Calcul de la Contrainte Maximale de Flexion
Contexte : La poutre va-t-elle résister ?
Après avoir déterminé les efforts internes dans une poutre, notamment le moment fléchissantEffort interne qui provoque la flexion d'une poutre. Il est la somme des moments de toutes les forces situées d'un côté d'une section par rapport à cette section., l'étape suivante pour un ingénieur est de vérifier si le matériau de la poutre peut supporter ces efforts sans se rompre. Pour cela, on calcule la contrainte, qui représente la force interne par unité de surface. La contrainte maximale de flexion est la plus grande contrainte subie par la matière et doit impérativement rester inférieure à la limite de résistance du matériau utilisé.
Remarque Pédagogique : Cet exercice est un problème complet de dimensionnement. Nous allons partir d'une poutre simple avec un chargement, calculer ses réactions, trouver le moment fléchissant maximal, puis utiliser les propriétés géométriques de sa section transversale (un profilé en I) pour finalement calculer la contrainte maximale et la comparer à une limite admissible.
Objectifs Pédagogiques
- Calculer le moment fléchissant maximal (\(M_{\text{max}}\)) dans une poutre sur appuis simples.
- Comprendre la notion de moment d'inertie et savoir le calculer pour une section composée.
- Appliquer la formule de la contrainte de flexion (formule de Navier).
- Identifier les fibres les plus sollicitées (les plus éloignées de la fibre neutre).
- Comparer la contrainte calculée à une contrainte admissible pour valider un dimensionnement.
Données de l'étude
Schéma de la poutre et de sa section
Questions à traiter
- Calculer le moment fléchissant maximal \(M_{\text{max}}\) dans la poutre.
- Calculer le moment d'inertie \(I_{Gz}\) de la section IPE 300 (les dimensions sont disponibles dans les tables de profilés, mais nous les calculerons ici pour l'exercice : h=300mm, b=150mm, épaisseur de l'âme \(t_w\)=7.1mm, épaisseur des semelles \(t_f\)=10.7mm).
- Déterminer la contrainte normale maximale de flexion (\(\sigma_{\text{max}}\)) dans la poutre.
- Conclure sur la sécurité de la poutre en comparant \(\sigma_{\text{max}}\) à \(\sigma_{\text{adm}}\).
Correction : Calcul de la Contrainte Maximale de Flexion
Question 1 : Calculer le moment fléchissant maximal (\(M_{\text{max}}\))
Principe (le concept physique)
Pour une poutre sur deux appuis simples avec une charge uniformément répartie, le moment fléchissant est nul aux appuis et maximal au centre de la poutre. Ce moment maximal est l'effort interne qui va le plus solliciter la matière en flexion.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
Le moment fléchissant \(M(x)\) en une section \(x\) est la somme des moments de toutes les forces à gauche de cette section. Pour trouver le maximum, on peut dériver l'expression de \(M(x)\) par rapport à \(x\) et chercher où la dérivée s'annule. On sait que \(\frac{dM(x)}{dx} = T(x)\), l'effort tranchant. Le moment est donc maximal lorsque l'effort tranchant est nul, ce qui, dans ce cas symétrique, se produit à mi-portée.
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
Point Clé : Même si l'objectif final est la contrainte, le calcul du moment maximal est une étape intermédiaire incontournable. Une erreur à ce niveau se répercutera sur tout le reste du dimensionnement. Prenez le temps de bien poser le problème statique.
Astuce (pour aller plus vite)
Formule à connaître : Pour le cas d'une poutre sur deux appuis simples de longueur \(L\) avec une charge uniformément répartie \(q\), le moment maximal est une formule classique qu'il faut connaître par cœur : \(M_{\text{max}} = \frac{qL^2}{8}\).
Normes (la référence réglementaire)
Le calcul du moment fléchissant maximal est une exigence de base de l'Eurocode 3 (Calcul des structures en acier) pour la vérification des sections en flexion. C'est le point de départ de la vérification de la résistance des éléments fléchis.
Hypothèses (le cadre du calcul)
On considère la poutre comme isostatique. Le chargement est symétrique, ce qui implique que les réactions d'appui sont égales et que le moment maximal se situe à mi-portée (\(x=L/2\)).
