Évaluation et Protection contre la Corrosion

Évaluation et Protection contre la Corrosion

Évaluation et Protection contre la Corrosion

Contexte : Inspection d'un pont métallique en milieu côtier.

La durabilité des structures en acier est un enjeu majeur, particulièrement dans les environnements agressifs comme les zones côtières ou industrielles. La corrosion, si elle n'est pas maîtrisée, peut réduire l'épaisseur des éléments porteurs et compromettre la sécurité de l'ouvrage. Cet exercice simule le travail d'un ingénieur inspectant un pont en treillis métallique après plusieurs années de service. L'objectif est d'évaluer la vitesse de corrosion, de prédire la perte de matière sur le long terme et de déterminer si une intervention est nécessaire pour garantir la sécurité du pont jusqu'à la fin de sa durée de vie de conception.

Remarque Pédagogique : Cet exercice va au-delà du simple calcul de résistance à un instant T. Il introduit la dimension temporelle et l'importance de la maintenance préventive. Nous utiliserons les principes de la norme ISO 12944Norme internationale de référence pour la protection contre la corrosion des structures en acier par des systèmes de peinture. Elle définit les environnements, la préparation de surface et les systèmes de peinture. pour classer l'environnement, calculer une perte de section et vérifier la capacité résiduelle d'un élément structural critique.


Objectifs Pédagogiques

  • Déterminer une catégorie de corrosivitéClassification des environnements atmosphériques (de C1, très faible, à CX, extrême) en fonction de leur agressivité vis-à-vis de l'acier. selon la norme ISO 12944.
  • Calculer une vitesse de corrosion à partir de mesures sur site.
  • Projeter la perte d'épaisseur sur la durée de vie de l'ouvrage.
  • Vérifier la résistance d'un élément en traction en tenant compte de la section réduite par la corrosion.
  • Comprendre l'importance du choix d'un système de protection adapté.

Données de l'étude

Un pont en treillis métallique, situé en bord de mer, a été mis en service il y a 15 ans. Une inspection est menée sur une diagonale tendue, considérée comme un élément critique. Une plaque témoin non peinte, installée lors de la construction, révèle une perte d'épaisseur. On cherche à savoir si la diagonale restera sûre pour sa durée de vie totale de 50 ans.

Schéma du pont en treillis et de l'élément étudié
Détail de la diagonale Épaisseur initiale e_0 Épaisseur perdue
Vue 3D interactive du treillis
Paramètre Symbole Valeur Unité
Durée de vie de conception \(T_{\text{design}}\) 50 \(\text{ans}\)
Âge de l'ouvrage à l'inspection \(t_{\text{inspect}}\) 15 \(\text{ans}\)
Perte d'épaisseur mesurée \(\Delta e\) 1.2 \(\text{mm}\)
Profilé de la diagonale - Cornière 100x100x10 -
Effort de traction de calcul (ELU) \(N_{\text{Ed}}\) 350 \(\text{kN}\)
Nuance de l'acier - S355 -

Questions à traiter

  1. Déterminer la catégorie de corrosivité de l'environnement.
  2. Calculer la vitesse de corrosion moyenne (\(v_{\text{corr}}\)).
  3. Estimer la perte d'épaisseur totale à la fin de la durée de vie de conception.
  4. Vérifier si la section résiduelle de la diagonale est suffisante pour résister à l'effort de traction \(N_{\text{Ed}}\).

Les bases de la corrosion et de la norme ISO 12944

Avant de commencer, rappelons quelques principes fondamentaux.

1. Le Tétraèdre de la Corrosion :
La corrosion de l'acier nécessite quatre éléments : l'acier (Anode), un autre conducteur (Cathode, souvent une autre partie de l'acier), un électrolyte (l'eau) et de l'oxygène. Si l'un de ces éléments est supprimé (par exemple, en isolant l'acier de l'eau avec une peinture), la réaction s'arrête.

2. Catégories de Corrosivité (ISO 12944-2) :
La norme classe les environnements de C1 (intérieur chauffé, corrosivité très faible) à CX (offshore, extrême). Un environnement côtier à haute salinité est typiquement classé C5-M (très élevée, marine).

