}^3\ \text{foisonné}\)
  • Temps de cycle, \(t_c = 25 \, \text{s}\)
  • Coefficient de foisonnement, \(f = 0.25\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Pour combiner les deux formules en une seule, vous pouvez calculer directement : \(P_p = (q \cdot 3600) / (t_c \cdot (1+f))\). Cela évite les calculs intermédiaires et réduit les risques d'erreurs d'arrondi.

Schéma (Avant les calculs)
Production Théorique en 1 Heure
?m³ en place
Calcul(s) (l'application numérique)

1. Calcul de la production horaire en volume foisonné :

\[ \begin{aligned} P_{f} &= \frac{1.2 \, \text{m}^3 \cdot 3600 \, \text{s/h}}{25 \, \text{s}} \\ &= 172.8 \, \text{m}^3/\text{h} \, (\text{foisonné}) \end{aligned} \]

2. Conversion en volume en place :

\[ \begin{aligned} P_{p} &= \frac{172.8 \, \text{m}^3/\text{h}}{1+0.25} \\ &= \frac{172.8}{1.25} \, \text{m}^3/\text{h} \\ &= 138.24 \, \text{m}^3/\text{h} \, (\text{en place}) \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Débit Maximal Théorique
138.24 m³/h(en place)
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Théoriquement, la pelle peut extraire 138.24 m³ de terrain en place chaque heure. C'est le débit maximal de notre "usine" de terrassement. La production réelle du chantier ne pourra jamais dépasser cette valeur, car la pelle est le premier maillon de la chaîne.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

L'erreur classique est de se tromper dans la conversion du foisonnement. On divise par (1+f) pour passer du foisonné au volume en place, et on multiplie pour faire l'inverse. Une erreur ici fausse complètement le calcul de rendement final.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • La production théorique est le débit maximal de l'engin principal.
  • Elle se calcule en volume foisonné (ce que la machine manipule) puis se convertit en volume en place (ce qui est facturé).
  • Elle est inversement proportionnelle au temps de cycle.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

Le foisonnement n'est pas le seul "gonflement" à prendre en compte. Lors du compactage des remblais, on cherche à atteindre une certaine densité. Le rapport entre le volume du remblai compacté et le volume en place initial est appelé "coefficient de réutilisation". Il peut être inférieur ou supérieur à 1 selon la nature des sols et l'énergie de compactage.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
La production horaire théorique de la pelle est de 138.24 m³ en place.
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Avec un sol sableux (f=0.15), quelle serait la production horaire en m³ en place ?

Question 4 : Calculer le coefficient d'efficience du chantier

Principe (le concept physique)

C'est le moment de vérité : on compare la performance théorique maximale à la réalité du terrain. On calcule d'abord la production théorique totale sur la journée, puis on la compare au volume réellement mesuré. Le rapport des deux donne l'efficience, un pourcentage qui reflète la qualité de l'organisation du chantier.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

L'efficience, \(k_r\), peut être décomposée. Elle est le produit d'un coefficient lié au temps de travail effectif (ex: 50 min/h \(\Rightarrow\) 0.83) et d'un coefficient lié à la performance de l'opérateur et aux conditions du site. Analyser ces deux composantes permet de mieux cibler les actions d'amélioration : faut-il mieux organiser les pauses ou améliorer les conditions de travail de la pelle ?

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Ce coefficient est le bulletin de notes de votre chantier. Un bon conducteur de travaux le suit de très près. Un rendement de 80% est souvent considéré comme un bon objectif. Un rendement de 60% signale un problème majeur (pannes, mauvaise gestion des camions, etc.), tandis qu'un rendement de 95% est exceptionnel.

Normes (la référence réglementaire)

Les méthodologies de management de projet comme le "Lean Construction" visent précisément à maximiser ce coefficient en identifiant et en éliminant toutes les sources de gaspillage (attentes, déplacements inutiles, surproduction, etc.) qui dégradent la performance théorique.

Formule(s) (l'outil mathématique)

1. Production théorique sur la journée (\(V_{\text{théo}}\)) :

\[ V_{\text{théo}} = P_p \cdot T_{\text{jour}} \]

2. Coefficient d'efficience (\(k_r\)) :

\[ k_r = \frac{V_{\text{réel}}}{V_{\text{théo}}} \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que le volume réel mesuré par le géomètre à la fin de la journée est exact et fiable. On suppose également que la durée de travail de 8 heures est la durée totale de présence sur site de l'atelier.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Production horaire théorique en place, \(P_p = 138.24 \, \text{m}^3/\text{h}\) (du calcul Q3)
  • Durée de la journée, \(T_{\text{jour}} = 8 \, \text{h}\)
  • Volume réel excavé, \(V_{\text{réel}} = 1150 \, \text{m}^3\ \text{en place}\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Pour un calcul rapide sur le terrain, on peut estimer la production réelle en comptant le nombre de camions partis dans la journée. Si 60 camions sont partis, la production réelle est d'environ \(60 \times V_b / (1+f)\). C'est moins précis qu'un relevé topo, mais donne une bonne tendance journalière.

