Évaluation de la Stabilité des Tunnels en Granite

Évaluation de la Stabilité des Tunnels en Granite en Exploitation Minière

Évaluation de la Stabilité des Tunnels en Granite

Comprendre l'Évaluation de la Stabilité des Tunnels en Granite

La stabilité des excavations souterraines, telles que les tunnels et les galeries minières, est primordiale pour la sécurité des opérations et la viabilité économique des projets miniers. Dans les roches dures comme le granite, la stabilité est principalement influencée par la qualité de la masse rocheuse (présence de fractures, altération), l'état des contraintes in situ (naturelles et induites par l'excavation), la géométrie de l'excavation et les méthodes de soutènement employées. Cet exercice se concentre sur une évaluation de base de la stabilité autour d'un tunnel circulaire creusé en profondeur dans un massif granitique, en utilisant des concepts de mécanique des roches.

Données de l'étude

Un tunnel d'accès minier de forme circulaire est creusé dans un massif granitique.

Caractéristiques Géométriques et du Site :

  • Diamètre du tunnel (\(D_t\)) : \(5.0 \, \text{m}\) (donc rayon \(a = 2.5 \, \text{m}\))
  • Profondeur moyenne du tunnel par rapport à la surface (\(Z\)) : \(800 \, \text{m}\)
  • Masse volumique moyenne des morts-terrains et de la roche sus-jacente (\(\rho_{\text{roche}}\)) : \(2700 \, \text{kg/m}^3 = 2.7 \, \text{t/m}^3\)
  • Accélération due à la gravité (\(g\)) : \(9.81 \, \text{m/s}^2\)

Propriétés du Massif Granitique :

  • Résistance à la compression uniaxiale de la roche intacte (\(\sigma_{ci}\) ou RCU) : \(150 \, \text{MPa}\)
  • Module de Young de la roche intacte (\(E_i\)) : \(60 \, \text{GPa}\)
  • Coefficient de Poisson de la roche intacte (\(\nu_i\)) : \(0.25\)
  • Rapport des contraintes in situ (horizontal sur vertical, \(k = \sigma_h / \sigma_v\)) : \(1.5\) (champ de contraintes horizontal dominant)
  • On supposera pour simplifier que le comportement du massif rocheux est élastique et isotrope.
Schéma : Tunnel Circulaire et Contraintes In Situ
Tunnel (D) σv σv σh σh Zone de concentration des contraintes Contraintes autour d'un tunnel

Schéma illustrant un tunnel circulaire soumis à des contraintes in situ.


Questions à traiter

  1. Calculer la contrainte verticale in situ (\(\sigma_v\)) à la profondeur du tunnel.
  2. Calculer la contrainte horizontale in situ (\(\sigma_h\)) en utilisant le rapport \(k\).
  3. En utilisant les équations de Kirsch pour un tunnel circulaire en milieu élastique sous contraintes biaxiales, calculer la contrainte tangentielle (\(\sigma_{\theta}\)) et la contrainte radiale (\(\sigma_r\)) à la paroi du tunnel (\(r=a\)) aux points suivants :
    • Au toit et au radier du tunnel (points alignés avec l'axe vertical).
    • Aux parements latéraux du tunnel (points alignés avec l'axe horizontal).
    Les formules de Kirsch pour \(r=a\) sont :
    \(\sigma_r = 0\)
    \(\sigma_{\theta} = (\sigma_v + \sigma_h) - 2(\sigma_v - \sigma_h) \cos(2\alpha)\) pour un champ de contraintes où \(\sigma_v\) et \(\sigma_h\) sont les contraintes principales loin du tunnel, et \(\alpha\) est l'angle par rapport à la direction de \(\sigma_v\) (ou \(\sigma_h\)). Pour simplifier, on peut utiliser : \(\sigma_{\theta \text{ (toit/radier)}} = 3\sigma_h - \sigma_v\) (si \(\sigma_h > \sigma_v\), ce qui est le cas ici avec \(k=1.5\)) \(\sigma_{\theta \text{ (parements)}} = 3\sigma_v - \sigma_h\)
  4. Déterminer la contrainte tangentielle maximale (\(\sigma_{\theta \text{max}}\)) à la paroi du tunnel.
  5. Calculer un facteur de sécurité (FS) simple en comparant la contrainte tangentielle maximale à la résistance à la compression uniaxiale de la roche intacte (\(\text{FS} = \sigma_{ci} / \sigma_{\theta \text{max}}\)).
  6. Discuter brièvement de la signification de ce facteur de sécurité et des implications si \(\sigma_{\theta \text{max}}\) était proche ou dépassait \(\sigma_{ci}\). Quelles autres considérations seraient importantes pour une analyse de stabilité plus complète ?

