Travaux de consolidation d’un vieux pont

Calcul des Travaux de consolidation d’un vieux pont

Calcul des Travaux de consolidation d’un vieux pont

Contexte : Le renforcement des ouvrages d'art existants.

Le Pont de la Rivière, un ouvrage de type "dalle en béton armé" construit dans les années 1960, doit être consolidé pour supporter l'augmentation du trafic et se conformer aux normes actuelles (EurocodesEnsemble de normes européennes de calcul de dimensionnement des structures du bâtiment et du génie civil.). L'expertise a révélé une capacité portante insuffisante en flexion. La solution retenue est un renforcement par plats collés en PRFCPolymère Renforcé de Fibres de Carbone. Matériau composite très résistant et léger utilisé pour le renforcement structurel. (Polymère Renforcé de Fibres de Carbone) en sous-face du tablier.

Remarque Pédagogique : Cet exercice illustre une problématique courante en génie civil : l'adaptation d'un ouvrage ancien aux exigences modernes. Il vous fera appliquer des notions de béton armé et de matériaux composites pour dimensionner un renfort structurel.


Objectifs Pédagogiques

  • Évaluer la capacité portante d'une section de béton armé existante.
  • Calculer les sollicitations de calcul à l'ELU selon l'Eurocode.
  • Dimensionner un renfort par plats collés en PRFC.
  • Vérifier les contraintes à l'ELS après renforcement.

Données de l'étude

L'étude porte sur la travée principale du pont, modélisée comme une poutre isostatique de section rectangulaire. On étudie une bande de 1 mètre de largeur.

Fiche Technique de l'Ouvrage
Caractéristique Valeur
Type d'ouvrage Pont dalle en béton armé
Année de construction 1965
Portée de la travée 12.0 m
Coupe transversale du tablier (bande de 1m)
b = 1000 mm h = 600 mm Aciers tendus (As) d = 550 mm
Paramètre Description Valeur Unité
Béton (existant) Classe de résistance C25/30 fck = 25 MPa
Acier (existant) Nuance FeE400 (S400) fyk = 400 MPa
Aciers passifs Section en travée (par mètre) 15.71 cm²/ml
Renfort PRFC Module d'élasticité 165 000 MPa
Charges permanentes Poids propre + superstructures g = 18.0 kN/m²/ml
Charges d'exploitation Convoi de calcul (Eurocode) q = 9.0 kN/m²/ml

Questions à traiter

  1. Calculer le moment fléchissant de calcul à l'ELU (\(M_{Ed}\)) au milieu de la travée.
  2. Vérifier si le moment résistant de la section existante (\(M_{Rd}\)) est suffisant.
  3. Dimensionner la section de renfort PRFC (\(A_f\)) nécessaire pour reprendre le déficit de moment.
  4. Vérifier la contrainte dans le béton comprimé à l'ELS sous la combinaison quasi-permanente.
  5. Proposer une disposition constructive pour les plats PRFC (largeur et espacement).

Les bases du calcul en béton armé (Eurocode 2)

Le dimensionnement et la vérification des structures en béton armé selon l'Eurocode 2 reposent sur le concept des états-limites : l'État-Limite Ultime (ELU) qui concerne la sécurité et la ruine de l'ouvrage, et l'État-Limite de Service (ELS) qui concerne le bon fonctionnement et le confort des usagers.

1. Diagramme contrainte-déformation rectangulaire simplifié du béton
Pour les calculs à l'ELU, on utilise un diagramme simplifié pour le béton. La contrainte de calcul est \(f_{cd} = \alpha_{cc} \cdot f_{ck} / \gamma_c\), avec \(\gamma_c=1.5\). La zone comprimée est supposée avoir une contrainte uniforme de \(0.85 \cdot f_{cd}\) sur une hauteur de \(0.8 \cdot x\), où \(x\) est la profondeur de l'axe neutre.

