Drainage et évacuation des eaux
Contexte : La maîtrise des eaux de pluie, un enjeu majeur en aménagement.
En Voiries et Réseaux Divers (VRD), la gestion des eaux pluviales est une compétence essentielle pour assurer la pérennité des aménagements et la sécurité des usagers. Un mauvais dimensionnement peut entraîner des inondations, l'érosion des sols et la dégradation des infrastructures. Cet exercice vous propose de dimensionner une canalisation pour un petit lotissement en utilisant la méthode rationnelleMéthode de calcul hydrologique utilisée pour estimer le débit de pointe du ruissellement pour un bassin versant. C'est la méthode la plus courante pour les petits bassins versants urbains (< 200 ha)., une approche fondamentale en hydrologie urbaine, et de vérifier son bon fonctionnement hydraulique avec la formule de Manning-StricklerÉquation empirique qui décrit la relation entre la vitesse d'écoulement de l'eau dans un canal, la géométrie du canal et la pente. Elle est fondamentale pour le dimensionnement des conduites et canaux à écoulement libre..
Remarque Pédagogique : Cet exercice illustre le travail de l'ingénieur VRD. À partir de données d'aménagement (surfaces, types de revêtements) et de données climatiques (pluviométrie), nous allons déterminer les caractéristiques d'un ouvrage (le diamètre d'une canalisation) pour qu'il remplisse sa fonction en toute sécurité. C'est un parfait exemple de l'application de principes d'hydrologie et d'hydraulique à un cas concret.
Objectifs Pédagogiques
- Calculer un coefficient de ruissellementValeur sans dimension (entre 0 et 1) qui représente la part de la pluie qui ruisselle et n'est pas absorbée par le sol. Il dépend de la nature et de la pente du terrain (ex: 0.9 pour un toit, 0.2 pour un jardin). pondéré pour un bassin versant composite.
- Déterminer une intensité de pluieHauteur d'eau tombée par unité de temps (en mm/h ou L/s/ha). Pour le dimensionnement, on utilise une intensité de projet basée sur une période de retour et une durée de concentration. de projet à partir de données locales.
- Appliquer la méthode rationnelle pour calculer un débit de pointe.
- Utiliser la formule de Manning-Strickler pour dimensionner une canalisation à écoulement libre.
- Vérifier les critères de bon fonctionnement hydraulique (vitesse d'autocurage, taux de remplissage).
Données de l'étude
Plan de masse schématique du lotissement
Paramètre | Symbole / Valeur | Unité |
---|---|---|
Surface totale du bassin versant | \(A = 1.5\) | \(\text{ha}\) |
Part des toitures (C=0.9) | 30% | - |
Part des voiries (C=0.85) | 45% | - |
Part des espaces verts (C=0.2) | 25% | - |
Pente de la canalisation | \(p = 1.5\) | % |
Coefficient de rugosité de Manning-Strickler (PVC) | \(K = 100\) | \(\text{m}^{1/3}/\text{s}\) |
Questions à traiter
- Calculer le coefficient de ruissellement pondéré \(C_p\) pour l'ensemble du lotissement.
- Calculer l'intensité pluviométrique de projet \(i\) en L/s/ha.
- Déterminer le débit de pointe \(Q_p\) à l'exutoire du bassin versant en L/s.
- Dimensionner le diamètre commercial de la canalisation en PVC nécessaire et vérifier que la vitesse d'écoulement et le taux de remplissage sont conformes aux règles de l'art (V > 0.6 m/s et h/D < 85%).
Les bases de l'Hydrologie Urbaine
Avant de commencer la correction, rappelons les deux formules fondamentales de cet exercice.
1. La Méthode Rationnelle :
Cette méthode simple et efficace permet d'estimer le débit maximal généré par une pluie sur un petit bassin versant. Elle relie le débit à la surface, à la nature du sol et à l'intensité de la pluie. La formule est :
\[ Q_p = C \cdot i \cdot A \]
Avec \(Q_p\) en \(\text{L/s}\), \(C\) sans dimension, \(i\) en \(\text{L/s/ha}\) et \(A\) en hectares (\(\text{ha}\)).
2. La Formule de Manning-Strickler :
Cette formule d'hydraulique permet de calculer le débit que peut transiter une canalisation en fonction de sa géométrie, sa pente et sa rugosité. Pour un écoulement à pleine section :
\[ Q_{\text{ps}} = K \cdot S \cdot \left(\frac{D}{4}\right)^{2/3} \cdot \sqrt{p} \]
Avec \(Q_{\text{ps}}\) le débit à pleine section (\(\text{m}^3/\text{s}\)), \(K\) le coefficient de rugosité, \(S\) la section mouillée (\(\text{m}^2\)), \(D\) le diamètre (\(\text{m}\)) et \(p\) la pente (\(\text{m/m}\)).