3. Vérification de la résistance en traction :
La résistance plastique d'une section en traction est donnée par :

\[ N_{\text{pl,Rd}} = \frac{A \cdot f_y}{\gamma_{\text{M0}}} \]

On doit toujours vérifier que l'effort appliqué \(N_{\text{Ed}}\) est inférieur à la résistance \(N_{\text{pl,Rd}}\). Pour un élément corrodé, on utilise l'aire résiduelle \(A_{\text{res}}\).


Correction : Évaluation et Protection contre la Corrosion

Question 1 : Déterminer la catégorie de corrosivité de l'environnement

Principe (le concept physique)

La vitesse à laquelle l'acier rouille dépend de son environnement. Les facteurs clés sont le temps d'humidité et la présence de polluants comme le sel (chlorures) ou le dioxyde de soufre. La norme ISO 12944 a créé une classification simple pour aider les ingénieurs à choisir la protection adéquate sans avoir à mesurer ces paramètres complexes.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Chaque catégorie de corrosivité (C1, C2, C3, C4, C5) est associée à une perte de masse ou d'épaisseur typique pour l'acier au carbone après un an d'exposition. Par exemple, pour C4 (industriel/côtier), la perte d'épaisseur est entre 50 et 80 micromètres (µm) la première année. Pour C5 (agressivité très élevée), elle est entre 80 et 200 µm.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

C'est la toute première étape de tout projet de protection. Se tromper de catégorie de corrosivité est l'erreur la plus fréquente et la plus grave : un système de peinture conçu pour un environnement C3 sera détruit en quelques années dans un environnement C5, entraînant des coûts de maintenance bien plus élevés que prévu.

Normes (la référence réglementaire)

La norme de référence est la ISO 12944-2. Elle fournit des exemples descriptifs pour chaque catégorie. Pour un "environnement côtier et offshore à haute salinité", la norme indique clairement la catégorie C5-M (M pour "Marine").

Formule(s) (l'outil mathématique)

Il n'y a pas de formule pour cette étape. C'est une détermination basée sur la description de l'environnement et les tables de la norme.

Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que la description "en bord de mer" correspond à une zone directement exposée aux embruns salins, justifiant la classification la plus sévère.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Localisation de l'ouvrage : Bord de mer.
Astuces(Pour aller plus vite)

En cas de doute entre deux catégories, il est toujours plus prudent de choisir la plus sévère. Le surcoût initial d'une protection plus performante est souvent bien inférieur au coût d'une réfection prématurée.

Schéma (Avant les calculs)
Processus de détermination de la catégorie
Description de l'environnement
(Bord de mer)
Consultation de la norme
(ISO 12944-2)
Catégorie de Corrosivité
C?
Calcul(s) (l'application numérique)

Selon la table A.1 de la norme ISO 12944-2, un environnement "Côtier et offshore" avec "haute salinité" correspond à la catégorie C5-M.

Schéma (Après les calculs)
Résultat de la classification
Description de l'environnement
(Bord de mer)
Consultation de la norme
(ISO 12944-2)
Catégorie de Corrosivité
C5-M (Très élevée, Marine)
Réflexions (l'interprétation du résultat)

La classification en C5-M confirme que l'environnement est extrêmement agressif. Cela signifie que l'acier non protégé se corrodera très rapidement, et que tout système de protection devra être particulièrement robuste et bien entretenu pour atteindre la durée de vie de 50 ans.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Ne pas sous-estimer l'influence des micro-climats. Une structure peut être à 1 km de la mer (catégorie C4) mais une partie peut être directement exposée aux vents dominants marins et aux embruns, la faisant passer localement en catégorie C5-M.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • La protection contre la corrosion commence par une bonne classification de l'environnement.
  • La norme de référence est l'ISO 12944.
  • Les environnements côtiers sont parmi les plus agressifs (C4 ou C5-M).
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

La corrosion coûte cher ! On estime que son coût direct et indirect représente entre 3% et 4% du Produit Intérieur Brut (PIB) des pays industrialisés. Une bonne conception et une maintenance adaptée permettent de réaliser des économies considérables.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
L'environnement est classé en catégorie de corrosivité C5-M (Très élevée, Marine).
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si le pont était situé en zone rurale, loin de la mer et de toute pollution, quelle serait sa catégorie de corrosivité probable ?