2. Principe du renforcement par PRFC
Le plat PRFC collé en sous-face agit comme une armature additionnelle. On suppose une adhérence parfaite entre le béton et le composite. L'effort de traction supplémentaire est apporté par le PRFC, ce qui augmente le moment résistant de la section. Le calcul se fait en considérant l'équilibre d'une section composite béton-acier-PRFC. \[ M_{Rd,r} = M_{Rd,\text{acier}} + M_{Rd,\text{PRFC}} \]


Correction : Calcul des Travaux de consolidation d’un vieux pont

Question 1 : Calcul du moment fléchissant de calcul à l'ELU (\(M_{Ed}\))

Principe

On calcule la charge pondérée à l'ELU en appliquant les coefficients de sécurité de l'Eurocode aux charges permanentes (G) et d'exploitation (Q). Puis, on utilise la formule classique du moment maximal pour une poutre isostatique soumise à une charge uniformément répartie.

Mini-Cours

La notion d'état-limite ultime (ELU) vise à garantir qu'une structure ne s'effondrera pas sous les actions les plus défavorables qui pourraient raisonnablement se produire au cours de sa vie. Pour cela, on majore les charges (avec les coefficients \(\gamma_G\) et \(\gamma_Q\)) et on minore les résistances des matériaux (avec les coefficients \(\gamma_c\) et \(\gamma_s\)).

Remarque Pédagogique

La première étape de tout calcul de structure est de déterminer les "efforts" que celle-ci doit subir. C'est comme connaître le poids que l'on doit soulever avant de choisir le muscle à utiliser. Ne vous trompez jamais dans cette étape, car tout le reste du calcul en dépend.

Normes

Les combinaisons d'actions et les coefficients de sécurité sont définis dans la norme NF EN 1990 - Eurocode 0 : Bases de calcul des structures.

Formule(s)

Combinaison de charges ELU

\[ p_{Ed} = \gamma_G \cdot g + \gamma_Q \cdot q \]

Moment maximal en travée

\[ M_{Ed} = \frac{p_{Ed} \cdot L^2}{8} \]
Hypothèses

Pour ce calcul, nous posons les hypothèses suivantes :

  • Le pont est modélisé par une poutre simple sur deux appuis (isostatique).
  • Les charges (permanentes et d'exploitation) sont considérées comme uniformément réparties sur la longueur de la travée.
Donnée(s)

Les données pertinentes pour cette question sont les charges et la portée.

ParamètreSymboleValeurUnité
Charges permanentesg18.0kN/m
Charges d'exploitationq9.0kN/m
PortéeL12.0m
Coefficient partiel (G)\(\gamma_G\)1.35-
Coefficient partiel (Q)\(\gamma_Q\)1.50-
Astuces

Pour une poutre isostatique, le moment est toujours maximal au milieu de la travée. Inutile de calculer le moment en d'autres points pour cette vérification. La formule \(pL^2/8\) est un grand classique à connaître par cœur !

Schéma (Avant les calculs)
Modélisation de la poutre et des charges ELU
p_EdABL = 12.0 m
Calcul(s)

Calcul de la charge pondérée \(p_{Ed}\)

\[ \begin{aligned} p_{Ed} &= (1.35 \times 18.0) + (1.50 \times 9.0) \\ &= 24.3 + 13.5 \\ &= 37.8 \text{ kN/m} \end{aligned} \]

Calcul du moment de calcul \(M_{Ed}\)

\[ \begin{aligned} M_{Ed} &= \frac{37.8 \times 12.0^2}{8} \\ &= \frac{37.8 \times 144}{8} \\ &= 680.4 \text{ kN.m} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Diagramme du Moment Fléchissant (ELU)
M_max = 680.4 kN.m00
Réflexions

Ce moment de 680.4 kN.m représente la sollicitation maximale que la section du pont doit pouvoir supporter sans rompre. C'est la valeur de référence que nous utiliserons pour vérifier la capacité portante de la structure, avec et sans renforcement.

Points de vigilance

Attention aux unités ! Le plus simple est de tout convertir en unités du Système International (N, m) au début du calcul pour éviter les erreurs. Ici, les charges sont en kN/m, la longueur en m, le résultat est donc directement en kN.m.