Correction : Évaluation de la Stabilité des Tunnels en Granite

Question 1 : Contrainte verticale in situ (\(\sigma_v\))

Principe :

La contrainte verticale in situ à une profondeur \(Z\) est principalement due au poids des terrains sus-jacents. Elle est calculée comme le produit de la masse volumique moyenne de la roche, de l'accélération due à la gravité, et de la profondeur.

Formule(s) utilisée(s) :
\[\sigma_v = \rho_{\text{roche}} \times g \times Z\]
Données spécifiques :
  • \(\rho_{\text{roche}} = 2700 \, \text{kg/m}^3\)
  • \(g = 9.81 \, \text{m/s}^2\)
  • \(Z = 800 \, \text{m}\)
Calcul :
\[ \begin{aligned} \sigma_v &= 2700 \, \text{kg/m}^3 \times 9.81 \, \text{m/s}^2 \times 800 \, \text{m} \\ &= 21189600 \, \text{N/m}^2 \\ &= 21189600 \, \text{Pa} \\ &\approx 21.19 \, \text{MPa} \end{aligned} \]
Résultat Question 1 : La contrainte verticale in situ est \(\sigma_v \approx 21.19 \, \text{MPa}\).

Question 2 : Contrainte horizontale in situ (\(\sigma_h\))

Principe :

La contrainte horizontale in situ est souvent reliée à la contrainte verticale par un coefficient \(k\), qui dépend du contexte géologique et tectonique.

Formule(s) utilisée(s) :
\[\sigma_h = k \times \sigma_v\]
Données spécifiques :
  • \(k = 1.5\)
  • \(\sigma_v \approx 21.19 \, \text{MPa}\)
Calcul :
\[ \begin{aligned} \sigma_h &= 1.5 \times 21.19 \, \text{MPa} \\ &\approx 31.785 \, \text{MPa} \end{aligned} \]

On arrondit à \(\sigma_h \approx 31.79 \, \text{MPa}\).

Résultat Question 2 : La contrainte horizontale in situ est \(\sigma_h \approx 31.79 \, \text{MPa}\).

Quiz Intermédiaire 1 : Si le coefficient \(k\) était inférieur à 1, cela signifierait que :

Question 3 : Contraintes tangentielle (\(\sigma_{\theta}\)) et radiale (\(\sigma_r\)) à la paroi du tunnel

Principe :

Les équations de Kirsch décrivent la distribution des contraintes autour d'une excavation circulaire dans un milieu élastique, homogène et isotrope, soumis à un champ de contraintes biaxial. À la paroi du tunnel (\(r=a\)), la contrainte radiale \(\sigma_r\) est nulle (sauf si un soutènement applique une pression). La contrainte tangentielle \(\sigma_{\theta}\) varie autour de l'excavation.

Formules simplifiées pour \(r=a\):
\(\sigma_r = 0\)
\(\sigma_{\theta \text{ (toit/radier)}} = 3\sigma_h - \sigma_v\) (points où \(\alpha = \pm 90^\circ\) par rapport à la direction de \(\sigma_v\), ou alignés avec \(\sigma_h\))
\(\sigma_{\theta \text{ (parements)}} = 3\sigma_v - \sigma_h\) (points où \(\alpha = 0^\circ\) ou \(180^\circ\) par rapport à la direction de \(\sigma_v\), ou alignés avec \(\sigma_v\))

Attention : L'interprétation de \(\alpha\) et des formules peut varier. Ici, nous considérons \(\sigma_h\) comme la contrainte principale majeure (\(k>1\)). La concentration maximale se produira perpendiculairement à la direction de la contrainte principale majeure.