Question 2 : Calculer la vitesse de corrosion moyenne (\(v_{\text{corr}}\))

Principe (le concept physique)

La vitesse de corrosion est une mesure de la rapidité avec laquelle le métal est "consommé" par la réaction de rouille. En mesurant la perte d'épaisseur sur une période connue, on peut calculer une vitesse moyenne. Cette vitesse est la donnée la plus importante pour prédire l'état futur de la structure.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

La corrosion n'est pas toujours linéaire. Elle est souvent plus rapide les premières années, puis peut ralentir à mesure qu'une couche de rouille (plus ou moins protectrice) se forme. Cependant, pour des calculs de conception et de maintenance à long terme, l'utilisation d'une vitesse moyenne linéaire est une pratique courante et généralement conservative (elle surestime légèrement la perte à long terme).

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

C'est ici que l'ingénierie passe de la théorie (classification de l'environnement) à la pratique (mesure sur site). Les plaques témoins sont un excellent outil car elles donnent une mesure réelle de l'agressivité de l'environnement spécifique à l'ouvrage, qui peut être plus ou moins sévère que ce que la norme prédit.

Normes (la référence réglementaire)

La méthode de mesure de la perte d'épaisseur sur des plaques témoins est standardisée (par exemple, dans la norme ISO 9226). Les vitesses de corrosion sont généralement exprimées en micromètres par an (µm/an).

Formule(s) (l'outil mathématique)

La vitesse de corrosion moyenne est simplement la perte d'épaisseur divisée par le temps d'exposition.

\[ v_{\text{corr}} = \frac{\Delta e}{t_{\text{inspect}}} \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que la perte d'épaisseur mesurée sur la plaque témoin est représentative de la corrosion qui se produirait sur la structure si elle n'était pas protégée. On suppose également que la vitesse de corrosion est constante dans le temps.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Perte d'épaisseur mesurée, \(\Delta e = 1.2 \, \text{mm}\)
  • Temps d'exposition, \(t_{\text{inspect}} = 15 \, \text{ans}\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Attention aux unités ! La perte est en mm, le temps en années. Le résultat sera en mm/an. Pour le comparer aux valeurs des normes, il faudra le convertir en micromètres par an (1 mm = 1000 µm).

Schéma (Avant les calculs)
Calcul de la vitesse de corrosion
Perte d'épaisseur
Δe = 1.2 mm
÷
Temps d'exposition
t = 15 ans
=
Vitesse de corrosion
v_corr = ?
Calcul(s) (l'application numérique)

1. Calcul de la vitesse en mm/an :

\[ \begin{aligned} v_{\text{corr}} &= \frac{1.2 \, \text{mm}}{15 \, \text{ans}} \\ &= 0.08 \, \text{mm/an} \end{aligned} \]

2. Conversion en µm/an :

\[ \begin{aligned} v_{\text{corr}} &= 0.08 \, \text{mm/an} \times 1000 \, \frac{\text{µm}}{\text{mm}} \\ &= 80 \, \text{µm/an} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Vitesse de corrosion mesurée
Perte d'épaisseurTempsPente = v_corr = 80 µm/an
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Une vitesse de 80 µm/an est significative. Elle se situe à la limite inférieure de la plage de la catégorie C5 (80 à 200 µm/an), ce qui confirme que la classification C5-M de la question 1 était correcte et pertinente. Nous avons maintenant une valeur chiffrée pour nos prédictions.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Ne pas se fier à une seule mesure. En pratique, on utiliserait plusieurs plaques témoins et on effectuerait des mesures d'épaisseur par ultrasons directement sur la structure pour obtenir une valeur statistiquement plus robuste de la vitesse de corrosion.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • La vitesse de corrosion se calcule en divisant la perte de matière par le temps.
  • Elle s'exprime généralement en micromètres par an (µm/an).
  • C'est la donnée clé pour estimer la durabilité résiduelle d'une structure.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

Certains aciers, appelés "aciers auto-patinables" (le plus connu est le Corten), sont conçus pour développer une couche de rouille très dense et adhérente qui, une fois formée, ralentit considérablement la corrosion ultérieure. C'est une sorte de "bonne" rouille qui protège l'acier en dessous.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
La vitesse de corrosion moyenne est de 80 µm/an.
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si la perte mesurée après 20 ans avait été de 1.0 mm, quelle aurait été la vitesse de corrosion en µm/an ?