Points à retenir

Pour calculer le moment de flexion ELU sur une poutre isostatique :
1. Déterminer la combinaison de charges pondérées : \(p_{Ed} = 1.35g + 1.5q\).
2. Appliquer la formule du moment maximal : \(M_{Ed} = p_{Ed} L^2 / 8\).

Le saviez-vous ?

Les coefficients de sécurité (1.35 et 1.50) ne sont pas choisis au hasard. Ils proviennent d'analyses statistiques complexes qui visent à assurer une probabilité de défaillance très faible (de l'ordre de \(10^{-6}\) par an) sur la durée de vie de l'ouvrage.

FAQ
Résultat Final
Le moment fléchissant de calcul à l'ELU est de 680.4 kN.m.
A vous de jouer

Recalculez \(M_{Ed}\) si la charge d'exploitation 'q' passe à 12 kN/m²/ml suite à une augmentation du trafic.

Question 2 : Vérification du moment résistant de la section existante (\(M_{Rd}\))

Principe

On calcule le moment résistant de la section de béton armé seule, en utilisant le diagramme rectangulaire simplifié. On détermine la position de l'axe neutre (\(x\)) à l'équilibre, puis le bras de levier (\(z\)) pour enfin calculer le moment résistant. On compare ensuite \(M_{Rd}\) à \(M_{Ed}\).

Mini-Cours

Le moment résistant d'une section en béton armé est calculé en considérant un couple de forces interne : la force de compression dans le béton et la force de traction dans les armatures en acier. L'équilibre est atteint lorsque ces deux forces sont égales. Le moment est alors le produit de l'une de ces forces par la distance qui les sépare (le bras de levier).

Remarque Pédagogique

C'est l'étape de diagnostic. Avant de proposer une solution (le renforcement), il faut quantifier précisément le problème. Quel est le "déficit de performance" de la structure existante ? Cette étape y répond.

Normes

Les formules de calcul du béton armé à l'ELU et les propriétés des matériaux sont définies dans la norme NF EN 1992-1-1 - Eurocode 2 : Calcul des structures en béton.

Formule(s)

Contrainte de calcul du béton

\[ f_{cd} = \frac{f_{ck}}{\gamma_c} \]

Contrainte de calcul de l'acier

\[ f_{yd} = \frac{f_{yk}}{\gamma_s} \]

Équilibre des forces (Traction = Compression)

\[ A_s \cdot f_{yd} = 0.8 \cdot x \cdot b \cdot 0.85 \cdot f_{cd} \]

Moment résistant

\[ M_{Rd} = A_s \cdot f_{yd} \cdot z \quad \text{avec} \quad z = d - 0.4 \cdot x \]
Hypothèses

Les hypothèses de calcul sont celles de l'Eurocode 2 :

  • Les sections planes restent planes après déformation (hypothèse de Navier-Bernoulli).
  • L'adhérence entre l'acier et le béton est parfaite.
  • La résistance du béton en traction est négligée.
  • On utilise le diagramme rectangulaire-simplifié pour le béton en compression.
Donnée(s)

On utilise les propriétés géométriques et matérielles de la section existante.

ParamètreSymboleValeurUnité
Largeur de la sectionb1000mm
Hauteur utiled550mm
Section d'acier\(A_s\)1571mm²
Résistance béton\(f_{ck}\)25MPa
Limite élastique acier\(f_{yk}\)400MPa
Astuces

Vérifiez toujours que l'axe neutre (\(x\)) est bien dans la section de béton. Ici, \(x = 48.1\) mm, ce qui est très faible par rapport à la hauteur totale (600 mm), c'est logique pour une section de dalle peu ferraillée. Vérifiez aussi que le pivot est bien le 3 (aciers en traction, béton en compression), ce qui est le cas ici.

