Analyse de la Compacité du Sol

Analyse de la Compacité du Sol en Géotechnique

Analyse de la Compacité du Sol

Contexte : La Stabilité des Ouvrages, une Affaire de Densité.

En géotechnique, la compacitéLa compacité décrit le degré de serrage des grains d'un sol. Un sol bien compacté a peu de vides, une forte densité, une grande résistance et une faible perméabilité. d'un sol est un paramètre crucial qui conditionne la stabilité et la durabilité des ouvrages de génie civil (routes, fondations, barrages). Un sol mal compacté peut entraîner des tassements excessifs, des infiltrations d'eau et une perte de portance. L'essai Proctor est la méthode de laboratoire de référence pour déterminer la densité sèche maximale qu'un sol peut atteindre pour une énergie de compactage donnée, ainsi que la teneur en eau optimale pour y parvenir. Cet exercice vous guidera dans l'analyse des résultats d'un essai Proctor pour valider la qualité du compactage d'un remblai sur un chantier.

Remarque Pédagogique : Cet exercice illustre le lien essentiel entre le laboratoire et le chantier en géotechnique. Nous partons de mesures de laboratoire (essai Proctor) pour définir des objectifs de qualité, puis nous utilisons ces objectifs pour contrôler le travail réalisé sur le terrain. C'est le quotidien de l'ingénieur géotechnicien : s'assurer que les propriétés du sol mis en œuvre correspondent bien aux hypothèses des calculs de conception.


Objectifs Pédagogiques

  • Calculer le poids volumique humide (\(\gamma_{\text{h}}\)) d'un sol.
  • Calculer le poids volumique sec (\(\gamma_{\text{d}}\)) à partir de \(\gamma_{\text{h}}\) et de la teneur en eau.
  • Tracer une courbe Proctor et déterminer ses caractéristiques : \(\gamma_{\text{d,max}}\) et \(w_{\text{opt}}\).
  • Calculer un degré de compacité pour un contrôle de chantier.
  • Se familiariser avec les unités et les ordres de grandeur en géotechnique (kN/m³, %, g, cm³).

Données de l'étude

Un essai Proctor Standard est réalisé en laboratoire sur un matériau de remblai. Le moule utilisé a un volume de 944 cm³. Les résultats des pesées du moule rempli de sol humide pour différentes teneurs en eau sont consignés ci-dessous. Un contrôle est ensuite effectué sur le chantier où ce matériau est mis en œuvre.

Schéma de l'Appareillage Proctor
Moule Proctor V = 944 cm³ Dame de compactage
Point N° Masse du sol humide + moule (g) Teneur en eau, w (%)
135558.0
2372010.0
3381512.0
4380514.0
5373516.0

Données complémentaires :

  • Masse du moule Proctor vide : \(M_{\text{moule}} = 1815 \, \text{g}\)
  • Accélération de la pesanteur : \(g \approx 9.81 \, \text{m/s²}\)
  • Contrôle sur chantier : un essai au densitomètre a donné un poids volumique sec \(\gamma_{\text{d,chantier}} = 18.2 \, \text{kN/m³}\)
  • Objectif de compactage : 95% de l'optimum Proctor Standard.

Questions à traiter

  1. Pour chaque point de l'essai, calculer le poids volumique humide \(\gamma_{\text{h}}\) en kN/m³.
  2. En déduire le poids volumique sec \(\gamma_{\text{d}}\) pour chaque point.
  3. Tracer la courbe Proctor (\(\gamma_{\text{d}}\) en fonction de \(w\)) et déterminer graphiquement le poids volumique sec maximal \(\gamma_{\text{d,max}}\) et la teneur en eau optimale \(w_{\text{opt}}\).
  4. Calculer le degré de compacité obtenu sur le chantier et conclure sur la conformité des travaux.

Les bases de la Mécanique des Sols

Avant de commencer la correction, rappelons quelques définitions fondamentales.