Formule(s) (l'outil mathématique)
Réactions d'appui (cas symétrique) :
Moment fléchissant maximal :
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- \(L = 10 \, \text{m}\)
- \(q = 25 \, \text{kN/m}\)
Schéma avant calcul
Diagramme de Corps Libre
Calcul(s) (l'application numérique)
1. Calcul des réactions d'appui (pour information) :
2. Calcul du moment maximal :
Schéma après calcul
Diagramme du Moment Fléchissant
Réflexions (l'interprétation du résultat)
La valeur de 312.5 kNm représente la sollicitation de flexion la plus intense le long de la poutre. C'est à cet endroit précis (au milieu) que le matériau sera le plus contraint et que la rupture par flexion est la plus probable. C'est donc cette valeur que nous devons utiliser pour le dimensionnement.
Point à retenir : La première étape de tout calcul de contrainte de flexion est de trouver la valeur et la position du moment fléchissant maximal.
Justifications (le pourquoi de cette étape)
Nous calculons le moment fléchissant car la contrainte de flexion, selon la formule de Navier, lui est directement proportionnelle. Sans connaître le moment, il est impossible de connaître la contrainte dans le matériau.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
Ne pas confondre les cas de charge : La formule \(qL^2/8\) n'est valable QUE pour une charge répartie sur une poutre bi-appuyée. Pour une charge ponctuelle P au centre, ce serait \(PL/4\). Pour un porte-à-faux, ce serait \(qL^2/2\). L'utilisation de la mauvaise formule est une erreur fréquente.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
À vous de jouer : Quelle serait la valeur de \(M_{\text{max}}\) (en kNm) si la poutre ne mesurait que 8 m de long ?
Question 2 : Calculer le moment d'inertie \(I_{Gz}\)
Principe (le concept physique)
Le moment d'inertieAussi appelé moment quadratique, c'est une propriété géométrique d'une section qui caractérise sa capacité à résister à la flexion. Plus il est grand, plus la section est rigide. (\(I\)) représente la rigidité géométrique d'une section vis-à-vis de la flexion. Pour une section en I, la majeure partie de la matière est concentrée dans les semelles, loin de l'axe de flexion (la fibre neutre), ce qui maximise le moment d'inertie et rend la forme très efficace pour résister à la flexion.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
Pour une section composée, on peut calculer le moment d'inertie total en additionnant les moments d'inertie de ses parties simples. Pour une section en I, on peut la voir comme un grand rectangle (dimensions \(b \times h\)) auquel on soustrait deux rectangles vides de chaque côté de l'âme. On utilise la formule du moment d'inertie d'un rectangle : \(I_{\text{rectangle}} = \frac{\text{base} \times \text{hauteur}^3}{12}\).
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
Point Clé : L'homogénéité des unités est capitale. Comme les dimensions de la section sont en millimètres (mm), il est impératif de tout calculer en mm et mm⁴. Convertir les mètres en millimètres dès le début évite de nombreuses erreurs.
Astuce (pour aller plus vite)
Utiliser les tables : Dans la pratique professionnelle, personne ne recalcule le moment d'inertie d'un profilé standard. Les ingénieurs utilisent des tables de profilés qui donnent directement la valeur de \(I_{Gz}\) (souvent notée \(I_y\) ou \(I_x\) selon les conventions d'axes) pour chaque profilé commercialisé. L'exercice ici est purement pédagogique.
Normes (la référence réglementaire)
Les normes de produits, comme la norme NF EN 10034 pour les profilés en I et H, définissent les tolérances géométriques sur les dimensions des profilés. Les valeurs de moment d'inertie tabulées sont basées sur les dimensions nominales de ces normes.
Hypothèses (le cadre du calcul)
Pour ce calcul manuel, nous négligeons les congés de raccordement entre l'âme et les semelles du profilé IPE. Nous modélisons la section comme une composition de trois rectangles parfaits. Cette simplification est acceptable pour un exercice mais introduit une légère imprécision par rapport aux valeurs tabulées.
Formule(s) (l'outil mathématique)
Moment d'inertie par soustraction :
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Hauteur totale, \(h = 300 \, \text{mm}\)
- Largeur totale, \(b = 150 \, \text{mm}\)
- Épaisseur de l'âme, \(t_w = 7.1 \, \text{mm}\)
- Épaisseur des semelles, \(t_f = 10.7 \, \text{mm}\)
- Hauteur de la partie vide, \(h' = h - 2t_f = 300 - 2 \times 10.7 = 278.6 \, \text{mm}\)
- Largeur de chaque partie vide, \(b' = \frac{b - t_w}{2} = \frac{150 - 7.1}{2} = 71.45 \, \text{mm}\)
Schéma avant calcul
Décomposition de la section IPE 300 pour le calcul de l'inertie
Calcul(s) (l'application numérique)
Calcul de l'inertie :
Note : Notre calcul est proche de la valeur exacte des tables de profilés (8356 cm⁴), les petites différences sont dues aux arrondis et congés d'angle non pris en compte. Nous utiliserons la valeur tabulée pour la suite.