Données spécifiques :
  • \(\sigma_v \approx 21.19 \, \text{MPa}\)
  • \(\sigma_h \approx 31.79 \, \text{MPa}\)
Calcul :

Contrainte radiale à la paroi :

\[\sigma_r = 0 \, \text{MPa}\]

Contrainte tangentielle au toit et au radier (points sur l'axe vertical, où l'effet de \(\sigma_h\) est maximisé et celui de \(\sigma_v\) est minimisé) :

\[ \begin{aligned} \sigma_{\theta \text{ (toit/radier)}} &= 3\sigma_h - \sigma_v \\ &= 3 \times 31.79 \, \text{MPa} - 21.19 \, \text{MPa} \\ &= 95.37 \, \text{MPa} - 21.19 \, \text{MPa} \\ &= 74.18 \, \text{MPa} \end{aligned} \]

Contrainte tangentielle aux parements latéraux (points sur l'axe horizontal, où l'effet de \(\sigma_v\) est maximisé et celui de \(\sigma_h\) est minimisé) :

\[ \begin{aligned} \sigma_{\theta \text{ (parements)}} &= 3\sigma_v - \sigma_h \\ &= 3 \times 21.19 \, \text{MPa} - 31.79 \, \text{MPa} \\ &= 63.57 \, \text{MPa} - 31.79 \, \text{MPa} \\ &= 31.78 \, \text{MPa} \end{aligned} \]
Résultat Question 3 :
  • Contrainte radiale à la paroi : \(\sigma_r = 0 \, \text{MPa}\)
  • Contrainte tangentielle au toit/radier : \(\sigma_{\theta} \approx 74.18 \, \text{MPa}\)
  • Contrainte tangentielle aux parements : \(\sigma_{\theta} \approx 31.78 \, \text{MPa}\)

Question 4 : Contrainte tangentielle maximale (\(\sigma_{\theta \text{max}}\))

Principe :

La contrainte tangentielle maximale à la paroi du tunnel est la plus grande des valeurs calculées pour \(\sigma_{\theta}\) au toit/radier et aux parements.

Calcul :

Comparaison des valeurs :

\(74.18 \, \text{MPa}\) (toit/radier)

\(31.78 \, \text{MPa}\) (parements)

\[\sigma_{\theta \text{max}} = 74.18 \, \text{MPa}\]

Cette contrainte maximale se produit au toit et au radier du tunnel, car \(k > 1\) (contrainte horizontale dominante).

Résultat Question 4 : La contrainte tangentielle maximale à la paroi est \(\sigma_{\theta \text{max}} \approx 74.18 \, \text{MPa}\).

Question 5 : Facteur de sécurité (FS)

Principe :

Un facteur de sécurité simple peut être estimé en comparant la résistance de la roche (ici, la RCU de la roche intacte, \(\sigma_{ci}\)) à la contrainte maximale induite à la paroi du tunnel (\(\sigma_{\theta \text{max}}\)).

Formule(s) utilisée(s) :
\[\text{FS} = \frac{\sigma_{ci}}{\sigma_{\theta \text{max}}}\]
Données spécifiques :
  • \(\sigma_{ci} = 150 \, \text{MPa}\)
  • \(\sigma_{\theta \text{max}} \approx 74.18 \, \text{MPa}\)
Calcul :
\[ \begin{aligned} \text{FS} &= \frac{150 \, \text{MPa}}{74.18 \, \text{MPa}} \\ &\approx 2.022 \end{aligned} \]

On arrondit à \(\text{FS} \approx 2.02\).

Résultat Question 5 : Le facteur de sécurité est \(\text{FS} \approx 2.02\).

Question 6 : Discussion sur le facteur de sécurité et autres considérations

Principe :

Un FS supérieur à 1 indique théoriquement la stabilité. Cependant, la valeur seuil acceptable pour un FS dépend de nombreux facteurs (criticité de l'ouvrage, conséquences d'une rupture, incertitudes sur les données). Un FS de 2.02 suggère une bonne stabilité de la roche intacte face aux contraintes induites.

Discussion :

Un facteur de sécurité de 2.02 indique que la contrainte maximale induite à la paroi du tunnel est environ la moitié de la résistance à la compression de la roche intacte. En théorie, cela suggère que la roche intacte ne devrait pas rompre sous ces contraintes.

Si \(\sigma_{\theta \text{max}}\) était proche ou dépassait \(\sigma_{ci}\) (FS \(\leq 1\)) :

  • Cela indiquerait un risque élevé de rupture par écrasement ou écaillage à la paroi du tunnel, particulièrement aux endroits de concentration maximale des contraintes (ici, toit et radier).
  • Des instabilités telles que des chutes de blocs, des convergences excessives, ou même un effondrement localisé pourraient se produire.
  • Un soutènement robuste serait impératif.