1. Poids Volumique Humide (\(\gamma_{\text{h}}\)) :
C'est le poids total du sol (solides + eau) par unité de volume total. C'est la mesure la plus directe que l'on puisse faire sur un échantillon. \[ \gamma_{\text{h}} = \frac{\text{Poids total}}{\text{Volume total}} = \frac{P}{V} \]

2. Teneur en Eau (\(w\)) :
C'est le rapport du poids de l'eau contenue dans le sol au poids des grains solides, exprimé en pourcentage. L'eau agit comme un lubrifiant entre les grains, facilitant le compactage jusqu'à un certain point. \[ w (\%) = \frac{\text{Poids de l'eau}}{\text{Poids des solides}} \times 100 \]

3. Poids Volumique Sec (\(\gamma_{\text{d}}\)) :
C'est le poids des particules solides seulement par unité de volume total. C'est l'indicateur clé de la compacité, car il représente le serrage des grains. Il est lié au poids volumique humide par la formule : \[ \gamma_{\text{d}} = \frac{\gamma_{\text{h}}}{1 + w} \] (Attention, dans cette formule, \(w\) est la valeur décimale, pas le pourcentage).


Correction : Analyse de la Compacité du Sol

Question 1 : Calculer le poids volumique humide (\(\gamma_{\text{h}}\))

Principe (le concept physique)

Le poids volumique humide représente le poids de l'échantillon de sol compacté (squelette solide + eau) contenu dans le volume fixe du moule. C'est la première étape du calcul, qui consiste à transformer une mesure de masse (en grammes) et de volume (en cm³) en une grandeur de poids volumique (en kN/m³), plus courante en génie civil.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Le poids est une force (\(P = m \times g\)), tandis que la masse est une quantité de matière. Le poids volumique (\(\gamma\)) est donc le poids par unité de volume, alors que la masse volumique (\(\rho\)) est la masse par unité de volume. La relation est \(\gamma = \rho \times g\). En géotechnique, on utilise presque toujours le poids volumique car on s'intéresse aux forces exercées par le sol.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Imaginez que le moule est un seau de volume connu. On le pèse vide, puis rempli de sable humide. La différence de masse nous donne la masse du sable. En multipliant par g et en divisant par le volume du seau, on obtient le poids volumique. C'est exactement ce que nous faisons, mais avec des unités de laboratoire.

Normes (la référence réglementaire)

Les procédures de l'essai Proctor, y compris les dimensions du moule et la méthode de calcul, sont rigoureusement définies par des normes comme la norme française NF P 94-093 ou la norme américaine ASTM D698 pour l'essai Standard.

Formule(s) (l'outil mathématique)

On calcule d'abord la masse du sol humide, puis son poids, et enfin on divise par le volume.

\[ M_{\text{sol}} = M_{\text{total}} - M_{\text{moule}} \]
\[ \gamma_{\text{h}} = \frac{M_{\text{sol}} \times g}{V_{\text{moule}}} \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que le volume du sol est exactement égal au volume du moule (pas de vides sur les bords) et que l'accélération de la pesanteur g est constante et vaut 9.81 m/s².

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Masse totale (point 1), \(M_{\text{total,1}} = 3555 \, \text{g}\)
  • Masse du moule, \(M_{\text{moule}} = 1815 \, \text{g}\)
  • Volume du moule, \(V_{\text{moule}} = 944 \, \text{cm³}\)
  • Pesanteur, \(g = 9.81 \, \text{m/s²}\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Pour passer directement des grammes (M) et cm³ (V) aux kN/m³ (\(\gamma\)), on peut utiliser un facteur de conversion. Sachant que 1 g = 9.81e-6 kN et 1 cm³ = 1e-6 m³, le rapport est \(\frac{9.81 \times 10^{-6}}{10^{-6}} = 9.81\). Donc, \(\gamma_{\text{h}} (\text{kN/m³}) = \frac{M (\text{g})}{V (\text{cm³})} \times 0.00981\). C'est très pratique !

Schéma (Avant les calculs)
De la Masse au Poids Volumique
M_sol (g)÷ V (cm³)× g (m/s²)γ_h (kN/m³)
Calcul(s) (l'application numérique)

Point 1 :

\[ \begin{aligned} M_{\text{sol, 1}} &= 3555 \, \text{g} - 1815 \, \text{g} = 1740 \, \text{g} \\ \gamma_{\text{h,1}} &= \frac{1740}{944} \times 0.00981 \approx 18.09 \, \text{kN/m³} \end{aligned} \]