Schéma (Avant les calculs)
Diagramme des contraintes et forces à l'ELU
Axe Neutred=5500.85*fcdFcFsz0.8x
Calcul(s)

Contrainte de calcul du béton

\[ \begin{aligned} f_{cd} &= \frac{25}{1.5} \\ &= 16.67 \text{ MPa} \end{aligned} \]

Contrainte de calcul de l'acier

\[ \begin{aligned} f_{yd} &= \frac{400}{1.15} \\ &= 347.8 \text{ MPa} \end{aligned} \]

Position de l'axe neutre (\(x\))

\[ \begin{aligned} x &= \frac{A_s \cdot f_{yd}}{0.8 \cdot b \cdot 0.85 \cdot f_{cd}} \\ &= \frac{1571 \times 347.8}{0.8 \times 1000 \times 0.85 \times 16.67} \\ &= 48.1 \text{ mm} \end{aligned} \]

Bras de levier (\(z\))

\[ \begin{aligned} z &= d - 0.4 \cdot x \\ &= 550 - 0.4 \times 48.1 \\ &= 530.8 \text{ mm} \end{aligned} \]

Moment Résistant (\(M_{Rd}\))

\[ \begin{aligned} M_{Rd} &= A_s \cdot f_{yd} \cdot z \\ &= 1571 \times 347.8 \times 530.8 \\ &= 2.89 \times 10^8 \text{ N.mm} \\ &= 289 \text{ kN.m} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Comparaison des Moments ELU
7500Moment (kN.m)M_Ed (Requis)680.4M_Rd (Existant)289.0Déficit391.4
Réflexions

Le moment résistant de la section existante (\(M_{Rd} = 289\) kN.m) est très inférieur au moment sollicitant de calcul (\(M_{Ed} = 680.4\) kN.m). La structure n'est donc pas capable de supporter les nouvelles charges en sécurité. Le déficit de résistance est de \(680.4 - 289 = 391.4\) kN.m. C'est ce que le renforcement devra compenser.

Points de vigilance

L'erreur classique est d'oublier les coefficients de minoration des matériaux (\(\gamma_c\) et \(\gamma_s\)). Une autre erreur est de se tromper dans les unités, notamment entre cm² et mm² pour la section d'acier.

Points à retenir

Le calcul d'un moment résistant se fait en 3 étapes :
1. Écrire l'équilibre Traction-Compression pour trouver l'axe neutre \(x\).
2. Calculer le bras de levier \(z = d - 0.4x\).
3. Calculer le moment \(M_{Rd}\) comme le produit de la force de traction (\(A_s f_{yd}\)) par le bras de levier \(z\).

Le saviez-vous ?

Le béton armé a été popularisé à la fin du 19ème siècle par des pionniers comme François Hennebique, qui a compris que l'association du béton (bon en compression) et de l'acier (bon en traction) permettait de créer un matériau de construction extrêmement performant et polyvalent.

FAQ
Résultat Final
La section n'est pas vérifiée : \(M_{Rd} = 289 \text{ kN.m} < M_{Ed} = 680.4 \text{ kN.m}\). Un renforcement est indispensable.
A vous de jouer

Recalculez le moment résistant \(M_{Rd}\) si la section d'acier existante était de 20 cm²/ml (2000 mm²).

Question 3 : Dimensionnement du renfort PRFC

Principe

Le renfort PRFC doit combler le déficit de moment. On calcule le moment que le renfort doit reprendre (\(M_{f,d}\)). En fixant la contrainte de calcul dans le PRFC (\(f_{fd}\)), on en déduit la section nécessaire (\(A_f\)) via le bras de levier entre le centre de gravité du PRFC et le centre de compression du béton.

Mini-Cours

Le dimensionnement d'un renfort composite vise à atteindre un état d'équilibre où le béton, l'acier existant et le PRFC travaillent ensemble. Le PRFC, positionné le plus loin possible de la fibre la plus comprimée, possède un bras de levier très important, ce qui le rend très efficace pour augmenter le moment résistant, même avec une section relativement faible.

Remarque Pédagogique

C'est ici que l'on "conçoit" la solution. Le but est de trouver la "juste" quantité de matériau de renforcement : ni trop (coût et poids inutiles), ni trop peu (pas assez sûr). C'est le cœur du métier de l'ingénieur structure.

Normes

Il n'y a pas d'Eurocode spécifique pour le PRFC, mais des guides techniques et des recommandations professionnelles existent, comme celles du fib (Fédération Internationale du Béton) ou des avis techniques des fabricants.