Autres considérations importantes pour une analyse de stabilité plus complète :

  • Qualité du massif rocheux : La présence de discontinuités (fractures, joints, failles) réduit considérablement la résistance du massif rocheux par rapport à la roche intacte. Des indices comme le RQD, le GSI, ou des classifications de masse rocheuse (RMR, Q-system) sont utilisés pour estimer la résistance du massif. Le FS calculé avec \(\sigma_{ci}\) est optimiste si le massif est fracturé.
  • Comportement post-rupture de la roche : Certaines roches peuvent conserver une capacité portante résiduelle après rupture, tandis que d'autres peuvent se désagréger complètement.
  • Influence de l'eau : La pression interstitielle de l'eau dans les fractures peut réduire les contraintes effectives et diminuer la résistance au cisaillement du massif.
  • Forme du tunnel : Bien que circulaire soit optimal pour la distribution des contraintes, d'autres formes peuvent être nécessaires et induire des concentrations de contraintes différentes.
  • Méthode d'excavation : Le dynamitage peut endommager la roche environnante (zone de décompression) et réduire sa résistance, contrairement à une excavation mécanique (TBM).
  • Soutènement : L'analyse doit intégrer l'effet du soutènement (boulonnage, béton projeté, cintres métalliques) qui confine la roche et augmente sa capacité à résister aux contraintes.
  • Analyse tridimensionnelle : Les effets de bout (front d'avancement du tunnel) peuvent être importants.
  • Comportement rhéologique (fluage) : Pour certains types de roches ou à long terme, le fluage peut entraîner des déformations continues et des pertes de stabilité.
  • Analyse numérique : Des modèles numériques (éléments finis, différences finies) sont souvent utilisés pour des analyses plus complexes et pour simuler le comportement du massif et l'interaction avec le soutènement.

Quiz Intermédiaire 2 : Un RQD (Rock Quality Designation) faible pour le granite indiquerait :


Quiz Rapide : Testez vos connaissances (Récapitulatif)

1. La contrainte verticale in situ (\(\sigma_v\)) à une certaine profondeur est principalement due :

2. Les équations de Kirsch sont utilisées pour analyser :

3. Un facteur de sécurité (FS) de 1.0 pour la stabilité d'un tunnel signifie que :


Glossaire

Contrainte (\(\sigma\))
Force interne par unité de surface à l'intérieur d'un solide déformable. Exprimée en Pascals (Pa) ou Mégapascals (MPa).
Contrainte In Situ
État de contrainte naturel existant dans un massif rocheux avant toute excavation.
Résistance à la Compression Uniaxiale (\(\sigma_{ci}\) ou RCU)
Contrainte maximale qu'un échantillon de roche intacte peut supporter sous une charge de compression appliquée axialement avant de rompre.
Module de Young (\(E\))
Mesure de la rigidité d'un matériau élastique, représentant le rapport entre la contrainte et la déformation axiale.
Coefficient de Poisson (\(\nu\))
Rapport de la déformation transversale à la déformation axiale pour un matériau soumis à une contrainte uniaxiale.
Équations de Kirsch
Solutions analytiques décrivant la distribution des contraintes élastiques autour d'un trou circulaire dans une plaque infinie soumise à des contraintes biaxiales.
Facteur de Sécurité (FS)
Rapport entre la capacité (résistance) d'une structure ou d'un matériau et la sollicitation (charge ou contrainte) appliquée. Un FS > 1 est généralement requis pour la stabilité.
Massif Rocheux
Ensemble de la roche intacte et des discontinuités (joints, fractures, failles) qui le traversent.
RQD (Rock Quality Designation)
Indice quantitatif de la qualité d'un massif rocheux basé sur le pourcentage de carottes de forage de longueur supérieure à 10 cm.
GSI (Geological Strength Index)
Système de classification empirique utilisé pour estimer la résistance et la déformabilité des massifs rocheux fracturés.
Soutènement
Ensemble des mesures et ouvrages (boulons, béton projeté, cintres, etc.) mis en place pour assurer la stabilité d'une excavation souterraine.
Évaluation de la Stabilité des Tunnels en Granite - Exercice d'Application

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