Point 2 :

\[ \begin{aligned} M_{\text{sol, 2}} &= 3720 \, \text{g} - 1815 \, \text{g} = 1905 \, \text{g} \\ \gamma_{\text{h,2}} &= \frac{1905}{944} \times 0.00981 \approx 19.81 \, \text{kN/m³} \end{aligned} \]

Point 3 :

\[ \begin{aligned} M_{\text{sol, 3}} &= 3815 \, \text{g} - 1815 \, \text{g} = 2000 \, \text{g} \\ \gamma_{\text{h,3}} &= \frac{2000}{944} \times 0.00981 \approx 20.80 \, \text{kN/m³} \end{aligned} \]

Point 4 :

\[ \begin{aligned} M_{\text{sol, 4}} &= 3805 \, \text{g} - 1815 \, \text{g} = 1990 \, \text{g} \\ \gamma_{\text{h,4}} &= \frac{1990}{944} \times 0.00981 \approx 20.69 \, \text{kN/m³} \end{aligned} \]

Point 5 :

\[ \begin{aligned} M_{\text{sol, 5}} &= 3735 \, \text{g} - 1815 \, \text{g} = 1920 \, \text{g} \\ \gamma_{\text{h,5}} &= \frac{1920}{944} \times 0.00981 \approx 19.96 \, \text{kN/m³} \end{aligned} \]

Le tableau récapitulatif est :

Point\(M_{\text{sol}}\) (g)\(\gamma_{\text{h}}\) (kN/m³)
1174018.09
2190519.81
3200020.80
4199020.69
5192019.96
Schéma (Après les calculs)
Résultats \(\gamma_{\text{h}}\)
Valeurs calculées pour γh18.0919.8120.8020.6919.96
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Les valeurs de poids volumique humide augmentent avec la teneur en eau, atteignent un pic, puis diminuent. Cela est dû au fait qu'au début, l'eau ajoutée remplace l'air (plus léger), augmentant la masse totale dans le même volume. Après l'optimum, l'eau commence à remplacer les grains de sol, ce qui peut faire légèrement baisser la densité globale.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

La principale erreur est la gestion des unités. Ne mélangez jamais les grammes avec les kilogrammes, ou les cm³ avec les m³ sans appliquer les bons facteurs de conversion (1 kg = 1000 g, 1 m³ = 1 000 000 cm³). L'utilisation du facteur de conversion direct est plus sûre.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • Le poids volumique humide (\(\gamma_{\text{h}}\)) est le poids total (solide + eau) par unité de volume.
  • On le calcule à partir de la masse de sol humide, du volume du moule et de g.
  • La conversion d'unités est une étape critique.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

Le poids volumique de l'eau est d'environ 9.81 kN/m³ (ou 10 kN/m³ pour les calculs rapides). Les sols ont généralement un poids volumique humide compris entre 17 et 22 kN/m³. Un béton, beaucoup plus dense, a un poids volumique d'environ 25 kN/m³.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
Les poids volumiques humides varient de 18.09 kN/m³ à 20.80 kN/m³.
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si pour un autre point, la masse du sol humide était de 1950 g, quel serait son \(\gamma_{\text{h}}\) en kN/m³ ?

Question 2 : Calculer le poids volumique sec (\(\gamma_{\text{d}}\))

Principe (le concept physique)

Le poids volumique sec est la métrique la plus importante car elle représente la quantité de matière solide que l'on a réussi à faire tenir dans un volume donné. Pour une même quantité de matière, un poids volumique sec élevé signifie que le volume des vides (air + eau) est faible, ce qui est le but du compactage. On le calcule en "retirant" mathématiquement le poids de l'eau du poids volumique humide.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

La formule \(\gamma_{\text{d}} = \gamma_{\text{h}} / (1+w)\) découle directement des définitions. Le poids total est \(P = P_{\text{s}} + P_{\text{w}}\) (poids des solides + poids de l'eau). Par définition, \(w = P_{\text{w}} / P_{\text{s}}\), donc \(P_{\text{w}} = w \cdot P_{\text{s}}\). En remplaçant, on a \(P = P_{\text{s}}(1+w)\). En divisant tout par le volume total V, on obtient \(\gamma_{\text{h}} = \gamma_{\text{d}}(1+w)\), d'où la formule utilisée.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Pensez au poids volumique sec comme à la "vraie" densité du squelette du sol. L'eau n'ajoute aucune résistance structurelle, elle ne fait qu'occuper de l'espace et ajouter du poids. En calculant \(\gamma_{\text{d}}\), on évalue l'efficacité avec laquelle on a serré les grains solides les uns contre les autres, ce qui est la source de la résistance du sol.