Schéma après calcul
Section IPE 300 avec son inertie
Réflexions (l'interprétation du résultat)
Le moment d'inertie est une valeur purement géométrique. Elle ne dépend que de la forme et des dimensions de la section, pas du matériau. Cette valeur de \(8356 \times 10^4 \, \text{mm}^4\) quantifie la "performance" de la forme IPE 300 pour résister à la flexion autour de son axe fort.
Point à retenir : Le moment d'inertie est la propriété géométrique clé qui lie le moment fléchissant (effort) à la contrainte (effet sur la matière).
Justifications (le pourquoi de cette étape)
Sans le moment d'inertie, la formule de Navier ne peut pas être appliquée. C'est le dénominateur de la formule de la contrainte : une grande inertie pour un même moment fléchissant donnera une faible contrainte, ce qui est le but recherché lors du dimensionnement.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
Unités : L'erreur la plus commune est de mélanger les unités. Si le moment est en kNm et l'inertie en cm⁴ ou mm⁴, le calcul sera faux. Il faut impérativement tout convertir dans un système cohérent avant d'appliquer la formule (par exemple, N et mm).
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
À vous de jouer : Quelle serait la valeur de \(I_{Gz}\) (en mm⁴) pour une section rectangulaire pleine de mêmes dimensions extérieures (150x300 mm) ?
Question 3 : Déterminer la contrainte maximale de flexion (\(\sigma_{\text{max}}\))
Principe (le concept physique)
La contrainte de flexion n'est pas uniforme dans la section. Elle est nulle à la fibre neutre (le centre de gravité de la section) et augmente linéairement avec la distance à cette fibre. Elle est donc maximale sur les fibres les plus éloignées : en compression sur la semelle supérieure et en traction sur la semelle inférieure.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
La formule de Navier, \(\sigma = \frac{M \cdot y}{I}\), est au cœur du dimensionnement en flexion. Elle montre que la contrainte est directement proportionnelle au moment fléchissant (\(M\)) et à la distance à la fibre neutre (\(y\)), et inversement proportionnelle au moment d'inertie (\(I\)). Pour obtenir la contrainte maximale, on utilise le moment maximal (\(M_{\text{max}}\)) et la distance maximale (\(v = y_{\text{max}}\)).
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
Point Clé : La conversion des unités est l'étape la plus critique ici. Le moment est en kNm, les dimensions en mm. Pour obtenir une contrainte en MPa (qui est équivalent à N/mm²), il faut convertir le moment en Nmm. \(1 \, \text{kNm} = 10^3 \, \text{Nm} = 10^3 \times 10^3 \, \text{Nmm} = 10^6 \, \text{Nmm}\).
Astuce (pour aller plus vite)
Utiliser le module d'inertie : Les ingénieurs utilisent souvent le module d'inertie (ou module de flexion) \(W_{el} = I/v\). La formule devient alors plus simple : \(\sigma_{\text{max}} = M_{\text{max}} / W_{el}\). Cette valeur \(W_{el}\) est aussi donnée dans les tables de profilés, ce qui accélère encore les calculs.
Normes (la référence réglementaire)
Cette formule est valable dans le domaine élastique du matériau, c'est-à-dire tant que la contrainte ne dépasse pas la limite d'élasticité de l'acier. L'Eurocode 3 définit précisément les conditions d'application de cette formule pour le calcul à l'État Limite de Service (ELS) et à l'État Limite Ultime (ELU).
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que la section reste plane et perpendiculaire à la fibre moyenne après déformation (hypothèse de Bernoulli) et que le matériau est homogène, isotrope et a un comportement élastique linéaire. Ces hypothèses sont valables pour l'acier dans les conditions de service normales.
Formule(s) (l'outil mathématique)
Formule de Navier pour la contrainte de flexion :
Où \(v\) est la distance de la fibre neutre à la fibre la plus éloignée.