Correction : Drainage et évacuation des eaux
Question 1 : Calculer le coefficient de ruissellement pondéré (Cp)
Principe (le concept physique)
Un bassin versant urbain est rarement homogène. Il est composé de différentes surfaces (toits, routes, pelouses) qui ne réagissent pas de la même manière à la pluie. Les surfaces imperméables (toits, bitume) génèrent beaucoup de ruissellement, tandis que les surfaces perméables (jardins) en absorbent une grande partie. Le coefficient de ruissellement pondéré est simplement la moyenne des coefficients de chaque type de surface, pondérée par la superficie qu'occupe chaque surface.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
Le concept de ruissellement est au cœur de l'hydrologie. Il représente la part des précipitations qui s'écoule sur une surface, le reste étant intercepté par la végétation, évaporé ou infiltré dans le sol. Le coefficient C est une simplification empirique de ces processus complexes. En milieu urbain, l'augmentation des surfaces imperméables (un processus appelé "imperméabilisation des sols") augmente drastiquement le coefficient C moyen d'un secteur, ce qui accroît les volumes et les débits de ruissellement.
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
Imaginez que vous versez un verre d'eau sur une éponge (faible C) et sur une plaque de verre (fort C). La quantité d'eau qui s'écoule immédiatement de chaque surface est très différente. Le calcul du C pondéré, c'est comme calculer la "réponse moyenne" d'une surface composée à la fois de morceaux d'éponge et de morceaux de verre.
Normes (la référence réglementaire)
Les valeurs des coefficients de ruissellement ne sont pas inventées. Elles sont issues de nombreuses campagnes de mesures et sont répertoriées dans des guides techniques et des normes. En France, des documents comme le "Guide Technique des Eaux Pluviales" ou les fascicules du CCTG (Cahier des Clauses Techniques Générales) fournissent des valeurs de référence pour différents types d'aménagements.
Formule(s) (l'outil mathématique)
Le coefficient pondéré \(C_p\) se calcule comme suit :
Où \(C_j\) est le coefficient de la surface \(j\) et \(\%A_j\) est son pourcentage de la surface totale.
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que les coefficients de ruissellement choisis (0.9, 0.85, 0.2) sont représentatifs des matériaux qui seront effectivement mis en œuvre. On suppose également que les pourcentages de surface sont corrects.
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Toitures : 30% de la surface, \(C=0.9\)
- Voiries : 45% de la surface, \(C=0.85\)
- Espaces verts : 25% de la surface, \(C=0.2\)
Astuces(Pour aller plus vite)
Pour éviter les erreurs, vous pouvez faire le calcul sous forme de tableau à trois colonnes : Surface (%), Coeff. C, et Produit (% x C). La somme de la troisième colonne vous donnera directement le \(C_p\). C'est une méthode visuelle et facile à vérifier.
Schéma (Avant les calculs)
Répartition des surfaces du bassin versant
Calcul(s) (l'application numérique)
On applique la formule en utilisant les pourcentages de surface.
Schéma (Après les calculs)
Coefficient de Ruissellement Pondéré
Réflexions (l'interprétation du résultat)
On obtient un coefficient pondéré d'environ 0.7. Cela signifie que, en moyenne, 70% de la pluie qui tombe sur le lotissement va ruisseler et devra être évacuée par le réseau. C'est une valeur typique pour une zone résidentielle moyennement dense.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
L'erreur la plus commune est une faute de frappe dans les pourcentages ou les coefficients. Assurez-vous aussi que la somme des pourcentages de surface fait bien 100%. Une petite erreur ici se répercutera sur tout le reste du dimensionnement.
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- Le \(C_p\) est une moyenne des C de chaque surface, pondérée par leur superficie.
- Il représente la part de pluie qui ruisselle sur l'ensemble du bassin versant.