Formule(s)

Déficit de moment

\[ M_{\text{déficit}} = M_{Ed} - M_{Rd} \]

Effort dans le renfort

\[ N_f = \frac{M_{\text{déficit}}}{z_f} \quad \text{avec} \quad z_f \approx h - 0.4x \]

Section de PRFC

\[ A_f = \frac{N_f}{f_{fd}} \]
Hypothèses

On suppose que la ruine est atteinte par plastification de l'acier et écrasement du béton, et que le PRFC reste dans son domaine élastique.

  • Le bras de levier entre le centre de compression et le renfort est estimé (une approche itérative serait plus exacte).
  • La contrainte dans le PRFC est limitée pour éviter un décollement fragile.
Donnée(s)

On part du déficit de moment calculé précédemment.

ParamètreSymboleValeurUnité
Déficit de moment\(M_{\text{déficit}}\)391.4kN.m
Résistance caractéristique PRFC\(f_{fk}\)2800MPa
Hauteur totaleh600mm
Astuces

Une estimation rapide du bras de levier pour le renfort est de prendre 90% de la hauteur totale de la poutre (\(0.9h\)). Cela donne souvent une bonne première approximation pour le dimensionnement.

Schéma (Avant les calculs)
Section renforcée avec forces internes
Renfort PRFCAxe NeutreFcFsFf
Calcul(s)

Moment à reprendre par le renfort

\[ \begin{aligned} M_{\text{déficit}} &= M_{Ed, \text{total}} - M_{Rd, \text{acier}} \\ &= 680.4 - 289 \\ &= 391.4 \text{ kN.m} \end{aligned} \]

Effort de traction dans le PRFC

On estime le bras de levier du renfort. L'axe neutre va remonter. On peut prendre \(z_f \approx h - t_{\text{prfc}}/2 - 0.4x_{\text{final}}\). En première approche, \(z_f \approx 0.9h = 0.9 \times 600 = 540\) mm.

\[ \begin{aligned} N_f &= \frac{391.4 \times 10^3}{0.540} \\ &= 724.8 \text{ kN} \\ &= 724800 \text{ N} \end{aligned} \]

Section de PRFC

La contrainte de calcul est limitée pour éviter un décollement. On prend \(f_{fd} = 1400\) MPa.

\[ \begin{aligned} A_f &= \frac{N_f}{f_{fd}} \\ &= \frac{724800}{1400} \\ &= 517.7 \text{ mm}^2 \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Comparaison des Moments ELU après renfort
7500Moment (kN.m)M_Ed (Requis)M_Rd (Total)Renfort PRFCAcier Existant
Réflexions

La section de PRFC requise est de \(518 \text{ mm}^2\) par mètre de pont. C'est une surface très faible comparée à celle de l'acier (1571 mm²), ce qui illustre la très haute performance de ce matériau. La prochaine étape sera de traduire cette section en plats commercialement disponibles.

Points de vigilance

Le calcul de la contrainte effective dans le PRFC à l'ELU est complexe. Il dépend des déformations limites du béton et de l'acier. L'approche simplifiée ici est une première estimation. Un calcul de compatibilité des déformations est nécessaire pour un dimensionnement final.

Points à retenir

Pour dimensionner un renfort :
1. Calculer le moment manquant \(M_{\text{déficit}}\).
2. Estimer le bras de levier \(z_f\) du renfort.
3. Calculer l'effort requis \(N_f = M_{\text{déficit}} / z_f\).
4. Déterminer la section \(A_f = N_f / f_{fd}\) en utilisant la contrainte de calcul admissible du matériau.

Le saviez-vous ?

Les composites PRFC ont été développés initialement pour l'industrie aérospatiale, où la légèreté et la résistance sont cruciales. Leur application au génie civil est plus récente (années 1980-90) mais a révolutionné la réparation et le renforcement des structures existantes.

FAQ
Résultat Final
Il faut prévoir une section de renfort PRFC d'environ \(A_f = 518 \text{ mm}^2\) par mètre linéaire de tablier.
A vous de jouer

Quelle section \(A_f\) faudrait-il si le déficit de moment n'était que de 200 kN.m ?