Normes (la référence réglementaire)

La méthode de calcul du poids volumique sec à partir du poids volumique humide et de la teneur en eau est une procédure standardisée, décrite dans les mêmes normes que l'essai lui-même (NF P 94-093, ASTM D698).

Formule(s) (l'outil mathématique)

La relation entre poids volumique sec et humide est :

\[ \gamma_{\text{d}} = \frac{\gamma_{\text{h}}}{1 + w} \]

Attention : la teneur en eau \(w\) doit être exprimée sous forme décimale (ex: 8% = 0.08).

Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que la teneur en eau mesurée est représentative de l'ensemble de l'échantillon dans le moule et qu'elle a été déterminée avec précision (généralement par séchage à l'étuve).

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Poids volumique humide (point 1), \(\gamma_{\text{h,1}} = 18.09 \, \text{kN/m³}\)
  • Teneur en eau (point 1), \(w_1 = 8.0\%\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Pour éviter les erreurs, préparez un tableau avec des colonnes claires : w (%), w (décimal), \(\gamma_{\text{h}}\), (1+w), et enfin \(\gamma_{\text{d}}\). Remplir le tableau étape par étape minimise le risque d'oublier la conversion du pourcentage.

Schéma (Avant les calculs)
Relation entre les Poids Volumiques
γ_h÷ (1+w)γ_d
Calcul(s) (l'application numérique)

Point 1 (\(w = 8.0\% = 0.08\)) :

\[ \begin{aligned} \gamma_{\text{d,1}} &= \frac{18.09}{1 + 0.08} \\ &\approx 16.75 \, \text{kN/m³} \end{aligned} \]

Point 2 (\(w = 10.0\% = 0.10\)) :

\[ \begin{aligned} \gamma_{\text{d,2}} &= \frac{19.81}{1 + 0.10} \\ &\approx 18.01 \, \text{kN/m³} \end{aligned} \]

Point 3 (\(w = 12.0\% = 0.12\)) :

\[ \begin{aligned} \gamma_{\text{d,3}} &= \frac{20.80}{1 + 0.12} \\ &\approx 18.57 \, \text{kN/m³} \end{aligned} \]

Point 4 (\(w = 14.0\% = 0.14\)) :

\[ \begin{aligned} \gamma_{\text{d,4}} &= \frac{20.69}{1 + 0.14} \\ &\approx 18.15 \, \text{kN/m³} \end{aligned} \]

Point 5 (\(w = 16.0\% = 0.16\)) :

\[ \begin{aligned} \gamma_{\text{d,5}} &= \frac{19.96}{1 + 0.16} \\ &\approx 17.21 \, \text{kN/m³} \end{aligned} \]

Le tableau récapitulatif complet est :

Pointw (%)\(\gamma_{\text{h}}\) (kN/m³)\(\gamma_{\text{d}}\) (kN/m³)
18.018.0916.75
210.019.8118.01
312.020.8018.57
414.020.6918.15
516.019.9617.21
Schéma (Après les calculs)
Évolution de \(\gamma_{\text{d}}\) avec la Teneur en Eau
Teneur en eau, w (%)8%16.7510%18.0112%18.5714%18.1516%17.21
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Les valeurs de poids volumique sec confirment le comportement attendu : la densité augmente jusqu'à un pic (le point 3 est le plus élevé de nos mesures) puis diminue. Cela signifie que l'optimum se situe aux alentours du point 3. Ces valeurs sont maintenant prêtes à être utilisées pour tracer la courbe Proctor.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

L'erreur la plus fréquente est d'oublier de convertir la teneur en eau de pourcentage en décimal avant de l'utiliser dans la formule. Diviser par (1 + 12) au lieu de (1 + 0.12) donnerait un résultat complètement faux et sous-estimé.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • Le poids volumique sec (\(\gamma_{\text{d}}\)) est l'indicateur clé de la compacité.
  • Il se calcule avec la formule \(\gamma_{\text{d}} = \gamma_{\text{h}} / (1+w)\).
  • La teneur en eau \(w\) doit être en format décimal pour le calcul.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