- Plus un aménagement est imperméabilisé, plus son \(C_p\) est élevé.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Face à l'imperméabilisation croissante, les nouvelles techniques d'aménagement visent à réduire le C en favorisant l'infiltration à la source : pavés drainants, noues paysagères, toitures végétalisées... C'est ce qu'on appelle la gestion intégrée des eaux pluviales, qui cherche à imiter le cycle naturel de l'eau.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Si on remplaçait 10% des voiries par des espaces verts, quel serait le nouveau \(C_p\) ? (Voiries: 35%, Espaces verts: 35%)
Question 2 : Calculer l'intensité pluviométrique de projet (i)
Principe (le concept physique)
L'intensité d'une pluie n'est pas constante. Les averses très intenses sont généralement de courte durée. Pour dimensionner un réseau, on ne prend pas la pluie la plus forte jamais enregistrée (ce serait trop cher), mais une "pluie de projet" qui a une probabilité de se produire définie par une période de retour (ici, 10 ans). L'intensité de cette pluie dépend de sa durée. En utilisant la méthode rationnelle, on considère que la durée critique est le temps de concentration (\(t_c\)), c'est-à-dire le temps que met l'eau pour parcourir le chemin le plus long jusqu'à l'exutoire.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
Les courbes Intensité-Durée-Fréquence (IDF) sont des outils statistiques construits à partir de décennies de relevés pluviométriques. Pour un lieu donné, elles donnent l'intensité moyenne maximale d'une pluie pour une durée et une fréquence (ou période de retour) données. La formule de Montana (\(i = a \cdot t^b\)) est un ajustement mathématique de ces courbes, très utilisé en France pour sa simplicité.
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
Pensez à un seau que vous voulez faire déborder. Vous pouvez soit le remplir avec un filet d'eau pendant très longtemps (faible intensité, longue durée), soit l'exposer à une averse tropicale très brève (forte intensité, courte durée). Les courbes IDF nous disent exactement quelle est l'intensité de l'averse la plus forte à attendre pour une durée donnée (ici, 15 minutes).
Normes (la référence réglementaire)
Les paramètres 'a' et 'b' des courbes de Montana sont spécifiques à chaque région. Ils sont fournis par des organismes comme Météo-France. De plus, des documents réglementaires comme l'Instruction Technique de 1977 ("Instruction technique relative aux réseaux d'assainissement des agglomérations") définissent les méthodologies de calcul et les périodes de retour à utiliser selon le type de zone à protéger.
Formule(s) (l'outil mathématique)
La formule de Montana donne l'intensité \(i\) (en \(\text{mm/min}\)) en fonction de la durée \(t\) (en \(\text{min}\)) :
La conversion utile est : \(1 \, \text{mm/h} \approx 2.78 \, \text{L/s/ha}\).
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que le temps de concentration de 15 minutes a été estimé correctement. C'est une des plus grandes sources d'incertitude dans la méthode. On suppose aussi que la formule de Montana pour T=10 ans est adaptée à notre site.
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Paramètres de Montana : \(a = 5.9\), \(b = -0.65\)
- Temps de concentration, \(t_c = 15 \, \text{min}\)
Astuces(Pour aller plus vite)
Attention aux unités ! La formule de Montana donne des \(\text{mm/min}\). Il faut multiplier par 60 pour avoir des \(\text{mm/h}\). Ensuite, pour passer en \(\text{L/s/ha}\), le facteur de conversion est \(10000 / 3600 \approx 2.778\). Mémorisez ce facteur, il est très utile en VRD.
Schéma (Avant les calculs)
Courbe IDF de Montana (schématique)
Calcul(s) (l'application numérique)
1. Calcul de l'intensité en \(\text{mm/min}\) :
2. Conversion en \(\text{mm/h}\) :
3. Conversion en \(\text{L/s/ha}\) :
Schéma (Après les calculs)
Point de projet sur la courbe IDF
Réflexions (l'interprétation du résultat)
L'intensité de 188 L/s/ha représente la pluie "décennale" (période de retour 10 ans) d'une durée de 15 minutes pour le site de notre projet. C'est une pluie déjà conséquente. Si on avait pris un temps de concentration plus court (ex: 5 min), l'intensité aurait été bien plus forte.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
Ne jamais utiliser une formule de Montana d'une autre région sans vérification ! Les paramètres 'a' et 'b' varient considérablement. De plus, une erreur dans le calcul de la puissance négative est fréquente. Utilisez une calculatrice scientifique et vérifiez que l'intensité diminue bien quand la durée augmente.
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- L'intensité de projet dépend de la durée et de la période de retour.
- Dans la méthode rationnelle, on prend une durée égale au temps de concentration \(t_c\).