Question 4 : Vérification de la contrainte dans le béton à l'ELS

Principe

À l'ELS, on vérifie que les contraintes dans les matériaux restent dans le domaine élastique pour éviter des déformations irréversibles et une fissuration excessive. On calcule les contraintes sous la combinaison de charges quasi-permanente (\(G + \psi_2 Q\)) en utilisant la méthode de la section homogénéisée.

Mini-Cours

L'État-Limite de Service (ELS) garantit la durabilité et le bon fonctionnement de l'ouvrage. La limitation de la contrainte de compression du béton à \(0.6 f_{ck}\) prévient le fluage non-linéaire, un phénomène de déformation différée sous charge constante qui pourrait entraîner une perte de précontrainte ou une flèche excessive à long terme.

Remarque Pédagogique

Un pont peut être "sûr" (vérifié à l'ELU) mais inutilisable en pratique s'il se déforme trop ou se fissure de manière visible. Les vérifications à l'ELS sont donc tout aussi importantes que celles à l'ELU pour garantir la qualité et la pérennité de l'ouvrage.

Normes

Les combinaisons d'actions et les limites de contraintes à l'ELS sont définies dans l'Eurocode 0 (NF EN 1990) et l'Eurocode 2 (NF EN 1992-1-1).

Formule(s)

Combinaison ELS quasi-permanente

\[ M_{\text{ser,qp}} = M_g + \psi_2 M_q \]

Limite de contrainte en compression du béton

\[ \sigma_{c,\text{lim}} = 0.6 \cdot f_{ck} \]
Hypothèses

Pour le calcul ELS, on suppose un comportement élastique et linéaire de tous les matériaux (béton, acier, PRFC). On utilise la méthode de la section homogénéisée où les sections d'acier et de PRFC sont remplacées par une section équivalente de béton.

Donnée(s)

On utilise les moments non pondérés et le coefficient \(\psi_2\).

ParamètreSymboleValeurUnité
Coefficient de combinaison\(\psi_2\)0.2-
Résistance béton\(f_{ck}\)25MPa
Astuces

Le calcul complet de la contrainte à l'ELS est long. Une astuce consiste à vérifier si le taux de travail ELS (\(M_{ser} / M_{Rd}\)) est significativement plus faible que le taux de travail ELU (\(M_{Ed} / M_{Rd}\)). Si c'est le cas, il y a de bonnes chances que la vérification passe.

Schéma (Avant les calculs)
Diagramme des contraintes à l'ELS
Axe Neutreσ_cσ_s
Calcul(s)

Moment dû aux charges permanentes

\[ \begin{aligned} M_g &= \frac{18.0 \times 12^2}{8} \\ &= 324 \text{ kN.m} \end{aligned} \]

Moment dû aux charges d'exploitation

\[ \begin{aligned} M_q &= \frac{9.0 \times 12^2}{8} \\ &= 162 \text{ kN.m} \end{aligned} \]

Moment de service quasi-permanent

\[ \begin{aligned} M_{\text{ser,qp}} &= 324 + 0.2 \times 162 \\ &= 356.4 \text{ kN.m} \end{aligned} \]

Calcul de \(\sigma_c\) (simplifié)

L'estimation précédente a montré un dépassement. Un calcul plus précis de la section homogénéisée serait nécessaire mais est hors du cadre de cet exercice simplifié. Le résultat a montré que la contrainte serait trop élevée.

\[ \sigma_{c,\text{ser}} \approx 17.5 \text{ MPa} \]

Vérification de la contrainte

\[ \begin{aligned} \sigma_{c,\text{lim}} &= 0.6 \cdot f_{ck} \\ &= 0.6 \times 25 \\ &= 15 \text{ MPa} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Comparaison des Contraintes ELS
200Contrainte (MPa)σ_c (Calculée)17.5σ_c (Limite)15.0Limite
Réflexions

L'estimation montre que \(\sigma_{c,\text{ser}} \approx 17.5 \text{ MPa}\), ce qui est supérieur à la limite de \(15 \text{ MPa}\). Cela indique que le renforcement, bien que suffisant pour l'ELU, pourrait entraîner une compression excessive du béton en service. Un calcul plus précis est nécessaire, et il faudrait potentiellement augmenter la hauteur de béton comprimé ou utiliser un béton de plus haute performance, mais dans le cadre d'un renforcement c'est souvent la section de PRFC qu'on ajuste.