Il existe une limite théorique supérieure pour \(\gamma_d\), appelée "courbe de saturation". Elle représente la densité que le sol aurait si tous les vides étaient remplis d'eau (saturation S=100%). La courbe Proctor ne peut jamais toucher ou dépasser cette courbe de saturation.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
Les poids volumiques secs ont été calculés pour chaque point de l'essai. Ils varient entre 16.75 et 18.57 kN/m³.
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si un échantillon a un \(\gamma_{\text{h}}\) de 20.0 kN/m³ et une teneur en eau de 15%, quel est son \(\gamma_{\text{d}}\) en kN/m³ ?

Question 3 : Tracer la courbe Proctor et déterminer les optimums

Principe (le concept physique)

La courbe Proctor est la représentation graphique de la relation entre la densité sèche (\(\gamma_{\text{d}}\)) et la teneur en eau (\(w\)) pour une énergie de compactage constante. Elle montre qu'il existe une teneur en eau "optimale" (\(w_{\text{opt}}\)) pour laquelle le sol atteint sa densité sèche maximale (\(\gamma_{\text{d,max}}\)). En deçà, l'eau manque pour lubrifier les grains ; au-delà, l'eau occupe trop de volume et empêche les grains de se rapprocher.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

La forme de la courbe Proctor est typiquement parabolique. Le sommet de la parabole représente le point où l'arrangement des grains est le plus dense possible pour l'énergie fournie. La branche de gauche est appelée "branche sèche" (l'ajout d'eau est bénéfique) et celle de droite est la "branche humide" (l'ajout d'eau devient néfaste pour la densité).

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Tracer la courbe est essentiel. Ne vous contentez pas de prendre le point le plus haut de vos mesures. Le véritable optimum se trouve souvent entre deux points de mesure. Le tracé d'une courbe lisse passant au mieux par les points permet d'interpoler et de trouver une valeur plus précise pour le sommet.

Normes (la référence réglementaire)

Les normes d'essai (NF P 94-093) précisent qu'il faut un nombre suffisant de points (au moins 5) bien répartis de part et d'autre de l'optimum pour pouvoir tracer une courbe en cloche fiable et déterminer les caractéristiques \(\gamma_{\text{d,max}}\) et \(w_{\text{opt}}\).

Formule(s) (l'outil mathématique)

Il n'y a pas de formule directe, c'est une détermination graphique. On reporte les couples de points (\(w\), \(\gamma_{\text{d}}\)) sur un graphique et on trace une courbe lisse qui passe au mieux par ces points.

Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que les 5 points mesurés sont représentatifs du comportement du sol et qu'une courbe parabolique lisse est une bonne approximation de la réalité.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)

On utilise les valeurs de \(\gamma_{\text{d}}\) calculées à la question 2 :

w (%)8.010.012.014.016.0
\(\gamma_{\text{d}}\) (kN/m³)16.7518.0118.5718.1517.21
Astuces(Pour aller plus vite)

Utilisez un tableur (Excel, Google Sheets) pour tracer le graphique. Il peut automatiquement tracer la courbe de tendance (polynomiale de degré 2) et même vous donner l'équation, ce qui permet de calculer le sommet de manière très précise.

Schéma (Avant les calculs)
Placement des points sur le graphique
Teneur en eau, w (%)Poids volumique sec, γd (kN/m³)81012141616.518.019.0
Calcul(s) (l'application numérique)

La détermination est graphique. En traçant la courbe, on observe que le sommet se situe légèrement après le point 3 (w=12%) et un peu plus haut que la valeur de 18.57 kN/m³. Une lecture attentive permet d'estimer les valeurs optimales.