- Les formules (type Montana) sont empiriques et locales.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Avec le changement climatique, les événements pluvieux extrêmes deviennent plus fréquents et plus intenses. De nombreux gestionnaires de réseaux et chercheurs travaillent à l'actualisation des courbes IDF pour prendre en compte cette nouvelle donne et s'assurer que les infrastructures de demain seront résilientes.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Quelle serait l'intensité en L/s/ha pour un temps de concentration de 30 minutes ?
Question 3 : Déterminer le débit de pointe (Qp)
Principe (le concept physique)
Le débit de pointe est le débit maximal que le réseau devra évacuer. Il est atteint lorsque l'ensemble du bassin versant contribue à l'écoulement à l'exutoire, ce qui se produit au bout du temps de concentration. La méthode rationnelle combine les trois facteurs : quelle surface est concernée (A), quelle proportion de la pluie ruisselle (C), et quelle est l'intensité de cette pluie (i).
Mini-Cours (approfondissement théorique)
La formule \(Q = C \cdot i \cdot A\) est l'une des plus anciennes et des plus utilisées en hydrologie. Elle repose sur l'hypothèse d'un équilibre : au temps de concentration, le débit sortant de l'exutoire est égal au débit de ruissellement généré sur l'ensemble de la surface. Elle ne décrit pas l'évolution du débit dans le temps (l'hydrogramme), mais seulement sa valeur maximale, ce qui est souvent suffisant pour le dimensionnement de conduites.
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
C'est l'étape la plus simple en termes de calcul, mais c'est la synthèse de tout le travail précédent. Pensez à un entonnoir : le débit qui en sort (\(Q_p\)) dépend de sa taille (\(A\)), du débit de la bouteille que vous versez dedans (\(i\)), et de la quantité d'eau qui reste collée aux parois (\(1-C\)). Notre calcul combine ces trois informations pour connaître le flux maximal à la sortie.
Normes (la référence réglementaire)
La méthode rationnelle est recommandée par la plupart des guides techniques pour les bassins versants de petite taille, généralement considérés comme inférieurs à 200 hectares. Pour des bassins plus grands, les phénomènes de propagation et de stockage de l'eau deviennent prépondérants et des méthodes plus complexes (modèles hydrologiques) sont nécessaires.
Formule(s) (l'outil mathématique)
On applique la méthode rationnelle :
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que l'intensité de la pluie est uniforme sur l'ensemble du bassin versant et constante pendant toute la durée de concentration. C'est une simplification raisonnable pour des petits bassins et des averses convectives.
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Coefficient de ruissellement pondéré, \(C_p = 0.7025\) (de Q1)
- Intensité de projet, \(i = 187.8 \, \text{L/s/ha}\) (de Q2)
- Surface du bassin versant, \(A = 1.5 \, \text{ha}\)
Astuces(Pour aller plus vite)
La beauté de la formule est la cohérence des unités. Si vous utilisez C (sans unité), i (en \(\text{L/s/ha}\)) et A (en \(\text{ha}\)), les "\(\text{ha}\)" s'annulent et le résultat est directement en \(\text{L/s}\). C'est le système d'unités le plus pratique pour ce calcul.
Schéma (Avant les calculs)
Composantes du Débit de Pointe
Calcul(s) (l'application numérique)
On multiplie les trois termes pour obtenir le débit en \(\text{L/s}\).
Schéma (Après les calculs)
Hydrogramme de Crue (schématique)
Réflexions (l'interprétation du résultat)
Le réseau devra être capable d'évacuer un débit de pointe de près de 200 L/s. C'est cette valeur qui sert de base au dimensionnement de la canalisation. Sous-estimer ce débit mènerait à un sous-dimensionnement et à des risques de débordement.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
Vérifiez que vous utilisez bien le coefficient pondéré \(C_p\) et non un des coefficients partiels. Assurez-vous également de la cohérence des unités entre l'intensité et la surface. C'est une multiplication simple, mais une erreur d'inattention est vite arrivée.
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- Le débit de pointe est le produit des 3 facteurs : \(Q_p = C \cdot i \cdot A\).
- Il représente le débit maximal à l'exutoire du bassin versant.
- C'est la valeur clé pour le dimensionnement des ouvrages d'évacuation.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
La méthode rationnelle ne donne que le pic de l'hydrogramme (le graphique du débit en fonction du temps). Pour dimensionner des ouvrages de stockage (bassins de rétention), qui doivent gérer un volume d'eau, on a besoin de l'hydrogramme complet. On utilise alors des méthodes plus complexes comme la "méthode des pluies".