Question 3 : Estimer la perte d'épaisseur totale à la fin de la durée de vie

Principe (le concept physique)

En utilisant la vitesse de corrosion que nous venons de calculer, nous pouvons maintenant faire une projection dans le futur. En supposant que la corrosion continue au même rythme, nous pouvons estimer combien de millimètres d'acier auront été perdus à la fin de la durée de vie prévue pour le pont.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Cette extrapolation linéaire est un modèle simple mais puissant pour la planification de la maintenance. Des modèles plus complexes existent (lois de puissance, modèles probabilistes) mais pour une première évaluation, l'approche linéaire est la plus courante dans les normes et guides techniques.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

C'est le cœur de l'ingénierie de maintenance : prédire l'avenir à partir des données du passé et du présent. Cette estimation nous permettra de prendre une décision éclairée : peut-on laisser la structure en l'état ou faut-il intervenir ?

Normes (la référence réglementaire)

L'Eurocode 3 (NF EN 1993-1-1, Annexe C) fournit des indications sur la prise en compte de la corrosion dans le calcul des structures, notamment en définissant une épaisseur de sacrifice à déduire de l'épaisseur nominale.

Formule(s) (l'outil mathématique)

La perte d'épaisseur totale est la vitesse de corrosion multipliée par la durée de vie totale de conception.

\[ e_{\text{perdue, tot}} = v_{\text{corr}} \times T_{\text{design}} \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que la vitesse de corrosion restera constante sur les 50 ans. C'est une hypothèse simplificatrice mais conservative.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Vitesse de corrosion, \(v_{\text{corr}} = 0.08 \, \text{mm/an}\)
  • Durée de vie de conception, \(T_{\text{design}} = 50 \, \text{ans}\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Assurez-vous que les unités sont cohérentes. Si la vitesse est en mm/an et la durée en années, le résultat sera directement en mm, ce qui est pratique pour la suite des calculs.

Schéma (Avant les calculs)
Extrapolation de la perte d'épaisseur
Perte (mm)Temps (ans)15 ans, 1.2mm50 ans, ? mm
Calcul(s) (l'application numérique)
\[ \begin{aligned} e_{\text{perdue, tot}} &= (0.08 \, \text{mm/an}) \times (50 \, \text{ans}) \\ &= 4.0 \, \text{mm} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Perte d'épaisseur totale projetée
Vitesse
80 µm/an
×
Durée de vie
50 ans
=
Perte totale
4.0 mm
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Une perte de 4 mm sur une épaisseur initiale de 10 mm est extrêmement préoccupante. Cela représente 40% de la section initiale de l'élément. Il est très probable que la diagonale ne soit plus en mesure d'assurer son rôle structurel à la fin de sa durée de vie si aucune mesure n'est prise.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Ne pas confondre la durée de vie restante avec la durée de vie totale. Le calcul doit être fait sur la durée totale de conception (ici 50 ans) pour estimer l'état final de la structure.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • La perte de matière future est estimée par extrapolation linéaire.
  • Perte totale = Vitesse × Durée de vie totale.
  • Cette valeur est cruciale pour la vérification de la capacité résiduelle de la structure.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

Pour les structures immergées comme les plateformes pétrolières ou les coques de navires, on utilise la protection cathodique. Elle consiste à utiliser des anodes "sacrificielles" (souvent en zinc ou en aluminium) qui se corrodent à la place de l'acier, ou à imposer un courant électrique pour inverser la réaction de corrosion.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
La perte d'épaisseur totale estimée sur 50 ans est de 4.0 mm.
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si la durée de vie de conception était de 75 ans, quelle serait la perte d'épaisseur totale en mm ?

Question 4 : Vérifier si la section résiduelle est suffisante

Principe (le concept physique)

C'est l'étape cruciale où l'on combine l'étude de la corrosion avec la mécanique des structures. Nous allons calculer la section transversale de la cornière qui restera à la fin des 50 ans, puis vérifier si cette section réduite est encore capable de supporter l'effort de traction maximal pour lequel elle a été conçue.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

L'aire d'une cornière à ailes égales \(L \times L \times e\) n'est pas simplement \(2 \times L \times e\), car on compterait le coin deux fois. L'aire exacte est \(A = (2L - e) \cdot e\). La perte de section due à la corrosion sur toutes les faces exposées doit être calculée avec soin pour déterminer l'aire résiduelle.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Ce calcul montre concrètement le lien entre la durabilité et la sécurité. Une perte de matière due à la corrosion se traduit directement par une diminution de la capacité portante. C'est pourquoi un ingénieur en structure doit aussi être un ingénieur en matériaux.