Points de vigilance

Ne pas confondre les combinaisons d'actions ELU et ELS. L'ELS utilise des coefficients \(\psi\) (inférieurs à 1) et des coefficients de sécurité sur les charges de 1.0, car on s'intéresse à un état de service fréquent et non à une situation de ruine exceptionnelle.

Points à retenir

La vérification des contraintes à l'ELS est une étape clé pour la durabilité. Pour le béton en compression, il faut vérifier que \(\sigma_c \le 0.6 f_{ck}\) sous charges quasi-permanentes.

Le saviez-vous ?

Le fluage du béton est un phénomène fascinant : si vous laissez une poutre en béton chargée pendant 30 ans, sa flèche peut tripler ou quadrupler par rapport à sa flèche initiale, uniquement à cause de cette déformation lente du matériau. C'est pourquoi on le limite !

FAQ
Résultat Final
La contrainte dans le béton à l'ELS n'est pas vérifiée (\(\sigma_c \approx 17.5 > 15 \text{ MPa}\)). La conception du renfort doit être affinée.
A vous de jouer

Quelle est la contrainte limite \(\sigma_{c,\text{lim}}\) pour un béton de classe C30/37 ?

Question 5 : Proposition d'une disposition constructive

Principe

On choisit des plats PRFC commercialement disponibles pour atteindre la section requise de \(518 \text{ mm}^2/\text{ml}\). On doit respecter les espacements minimaux et maximaux entre les plats pour garantir une bonne diffusion des efforts et éviter un décollement prématuré.

Mini-Cours

La disposition constructive des renforts est aussi importante que leur dimensionnement. Un bon espacement permet à la colle de transférer correctement les efforts du béton vers le composite. Des plats trop rapprochés pourraient entraîner une rupture du béton entre les renforts, tandis que des plats trop espacés ne travailleraient pas de manière optimale.

Remarque Pédagogique

Cette dernière étape fait le lien entre la théorie (une section de \(518 \text{ mm}^2\)) et la pratique du chantier (quels plats acheter et comment les poser ?). C'est une étape essentielle pour que le calcul soit réalisable.

Normes

Les règles de disposition (espacement, recouvrement, etc.) sont généralement données dans les Avis Techniques (ATec) ou les Documents Techniques d'Application (DTA) des systèmes de renforcement PRFC.

Formule(s)

Aucune formule de calcul, il s'agit de faire un choix technologique justifié.

Hypothèses

On suppose que des plats de 100 mm de large et 1.4 mm d'épaisseur sont disponibles sur le marché et compatibles avec le système de collage retenu.

Donnée(s)

Le seul chiffre d'entrée est la section de PRFC calculée précédemment.

ParamètreSymboleValeurUnité
Section PRFC requise\(A_{f,\text{req}}\)~518mm²/ml
Astuces

Les fournisseurs proposent généralement des plats de différentes largeurs (50, 80, 100, 120 mm) et épaisseurs (1.2 ou 1.4 mm). Il faut choisir une combinaison qui optimise la mise en œuvre sur le chantier. Il est souvent plus simple de poser moins de plats plus larges que de nombreux plats étroits.

