Descente de charges d'un plancher en béton armé
Contexte : Le Cheminement des Forces dans une Structure
Chaque élément d'un bâtiment (plancher, murs, toiture) est soumis à son propre poids et aux charges qu'il supporte (mobilier, personnes, neige, etc.). Pour garantir la stabilité de l'ouvrage, ces forces, appelées "charges", doivent être acheminées de manière sécuritaire jusqu'aux fondations, puis au sol. Ce processus est appelé la descente de chargesLe processus de calcul qui consiste à suivre le cheminement des charges (poids propre, charges d'exploitation, etc.) depuis leur point d'application jusqu'aux fondations.. C'est une étape fondamentale du dimensionnement en génie civil. Cet exercice a pour but d'analyser ce cheminement pour un plancher simple.
Remarque Pédagogique : La descente de charges est comme un système de rivières. Les petites charges (affluents) sur le plancher se rejoignent dans les poutres (rivières), qui à leur tour se déversent dans les poteaux (fleuves), pour finalement arriver aux fondations (l'océan). Une erreur de calcul à n'importe quelle étape peut entraîner la rupture d'un élément et compromettre toute la structure.
Objectifs Pédagogiques
- Définir et calculer les charges permanentes (G)Charges constantes dans le temps, comme le poids propre des éléments de structure (dalle, poutres, poteaux) et des éléments non-structuraux (revêtements, cloisons...). et les charges d'exploitation (Q)Charges variables liées à l'usage du bâtiment (personnes, mobilier, véhicules, stockage...). Elles sont définies par des normes en fonction du type de local..
- Comprendre la notion de surface d'influence pour répartir les charges sur les poutres.
- Calculer les charges à l'État Limite Ultime (ELU) et à l'État Limite de Service (ELS).
- Déterminer les réactions d'appui d'une poutre sur les poteaux.
- Calculer la charge totale reprise par un poteau et une fondation.
Données de l'étude
Schéma du Plan de Coffrage
- Épaisseur de la dalle en béton armé : \(h_{\text{d}} = 20 \, \text{cm}\)
- Dimensions des poutres : \(25 \times 50 \, \text{cm}\)
- Dimensions des poteaux : \(25 \times 25 \, \text{cm}\)
- Charges permanentes additionnelles (revêtement, faux-plafond, cloisons) : \(G_{\text{add}} = 1.5 \, \text{kN/m}^2\)
- Charges d'exploitation (bureaux) : \(Q = 2.5 \, \text{kN/m}^2\)
- Poids volumique du béton armé : \(\gamma_{\text{BA}} = 25 \, \text{kN/m}^3\)
Questions à traiter
- Calculer les charges permanentes surfaciques (poids propre de la dalle + charges additionnelles).
- Déterminer la charge linéaire (en kN/m) supportée par la poutre P1-P2-P3 à l'ELU et à l'ELS.
- Calculer la charge totale (en kN) descendant sur le poteau P2.
Correction : Descente de charges d'un plancher en béton armé
Question 1 : Calcul des Charges Permanentes Surfaciques (G)
Principe :
La charge permanente totale sur la dalle est la somme de son propre poids et des charges permanentes additionnelles. Le poids propre de la dalle est obtenu en multipliant son épaisseur par le poids volumique du béton armé.
Remarque Pédagogique :
Point Clé : Il est crucial de bien lister toutes les charges permanentes. Oublier un élément (comme un revêtement de sol lourd ou des cloisons) peut sous-estimer significativement les charges et mener à un sous-dimensionnement dangereux de la structure.
Formule(s) utilisée(s) :
Donnée(s) :
- Épaisseur dalle \(h_{\text{d}} = 20 \, \text{cm} = 0.20 \, \text{m}\)
- Poids volumique \(\gamma_{\text{BA}} = 25 \, \text{kN/m}^3\)
- Charges additionnelles \(G_{\text{add}} = 1.5 \, \text{kN/m}^2\)
Calcul(s) :
Points de vigilance :
Cohérence des unités : C'est le piège classique. L'épaisseur est souvent donnée en cm, il est impératif de la convertir en mètres pour être cohérent avec le poids volumique (en kN/m³) et obtenir une charge en kN/m².
Le saviez-vous ?
Question 2 : Charge Linéaire sur la Poutre
Principe :
Chaque poutre reprend les charges d'une bande de plancher appelée "surface d'influence". Pour une structure régulière, cette surface correspond à la moitié de la distance (entraxe) de chaque côté de la poutre. On transforme la charge surfacique (kN/m²) en charge linéaire (kN/m) en la multipliant par la largeur de cette bande. Il faut aussi ajouter le poids propre de la poutre elle-même. Enfin, on applique les coefficients de sécurité pour obtenir les charges à l'ELU et à l'ELS.
Remarque Pédagogique :
Point Clé : La transformation d'une charge surfacique en charge linéaire est une simplification fondamentale. Elle nous permet d'étudier une poutre comme un simple élément 1D (une ligne) avec une charge répartie, ce qui est beaucoup plus simple à calculer que d'analyser une plaque 2D.