Schéma (Après les calculs)
Courbe Proctor et Optimums
Teneur en eau, w (%)Poids volumique sec, γd (kN/m³)81012141616.518.019.0w_opt ≈ 12.5%γd,max ≈ 18.7 kN/m³
Réflexions (l'interprétation du résultat)

En reportant les points du tableau sur un graphique, on trace une courbe en cloche. Le sommet de cette courbe nous donne les caractéristiques de compactage du sol. Par lecture graphique, on estime :

  • Poids volumique sec maximal : \(\gamma_{\text{d,max}} \approx 18.7 \, \text{kN/m³}\)
  • Teneur en eau optimale : \(w_{\text{opt}} \approx 12.5\%\)

Ces deux valeurs sont les références absolues pour le contrôle du compactage sur chantier.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Ne reliez pas les points par des segments de droite, cela ne représente pas le comportement physique du sol. Il faut tracer une courbe lisse et continue. Assurez-vous également que l'échelle de vos axes est bien choisie pour que la courbe soit claire et le sommet facile à identifier.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • La courbe Proctor est une courbe en cloche de \(\gamma_{\text{d}}\) en fonction de \(w\).
  • Le sommet de la courbe donne le couple (\(w_{\text{opt}}\), \(\gamma_{\text{d,max}}\)).
  • Cette détermination est graphique et nécessite de tracer une courbe lisse.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

Pour les sols très argileux, la courbe Proctor peut être très plate, ce qui signifie que la densité est moins sensible aux variations de teneur en eau. Pour les sables propres, la courbe est très pointue : il faut être très précis sur la teneur en eau pour atteindre une bonne compacité.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
Les caractéristiques Proctor du sol sont : \(\gamma_{\text{d,max}} \approx 18.7 \, \text{kN/m³}\) et \(w_{\text{opt}} \approx 12.5\%\).
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si l'on obtenait un \(\gamma_{\text{d,max}}\) de 20.0 kN/m³, le sol serait-il plus ou moins facile à compacter ?

Question 4 : Calculer le degré de compacité et conclure

Principe (le concept physique)

Le contrôle de compactage consiste à vérifier que la densité sèche atteinte sur le chantier est suffisamment proche de la densité maximale obtenue en laboratoire. On exprime cette proximité par le "degré de compacité" (ou taux de compactage), qui est le rapport en pourcentage entre la densité du chantier et la densité de référence Proctor. Les cahiers des charges des projets imposent une valeur minimale pour ce ratio, typiquement 95%.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Le degré de compacité est un indicateur de performance. Un C de 100% signifierait qu'on a réussi à atteindre sur le terrain, avec de gros engins, la même densité que celle obtenue en laboratoire avec une énergie standardisée. Atteindre 95% est déjà un très bon résultat, qui garantit que le sol a acquis la majorité de ses propriétés mécaniques potentielles.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

C'est le moment où tout converge : le travail de laboratoire (\(\gamma_{\text{d,max}}\)) sert de référence pour juger de la qualité du travail de terrain (\(\gamma_{\text{d,chantier}}\)). Une non-conformité ici peut avoir des conséquences graves et coûteuses, pouvant aller jusqu'à la démolition et la reconstruction du remblai.

Normes (la référence réglementaire)

Les spécifications techniques des projets de construction (Cahier des Clauses Techniques Particulières - CCTP en France) définissent toujours le pourcentage de l'optimum Proctor à atteindre. Par exemple, 95% pour un remblai standard, 98% pour une couche de forme sous chaussée.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Le degré de compacité C est donné par :

\[ C (\%) = \frac{\gamma_{\text{d,chantier}}}{\gamma_{\text{d,max}}} \times 100 \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que la mesure au densitomètre sur le chantier est fiable et que le sol testé sur le chantier est bien le même que celui testé en laboratoire.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Poids volumique sec chantier, \(\gamma_{\text{d,chantier}} = 18.2 \, \text{kN/m³}\)
  • Poids volumique sec maximal Proctor, \(\gamma_{\text{d,max}} = 18.7 \, \text{kN/m³}\) (de la Q3)
  • Objectif : \(C_{\text{objectif}} = 95\%\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Faites un calcul mental rapide pour estimer le résultat. 18.2 est très proche de 18.7, donc le ratio sera proche de 100%. Si vous obtenez 50% ou 120%, il y a une erreur de calcul évidente.