Normes (la référence réglementaire)

La vérification de la résistance en traction est donnée par la clause 6.2.3 de l'Eurocode 3 (NF EN 1993-1-1). La condition à vérifier est :

\[ \frac{N_{\text{Ed}}}{N_{t,Rd}} \le 1.0 \]

où \(N_{t,Rd}\) est la résistance en traction de calcul de la section, qui pour la résistance plastique est \(N_{pl,Rd}\).

Formule(s) (l'outil mathématique)

1. Aire initiale :

\[ A_{\text{init}} = (2 \cdot L - e_{\text{init}}) \cdot e_{\text{init}} \]

2. Aire résiduelle (après perte \(e_{\text{perdue}}\) sur chaque face) :

\[ A_{\text{res}} = (2 \cdot L - e_{\text{res}}) \cdot e_{\text{res}} \quad \text{avec} \quad e_{\text{res}} = e_{\text{init}} - e_{\text{perdue, tot}} \]

3. Résistance résiduelle :

\[ N_{\text{pl,Rd,res}} = \frac{A_{\text{res}} \cdot f_y}{\gamma_{\text{M0}}} \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que la corrosion est uniforme sur toute la surface de la cornière. En réalité, elle peut être plus sévère dans les zones où l'eau stagne (zones de rétention).

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Profilé : Cornière 100x100x10 \(\Rightarrow L=100\) mm, \(e_{\text{init}}=10\) mm
  • Perte d'épaisseur totale, \(e_{\text{perdue, tot}} = 4.0 \, \text{mm}\)
  • Effort de calcul, \(N_{\text{Ed}} = 350 \, \text{kN} = 350000 \, \text{N}\)
  • Limite d'élasticité, \(f_y = 355 \, \text{MPa}\) (pour S355)
  • \(\gamma_{\text{M0}} = 1.0\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Faites tous les calculs de section en mm² pour être cohérent avec la limite d'élasticité en MPa (N/mm²). Le résultat de la résistance sera alors directement en Newtons (N).

Schéma (Avant les calculs)
Réduction de la section de la cornière
Vérification
Calcul(s) (l'application numérique)

1. Calcul de l'aire initiale :

\[ \begin{aligned} A_{\text{init}} &= (2 \cdot 100 \, \text{mm} - 10 \, \text{mm}) \cdot 10 \, \text{mm} \\ &= 190 \cdot 10 \\ &= 1900 \, \text{mm}^2 \end{aligned} \]

2. Calcul de l'épaisseur et de l'aire résiduelles :

\[ \begin{aligned} e_{\text{res}} &= e_{\text{init}} - e_{\text{perdue, tot}} \\ &= 10 \, \text{mm} - 4.0 \, \text{mm} \\ &= 6.0 \, \text{mm} \end{aligned} \]
\[ \begin{aligned} A_{\text{res}} &= (2 \cdot 100 \, \text{mm} - 6.0 \, \text{mm}) \cdot 6.0 \, \text{mm} \\ &= 194 \cdot 6.0 \\ &= 1164 \, \text{mm}^2 \end{aligned} \]

3. Calcul de la résistance résiduelle :

\[ \begin{aligned} N_{\text{pl,Rd,res}} &= \frac{A_{\text{res}} \cdot f_y}{\gamma_{\text{M0}}} \\ &= \frac{1164 \, \text{mm}^2 \cdot 355 \, \text{N/mm}^2}{1.0} \\ &= 413220 \, \text{N} \\ &= 413.2 \, \text{kN} \end{aligned} \]