Formule(s) utilisée(s) :
Donnée(s) :
- Charge permanente surfacique : \(G = 6.5 \, \text{kN/m}^2\)
- Charge d'exploitation surfacique : \(Q = 2.5 \, \text{kN/m}^2\)
- Entraxe des poutres : \(5.0 \, \text{m}\)
- Dimensions poutre : \(0.25 \times 0.50 \, \text{m}\)
Calcul(s) :
1. Charges linéaires dues au plancher :
2. Poids propre de la poutre :
3. Charge permanente linéaire totale :
4. Combinaisons d'actions :
Points de vigilance :
Ne pas oublier le poids propre de la poutre ! Une erreur fréquente est de ne comptabiliser que les charges venant de la dalle. La poutre doit aussi se supporter elle-même. Cette charge s'ajoute aux autres charges permanentes avant la pondération.
Le saviez-vous ?
Question 3 : Charge sur le Poteau Central P2
Principe :
Le poteau P2 est un appui intermédiaire pour la poutre continue. Il reprend les réactions d'appui des deux travées adjacentes. Pour une descente de charge simplifiée avec des portées égales, on peut considérer que le poteau central reprend la charge appliquée sur une longueur égale à la portée totale d'une travée. On calcule la réaction d'appui à l'ELU (pour le dimensionnement du poteau) en utilisant la charge \(p_{\text{ELU}}\).
Remarque Pédagogique :
Point Clé : La charge calculée est l'effort qui arrive en "tête" de poteau. Pour dimensionner les fondations sous ce poteau, il faudra y ajouter le poids propre du poteau lui-même sur toute sa hauteur, ainsi que les charges des éventuels étages supérieurs qui descendent aussi dans ce même poteau.
Formule(s) utilisée(s) :
Donnée(s) :
- Charge linéaire à l'ELU : \(p_{\text{ELU}} = 66.844 \, \text{kN/m}\)
- Portée de la poutre : \(L = 6.0 \, \text{m}\)
Calcul(s) :
Note : Ce calcul est une approximation. Un calcul exact par la méthode des 3 moments donnerait une réaction de \(1.25 \times p_{\text{ELU}} \times L / 2 = 1.25 \times 66.844 \times 6 / 2 = 250.67 \text{ kN}\) pour chaque travée, soit un total de 501.34 kN. L'approximation par surface d'influence reste cependant courante pour les pré-dimensionnements.
Points de vigilance :
Simplification vs Précision : L'hypothèse de reprendre une portée complète est une simplification. Pour les calculs de dimensionnement finaux, des méthodes plus précises (analytiques comme les 3 moments, ou numériques avec des logiciels) sont nécessaires pour tenir compte de l'hyperstaticité de la poutre continue.
Le saviez-vous ?
Le Saviez-Vous ?
Les coefficients de sécurité (1.35 pour G et 1.5 pour Q) ne sont pas choisis au hasard. Ils proviennent de décennies d'études statistiques et probabilistes (Eurocodes) pour garantir un niveau de sécurité acceptable. Le poids propre (G) est mieux maîtrisé que les charges d'exploitation (Q), d'où un coefficient plus faible.
Foire Aux Questions (FAQ)
Pourquoi calcule-t-on les charges à l'ELU et à l'ELS ?
L'État Limite Ultime (ELU) correspond à la vérification de la résistance de la structure (risque d'effondrement). On majore les charges pour s'assurer que la structure ne rompra pas. L'État Limite de Service (ELS) correspond au confort des usagers (déformations, vibrations, fissures). On utilise des charges non pondérées car on s'intéresse au comportement de la structure en conditions normales d'utilisation.
Et si la dalle ne portait que dans une seule direction ?
Dans notre cas, la dalle porte sur deux appuis (les poutres), c'est un système "unidirectionnel". S'il y avait des poutres dans l'autre sens, la dalle porterait dans deux directions. La répartition des charges sur les poutres serait alors plus complexe, souvent approchée par la méthode des lignes de rupture ou calculée par des logiciels aux éléments finis.
Quiz Final : Testez vos connaissances
1. Si on augmente l'entraxe entre les poutres, la charge linéaire sur chaque poutre :
2. Laquelle de ces charges est une charge d'exploitation (Q) ?
Glossaire
- Charges Permanentes (G)
- Charges qui agissent de façon continue sur la structure. Principalement le poids propre des éléments (dalles, poutres, murs, etc.) et des équipements fixes.
- Charges d'Exploitation (Q)
- Charges variables liées à l'utilisation du bâtiment (personnes, mobilier, stockage, neige, vent). Elles sont définies par des normes.
- État Limite Ultime (ELU)
- État correspondant à la ruine de la structure ou d'un de ses éléments. Le calcul à l'ELU vise à garantir la solidité et la stabilité de l'ouvrage.
- État Limite de Service (ELS)
- État au-delà duquel les conditions normales d'exploitation ne sont plus satisfaites (confort, apparence). Le calcul à l'ELS vise à limiter les déformations et les fissures.
- Surface d'influence
- Zone de plancher dont les charges sont reprises par un élément porteur donné (poutre ou poteau).
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Je suis complètement apprécié votre travail dans le domaine de la construction.