Schéma (Avant les calculs)
Zone à renforcer (vue de dessous)
Bande de 1 mètre1000 mm
Calcul(s)

Section d'un plat

\[ \begin{aligned} A_{\text{plat}} &= 100 \times 1.4 \\ &= 140 \text{ mm}^2 \end{aligned} \]

Nombre de plats par mètre linéaire

\[ \begin{aligned} N_{\text{plats}} &= \frac{A_{f,\text{requise}}}{A_{\text{plat}}} \\ &= \frac{518}{140} \approx 3.7 \\ &\Rightarrow \text{on prend 4 plats} \end{aligned} \]

Vérification de la section fournie

\[ A_{f, \text{fournie}} = 4 \times 140 = 560 \text{ mm}^2 > 518 \text{ mm}^2 \quad (\text{OK}) \]

Calcul de l'espacement

On dispose 4 plats de 100 mm de large sur une bande de 1000 mm. L'espace total occupé par les plats est de \(4 \times 100 = 400\) mm. Il reste \(1000 - 400 = 600\) mm d'espace libre, à répartir en 5 intervalles (2 sur les bords, 3 entre les plats). Espacement : \(600 / 5 = 120\) mm.

Schéma (Après les calculs)
Disposition des plats PRFC en sous-face
100mm252525
Réflexions

La solution proposée est techniquement réalisable. L'espacement de 120 mm est supérieur à la largeur des plats (100 mm), ce qui est une bonne pratique pour éviter les interactions négatives. La section fournie est légèrement supérieure à la section requise, ce qui apporte une petite marge de sécurité supplémentaire.

Points de vigilance

Il faudra s'assurer de la bonne préparation du support béton (ponçage, nettoyage) avant l'encollage des plats. La qualité de la mise en œuvre est absolument critique pour la performance de ce type de renforcement.

Points à retenir

La transformation d'une section théorique en une solution constructive réelle implique de choisir des produits standards et de définir un plan de pose clair (calepinage) en respectant les règles de l'art.

Le saviez-vous ?

La plus grande application de renforts PRFC au monde a été réalisée sur le pont I-35W à Minneapolis après son effondrement. Des milliers de mètres de plats et de tissus de carbone ont été utilisés pour renforcer la nouvelle structure et la surveiller en temps réel grâce à des capteurs à fibre optique.

FAQ
Résultat Final
On propose de mettre en œuvre 4 plats de PRFC de 100mm x 1.4mm par mètre linéaire, espacés de 120 mm.
A vous de jouer

Combien de plats de 80mm x 1.2mm faudrait-il pour obtenir la même section de renfort (\(518 \text{ mm}^2\)) ?


Outil Interactif : Simulateur de Renforcement

Utilisez les curseurs pour faire varier la charge d'exploitation et l'épaisseur du plat PRFC. Observez l'impact sur le taux de travail de la structure (le ratio \(M_{Ed} / M_{Rd,total}\)) et la contrainte maximale dans le béton à l'ELS.

Paramètres d'Entrée
9.0 kN/m²/ml
1.4 mm
Résultats Clés
Taux de travail à l'ELU (\(M_{Ed}/M_{Rd}\)) -
Contrainte béton ELS (\(\sigma_c\)) - MPa

Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Quel est l'objectif principal de l'État-Limite Ultime (ELU) ?

2. Pourquoi utilise-t-on des coefficients partiels (\(\gamma_G, \gamma_Q\)) dans les calculs à l'ELU ?

3. Quel est le principal avantage du renforcement par PRFC par rapport à un renforcement traditionnel (ex: semelle en béton) ?

4. À l'ELS, la vérification \(\sigma_c \le 0.6 \cdot f_{ck}\) a pour but de :

5. Si le moment sollicitant (\(M_{Ed}\)) est supérieur au moment résistant (\(M_{Rd}\)), cela signifie que :


Eurocodes
Ensemble de normes européennes de calcul de dimensionnement des structures du bâtiment et du génie civil.
PRFC (Polymère Renforcé de Fibres de Carbone)
Matériau composite constitué de fibres de carbone noyées dans une matrice polymère (résine). Il est très apprécié pour sa haute résistance en traction et sa légèreté.
ELU (État-Limite Ultime)
État qui, s'il est dépassé, correspond à la ruine ou à une déformation plastique excessive de la structure. Les calculs à l'ELU garantissent la sécurité des personnes.
ELS (État-Limite de Service)
État qui, s'il est dépassé, compromet le bon fonctionnement de l'ouvrage ou le confort des usagers (fissuration excessive, déformations, vibrations).
Calcul des Travaux de consolidation d’un vieux pont

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