4. Vérification finale :

\[ \frac{N_{\text{Ed}}}{N_{\text{pl,Rd,res}}} = \frac{350 \, \text{kN}}{413.2 \, \text{kN}} = 0.85 \le 1.0 \quad \Rightarrow \text{CONFORME} \]
Schéma (Après les calculs)
Comparaison Effort vs Résistance Résiduelle
Effort appliqué N_Ed = 350 kNRésistance résiduelle N_Rd = 413.2 kNCONFORME ✔️
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Malgré une perte de section de près de 40%, la diagonale reste structurellement sûre, avec un ratio de travail de 85%. Cela indique que l'élément avait probablement une marge de sécurité importante lors de sa conception initiale. Cependant, bien que la rupture ne soit pas imminente, une perte de 40% est inacceptable pour la durabilité. Une intervention (nettoyage et application d'un nouveau système de peinture) est impérative pour stopper la corrosion et garantir la sécurité à long terme.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Ne pas oublier de recalculer l'aire avec la nouvelle épaisseur. Une erreur commune est de simplement soustraire une "aire perdue" de l'aire initiale, ce qui est mathématiquement incorrect pour des formes comme les cornières.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • La corrosion réduit la section d'acier et donc sa capacité portante.
  • La vérification finale consiste à comparer l'effort de calcul à la résistance de la section résiduelle.
  • Même si la vérification est satisfaite, une perte de section importante nécessite une action de maintenance.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

La fatigue est un autre phénomène qui affecte les ponts. Les millions de passages de véhicules créent des cycles de contrainte qui peuvent initier des fissures, même pour des efforts bien inférieurs à la limite élastique. L'inspection des ponts métalliques recherche donc à la fois la corrosion et les fissures de fatigue, souvent aux points de connexion.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
La section résiduelle de la diagonale est suffisante pour reprendre l'effort de traction de calcul (Ratio = 0.85).
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Quelle serait l'aire résiduelle (en mm²) si la perte d'épaisseur totale était de 5 mm ?


Outil Interactif : Durabilité de la Structure

Modifiez l'agressivité de l'environnement et l'épaisseur initiale pour voir l'impact sur la durée de vie sécuritaire de l'élément.

Paramètres d'Entrée
10 mm
350 kN
Résultats Clés
Épaisseur minimale requise (mm) -
Durée de vie sécuritaire (ans) -
État à 50 ans -

Le Saviez-Vous ?

La Statue de la Liberté est un exemple célèbre de corrosion galvaniqueCorrosion accélérée qui se produit lorsque deux métaux différents sont en contact électrique dans un électrolyte. Le métal le moins noble (plus "anodique") se corrode préférentiellement.. Sa peau en cuivre était initialement fixée à sa structure en fer forgé par des armatures en cuivre. Lors d'une rénovation, ces armatures ont été remplacées par de l'acier. Le contact entre l'acier (moins noble) et le cuivre (plus noble), en présence de l'humidité de l'air, a provoqué une corrosion très rapide de la structure en acier, nécessitant une rénovation majeure dans les années 1980.


Quels sont les principaux types de protection contre la corrosion ?

Il y en a principalement trois : 1) La protection par revêtement (peinture, poudre) qui crée une barrière entre l'acier et l'environnement. 2) La protection par galvanisation, où l'acier est recouvert d'une couche de zinc qui agit à la fois comme barrière et comme anode sacrificielle. 3) La protection cathodique (utilisée pour les structures enterrées ou immergées) qui utilise un courant électrique pour empêcher la réaction de corrosion.

La peinture arrête-t-elle la corrosion pour toujours ?

Non, aucun système de peinture n'est éternel. Il a une "durabilité" (faible, moyenne, haute, très haute) qui correspond à la durée estimée avant la première maintenance majeure. Pour une durabilité "haute" (H) de plus de 15 ans en C5-M, un système de peinture très performant et épais est nécessaire, et des inspections régulières sont indispensables pour réparer les éclats ou les dégradations avant que la corrosion ne s'installe en dessous.


Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Quel élément n'est PAS nécessaire pour que la corrosion de l'acier se produise ?

2. Un système de protection par "galvanisation à chaud" consiste à recouvrir l'acier d'une couche de...


Catégorie de Corrosivité
Classification des environnements atmosphériques (de C1, très faible, à CX, extrême) en fonction de leur agressivité vis-à-vis de l'acier, définie par la norme ISO 12944.
Corrosion Galvanique
Corrosion accélérée qui se produit lorsque deux métaux différents sont en contact électrique dans un électrolyte. Le métal le moins noble (plus "anodique") se corrode préférentiellement pour protéger le plus noble.
ISO 12944
Norme internationale de référence pour la protection contre la corrosion des structures en acier par des systèmes de peinture. Elle définit les environnements, la préparation de surface et les systèmes de peinture adaptés.
Évaluation et Protection contre la Corrosion

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