Schéma (Avant les calculs)
Comparaison Chantier / Laboratoire
Chantier: γd = 18.2Labo: γd,max = 18.7?
Calcul(s) (l'application numérique)
\[ \begin{aligned} C &= \frac{\gamma_{\text{d,chantier}}}{\gamma_{\text{d,max}}} \times 100 \\ &= \frac{18.2 \, \text{kN/m³}}{18.7 \, \text{kN/m³}} \times 100 \\ &\approx 97.3\% \end{aligned} \]

On compare ensuite le résultat à l'objectif :

\[ 97.3\% \ge 95\% \]
Schéma (Après les calculs)
Vérification de la Conformité
Compacité Obtenue = 97.3%Objectif = 95%CONFORME ✔️
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Le degré de compacité obtenu sur le chantier est de 97.3%, ce qui est supérieur à l'objectif de 95%. Le compactage est donc jugé conforme. L'entreprise a correctement mis en œuvre le matériau, en le compactant à une teneur en eau probablement proche de l'optimum, pour atteindre une excellente densité.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Ne jamais conclure sur la conformité sans comparer à l'objectif fixé par le projet. Un taux de 94% peut sembler bon, mais s'il est inférieur à l'objectif de 95%, le travail est non-conforme et doit être refusé.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • Le degré de compacité compare la densité du chantier à la densité maximale du laboratoire.
  • La formule est \(C = (\gamma_{\text{d,chantier}} / \gamma_{\text{d,max}}) \times 100\).
  • La conclusion (conforme / non-conforme) dépend de la comparaison du résultat à l'objectif du projet.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

Sur les grands chantiers, des "planches d'essais" sont réalisées au démarrage. On teste différents nombres de passes de compacteur pour déterminer le nombre optimal de passages nécessaires pour atteindre l'objectif de compacité. Cela permet de calibrer la méthode de travail pour le reste du chantier.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
Le degré de compacité est de 97.3%. Le remblai est conforme aux exigences du projet.
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si le \(\gamma_{\text{d,chantier}}\) mesuré avait été de 17.5 kN/m³, le travail aurait-il été conforme ?


Outil Interactif : Courbe Proctor

Explorez comment les résultats de l'essai influencent la courbe Proctor.

Paramètres d'Entrée (Point 3)
3815 g
12.0 %
Résultats Clés de la Courbe
γd,max estimé (kN/m³) -
w_opt estimé (%) -

Le Saviez-Vous ?

L'essai de compactage a été mis au point par l'ingénieur américain Ralph R. Proctor dans les années 1930. Il travaillait sur la construction de grands barrages en terre en Californie et avait besoin d'une méthode fiable pour contrôler la qualité des remblais et garantir leur stabilité et leur imperméabilité. Sa méthode, simple et efficace, est devenue une norme mondiale et est encore utilisée aujourd'hui sur tous les chantiers de terrassement.


Foire Aux Questions (FAQ)

Quelle est la différence entre l'essai Proctor Standard et Modifié ?

L'essai Proctor Modifié utilise une énergie de compactage beaucoup plus élevée (une dame plus lourde tombant de plus haut). Il a été développé pour simuler les engins de compactage modernes, plus puissants. Il donne une densité sèche maximale plus élevée à une teneur en eau optimale plus faible. Le choix entre Standard et Modifié dépend des exigences du projet (ex: Proctor Modifié pour les couches de chaussée sous fort trafic).

Que se passe-t-il si on compacte un sol à une teneur en eau très différente de l'optimum ?

Si le sol est trop sec, les grains ne glissent pas bien les uns sur les autres et il est difficile d'expulser l'air ; la densité atteinte sera faible. Si le sol est trop humide, l'eau (incompressible) occupe une place que les grains ne peuvent pas prendre ; la densité sèche sera également faible. Dans les deux cas, le sol n'aura pas les caractéristiques mécaniques optimales (portance, résistance).


Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Sur un chantier, si le sol est trop sec par rapport à l'optimum Proctor, que faut-il faire avant de compacter ?

2. Un poids volumique sec (\(\gamma_{\text{d}}\)) élevé est généralement associé à...


Poids Volumique Sec (\(\gamma_{\text{d}}\))
Poids des particules solides d'un sol par unité de volume total. C'est l'indicateur principal de la compacité. Unité : kN/m³.
Teneur en Eau (\(w\))
Rapport du poids de l'eau au poids des solides dans un échantillon de sol, exprimé en pourcentage. C'est le "lubrifiant" du compactage.
Essai Proctor
Essai de laboratoire normalisé qui détermine la relation entre la teneur en eau et le poids volumique sec d'un sol pour une énergie de compactage donnée.
Analyse de la Compacité du Sol

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