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- \(M_{\text{max}} = 312.5 \, \text{kN} \cdot \text{m} = 312.5 \times 10^6 \, \text{N} \cdot \text{mm}\)
- \(I_{Gz} = 8356 \times 10^4 \, \text{mm}^4\)
- \(v = \frac{h}{2} = \frac{300 \, \text{mm}}{2} = 150 \, \text{mm}\)
Schéma avant calcul
Distribution des contraintes dans la section
Calcul(s) (l'application numérique)
Calcul de la contrainte maximale :
Schéma après calcul
Valeurs des contraintes maximales
Réflexions (l'interprétation du résultat)
La valeur de 561.06 MPa représente la contrainte la plus élevée dans la poutre. La semelle supérieure est comprimée avec cette valeur, tandis que la semelle inférieure est tendue avec la même valeur. C'est cette valeur que nous devons comparer à la résistance du matériau.
Point à retenir : La contrainte maximale de flexion se produit à l'endroit du moment maximal ET sur les fibres les plus éloignées de l'axe neutre.
Justifications (le pourquoi de cette étape)
Les efforts (comme le moment) sont des concepts théoriques. La contrainte est une grandeur physique réelle qui représente ce que le matériau "ressent". C'est la contrainte qui cause la déformation et la rupture, d'où la nécessité de la calculer pour tout dimensionnement.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
Ne pas oublier le 'v' : Une erreur courante est d'oublier de multiplier par la distance à la fibre neutre \(v\), ou d'utiliser la hauteur totale \(h\) au lieu de \(h/2\). La contrainte dépend de la position dans la section.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
À vous de jouer : Quelle serait la valeur de \(\sigma_{\text{max}}\) (en MPa) si on utilisait un profilé IPE 400 (\(I_{Gz} = 23130 \times 10^4 \text{mm}^4\), \(h=400 \text{mm}\)) ?
Question 4 : Conclure sur la sécurité de la poutre
Principe (le concept physique)
La vérification de la sécurité d'un élément structurel consiste à s'assurer que la contrainte maximale générée par les charges (\(\sigma_{\text{max}}\)) ne dépasse jamais la capacité de résistance du matériau (\(\sigma_{\text{adm}}\)), généralement affectée d'un coefficient de sécurité.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
La contrainte admissible \(\sigma_{\text{adm}}\) est dérivée de la limite d'élasticité du matériau (\(f_y\)), qui est la contrainte au-delà de laquelle le matériau commence à se déformer de manière permanente. Pour des raisons de sécurité, on utilise une contrainte de calcul qui est \(f_y\) divisée par un coefficient de sécurité (\(\gamma_M\)). \(\sigma_{\text{adm}} = f_y / \gamma_M\). Pour l'acier, \(f_y\) est souvent de 235 MPa, et le coefficient de sécurité est proche de 1, d'où la valeur donnée.
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
Point Clé : La conclusion doit être claire et sans ambiguïté. Ne vous contentez pas de dire "c'est plus grand". Indiquez si la condition est "vérifiée" ou "non vérifiée", et ce que cela implique concrètement pour la structure (elle est sûre, ou elle ne l'est pas).
Astuce (pour aller plus vite)
Le ratio de travail : Les ingénieurs calculent souvent le "ratio de travail" : \(\frac{\sigma_{\text{max}}}{\sigma_{\text{adm}}}\). Si ce ratio est inférieur ou égal à 1.0, la structure est sûre. Cela donne une idée rapide de la "marge de sécurité" disponible. Ici, le ratio serait de \(561.06 / 235 = 2.39\), ce qui est bien supérieur à 1.0.
Normes (la référence réglementaire)
Selon l'Eurocode 3, la condition de résistance en flexion pour une section de classe 1 ou 2 s'écrit \(M_{Ed} \le M_{c,Rd}\), où \(M_{Ed}\) est le moment de calcul (notre \(M_{\text{max}}\)) et \(M_{c,Rd}\) est le moment résistant de la section. Cette approche est équivalente à la comparaison des contraintes que nous faisons ici.
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que la contrainte admissible de 235 MPa est une valeur de calcul qui inclut déjà tous les coefficients de sécurité nécessaires. On ne considère pas ici les phénomènes d'instabilité comme le déversement, qui pourraient réduire la résistance de la poutre.
Formule(s) (l'outil mathématique)
Condition de résistance :
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- \(\sigma_{\text{max}} = 561.06 \, \text{MPa}\)
- \(\sigma_{\text{adm}} = 235 \, \text{MPa}\)
Schéma avant calcul
Comparaison des contraintes
Calcul(s) (l'application numérique)
Comparaison :
Schéma après calcul
Résultat de la vérification
Réflexions (l'interprétation du résultat)
La condition de résistance n'est pas respectée. La contrainte calculée est plus du double de la contrainte admissible. Cela signifie que, sous cette charge, la poutre va plastifier (se déformer de manière permanente) et potentiellement rompre. Le dimensionnement n'est pas valide.