Schéma (Avant les calculs)
Comparaison Théorie vs Réalité
Théorique1106 m³Réel1150 m³?
Calcul(s) (l'application numérique)

1. Calcul de la production théorique journalière :

\[ \begin{aligned} V_{\text{théo}} &= 138.24 \, \text{m}^3/\text{h} \cdot 8 \, \text{h} \\ &= 1105.92 \, \text{m}^3 \, (\text{en place}) \end{aligned} \]

2. Calcul du coefficient d'efficience :

\[ \begin{aligned} k_r &= \frac{1150 \, \text{m}^3}{1105.92 \, \text{m}^3} \\ &\approx 1.039 \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Analyse du Rendement
ThéoriqueRéel104% !(Impossible)
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Le résultat est un rendement de 1.04, soit 104%. C'est théoriquement impossible, car le rendement ne peut pas dépasser 100%. Cela signifie qu'il y a une incohérence majeure dans les données. La production réelle observée (1150 m³) est supérieure à la production maximale théorique (1106 m³). En tant que conducteur de travaux, cela doit immédiatement alerter. Les causes possibles sont :

  • Le temps de cycle "idéal" de 25s est pessimiste ; en réalité, l'opérateur de la pelle est plus rapide.
  • Le volume réel mesuré est incorrect (erreur de topographie).
  • Le coefficient de foisonnement est différent de 0.25.
Dans un cas réel, on ne conclurait pas "le rendement est de 104%", mais "les hypothèses de calcul sont à revoir, car elles ne correspondent pas à la réalité observée". Pour l'exercice, nous notons cette incohérence.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Ne jamais accepter un rendement supérieur à 100% sans le questionner. Le but de ce calcul est de fournir un diagnostic. Un résultat aberrant est souvent plus instructif qu'un résultat "normal", car il pointe vers une erreur dans les données d'entrée ou les hypothèses.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • L'efficience compare la production réelle à la production théorique.
  • C'est un indicateur clé de la performance d'un chantier.
  • Un rendement supérieur à 100% est un signal d'erreur dans les données d'entrée.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

La "théorie des contraintes", développée en management, s'applique parfaitement aux chantiers. Elle stipule que la production d'une chaîne est toujours limitée par son maillon le plus faible (le "goulot d'étranglement"). Tout effort d'amélioration doit se concentrer sur ce goulot. Sur un chantier, c'est soit la pelle, soit la flotte de camions, soit le poste de déchargement.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
Le calcul donne un coefficient d'efficience de 1.04 (104%), ce qui est physiquement impossible et indique une erreur dans les données de base de l'énoncé.
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si le volume réel mesuré n'avait été que de 950 m³, quel aurait été le coefficient d'efficience (en %) ?


Outil Interactif : Analyse de la Production

Modifiez les paramètres de la pelle pour voir leur influence sur la production théorique.

Paramètres de la Pelle
1.2 m³
25 s
0.25
Production Théorique (8h)
Volume Foisonné (m³) -
Volume en Place (m³) -
Efficience vs 1150 m³ -

Le Saviez-Vous ?

La plus grande pelle hydraulique du monde est la Caterpillar 6090 FS. Elle pèse près de 1000 tonnes et son godet peut contenir 52 m³ de matériaux, soit la capacité de trois camions-bennes de notre exercice en un seul cycle ! Elle est principalement utilisée dans les mines à ciel ouvert.


Foire Aux Questions (FAQ)

Que se passe-t-il si la pelle doit attendre les camions ?

C'est un cas classique de goulot d'étranglement. Si les camions mettent trop de temps à faire leur rotation (trajet, vidage, retour), la pelle se retrouve à l'arrêt. Dans ce cas, la production réelle du chantier n'est plus dictée par la pelle, mais par le débit de la flotte de camions. Le rendement chute drastiquement. La solution est soit de réduire le temps de trajet des camions, soit d'ajouter des camions à la flotte.

Comment choisit-on la taille de la pelle et des camions ?

Le choix est un compromis économique et logistique. Idéalement, on cherche un "nombre de cycles entier" (comme 4, 5 ou 6) pour remplir un camion. Cela minimise le temps perdu. Une trop grosse pelle par rapport aux camions passera son temps à attendre. De trop petits camions provoqueront des rotations incessantes et des pertes de temps au positionnement. L'objectif est d'équilibrer les flux pour que la pelle travaille en continu.


Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Si le coefficient de foisonnement (f) d'un sol augmente, la production théorique en volume EN PLACE...

2. Pour améliorer l'efficience d'un chantier où la pelle attend souvent, la meilleure solution est...


Foisonnement
Augmentation du volume apparent d'un matériau (sol, roche) après son extraction du milieu d'origine. Il est quantifié par un coefficient adimensionnel.
Coefficient d'Efficience (Rendement)
Rapport entre la production ou la performance réelle et la production ou la performance théorique maximale. Il est généralement exprimé en pourcentage.
Cycle de Travail
Ensemble des opérations élémentaires et successives que doit effectuer un engin pour réaliser une tâche répétitive (ex: charger un godet, le vider, et revenir).
Calcul du Coefficient d’Efficience en Terrassement

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