Point à retenir : La vérification finale \(\sigma_{\text{max}} \le \sigma_{\text{adm}}\) est l'étape la plus importante du dimensionnement ; elle détermine si la structure est sûre ou non.
Justifications (le pourquoi de cette étape)
Cette étape est l'aboutissement de tout le processus de calcul. C'est la conclusion qui répond à la question fondamentale de l'ingénieur : "La structure que j'ai conçue est-elle capable de supporter les charges prévues en toute sécurité ?".
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
Comparer les bonnes valeurs : Assurez-vous de comparer des grandeurs de même nature et de même unité (des contraintes en MPa, par exemple). Ne comparez jamais un moment à une contrainte ou une force à un moment.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
À vous de jouer : Quel serait le profilé IPE minimal à utiliser pour que la condition de sécurité soit respectée ? (Indice : calculez le module d'inertie requis \(W_{el,z} = M_{\text{max}} / \sigma_{\text{adm}}\) et cherchez dans les tables le profilé correspondant).
Mini Fiche Mémo : Calcul de Contrainte de Flexion
Étape | Action | Formule Clé |
---|---|---|
1. Statique | Calculer les réactions et l'effort tranchant pour trouver la position du moment maximal. | \(T(x) = 0\) |
2. Moment Max | Calculer la valeur du moment fléchissant maximal. | \(M_{\text{max}} = \frac{qL^2}{8}\) (cas courant) |
3. Géométrie | Calculer le moment d'inertie \(I\) de la section et la distance à la fibre la plus éloignée \(v\). | \(I = \sum I_i\) |
4. Contrainte | Appliquer la formule de Navier. | \(\sigma_{\text{max}} = \frac{M_{\text{max}} \cdot v}{I}\) |
5. Vérification | Comparer la contrainte calculée à la limite admissible du matériau. | \(\sigma_{\text{max}} \le \sigma_{\text{adm}}\) |
Outil Interactif : Simulateur de Flexion
Choisissez un profilé IPE et une charge pour voir si la poutre résiste.
Paramètres d'Entrée
Résultats
Le Saviez-Vous ?
La forme en "I" des poutres en acier n'est pas un hasard. Elle est optimisée pour la flexion : les semelles (parties horizontales) sont larges et éloignées de l'axe neutre pour reprendre efficacement la traction et la compression, tandis que l'âme (partie verticale) sert principalement à les maintenir écartées et à reprendre l'effort tranchant. C'est une utilisation minimale de matière pour une résistance maximale.
Foire Aux Questions (FAQ)
Pourquoi utilise-t-on des MégaPascals (MPa) pour les contraintes ?
Le Pascal (Pa) est l'unité internationale de la contrainte, équivalente à un Newton par mètre carré (N/m²). Cependant, cette unité est très petite pour les applications du génie civil. Le MégaPascal (MPa), qui vaut un million de Pascals, est équivalent à un N/mm². Comme les dimensions des sections sont en millimètres et les forces en Newtons, le MPa est l'unité la plus pratique et la plus directe pour les calculs de résistance des matériaux.
La contrainte est-elle la même partout dans la poutre ?
Non, absolument pas. La contrainte de flexion varie à la fois le long de la poutre (elle est proportionnelle au moment fléchissant, donc maximale au milieu) et au sein de la section transversale (nulle au centre et maximale sur les bords supérieur et inférieur). L'ingénieur doit toujours chercher le point où cette combinaison est la plus défavorable.
Quiz Final : Testez vos connaissances
1. Dans une poutre en flexion, la contrainte normale est maximale :
2. Si on double la hauteur d'une poutre rectangulaire, son moment d'inertie est :
- Contrainte Normale (\(\sigma\))
- Force interne agissant perpendiculairement à une section, par unité de surface. En flexion, elle est due au moment fléchissant et crée de la traction et de la compression dans la section.
- Moment d'Inertie (\(I\))
- Propriété géométrique d'une section qui mesure sa résistance à la flexion. Une valeur élevée indique une grande rigidité. Unité : m⁴ ou mm⁴.
- Fibre Neutre
- Ligne imaginaire au sein d'une section fléchie où la contrainte normale est nulle. Elle passe par le centre de gravité de la section pour une flexion simple.
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