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Si la surface du projet était de 3 ha au lieu de 1.5 ha, quel serait le débit de pointe en L/s ?
Question 4 : Dimensionner la canalisation et vérifier
Principe (le concept physique)
Connaissant le débit à évacuer (\(Q_p\)), on cherche le plus petit diamètre de canalisation standard capable de transiter ce débit. La capacité d'une canalisation dépend de sa pente (plus il y a de pente, plus ça coule vite), de sa rugosité (une paroi lisse freine moins l'eau) et de sa section. On utilise la formule de Manning-Strickler. Une fois le diamètre trouvé, on doit vérifier deux choses : la vitesse ne doit pas être trop faible pour éviter que les sédiments ne se déposent (autocurage), et le tuyau ne doit pas être trop rempli pour garder une marge de sécurité et permettre la ventilation du réseau.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
L'écoulement dans un réseau pluvial est un "écoulement à surface libre", comme une rivière. L'eau n'est pas sous pression. La formule de Manning-Strickler est une équation d'équilibre : elle décrit la vitesse uniforme atteinte lorsque les forces motrices (la gravité, liée à la pente) sont exactement compensées par les forces de frottement (liées à la rugosité de la paroi et à la surface de contact entre l'eau et le tuyau).
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
C'est un peu comme choisir la bonne taille de toboggan pour un parc aquatique. Il faut un toboggan assez grand (diamètre) pour que tout le monde puisse passer sans bouchon (capacité > débit). La vitesse dépendra de l'inclinaison du toboggan (pente) et de s'il est lisse ou rugueux (rugosité). Notre travail est de choisir le bon toboggan dans le catalogue du fabricant.
Normes (la référence réglementaire)
Les règles de l'art et les normes (comme le Fascicule 70 en France) imposent des conditions de fonctionnement. La vitesse minimale (souvent entre 0.6 et 1 m/s) vise à assurer l'autocurage. La hauteur de remplissage maximale (souvent entre 75% et 85% du diamètre) garantit une marge de sécurité en cas de crue supérieure à la crue de projet et permet une bonne ventilation du réseau, évitant les phénomènes de mise en pression.
Formule(s) (l'outil mathématique)
On cherche un diamètre \(D\) tel que le débit à pleine section \(Q_{\text{ps}}\) soit supérieur au débit de projet \(Q_p\). On peut isoler D de la formule de Manning-Strickler :
La vitesse à pleine section est \(V_{\text{ps}} = Q_{\text{ps}} / S\).
Hypothèses (le cadre du calcul)
On effectue le calcul en régime d'écoulement uniforme, ce qui est une hypothèse standard pour le dimensionnement de tronçons de canalisation. On suppose que le coefficient de rugosité K=100 pour le PVC est correct et restera constant dans le temps.
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Débit de projet, \(Q_p = 197.8 \, \text{L/s} = 0.1978 \, \text{m}^3/\text{s}\)
- Pente, \(p = 1.5\% = 0.015 \, \text{m/m}\)
- Rugosité, \(K = 100\)
- Diamètres commerciaux standards (mm) : 200, 250, 315, 400, 500...
Astuces(Pour aller plus vite)
La formule pour trouver D est complexe. En pratique, les ingénieurs utilisent des abaques (des graphiques pré-calculés) ou de petits logiciels qui donnent directement le diamètre et la vitesse pour un débit et une pente donnés. L'approche manuelle reste cependant essentielle pour bien comprendre les mécanismes.
Schéma (Avant les calculs)
Section de canalisation à dimensionner
Calcul(s) (l'application numérique)
1. Calcul du diamètre théorique en posant \(Q_{\text{ps}} = Q_p\) et en utilisant les unités SI (\(\text{m}\), \(\text{s}\)) :
2. Choix du diamètre commercial immédiatement supérieur : DN 315 mm.
3. Vérification du débit à pleine section pour le DN 315 (\(D = 0.315 \, \text{m}\)) :
On a bien \(Q_{\text{ps}} = 256 \, \text{L/s} > Q_p = 198 \, \text{L/s}\). OK.
4. Vérification de la vitesse à pleine section :
On a bien \(V_{\text{ps}} > 0.6 \, \text{m/s}\). OK.
5. Vérification du taux de remplissage (pour \(Q_p/Q_{\text{ps}} = 198/256 \approx 0.77\), les abaques donnent h/D \approx 70%). On a bien h/D < 85%. OK.
Schéma (Après les calculs)
Section retenue et conditions d'écoulement
Réflexions (l'interprétation du résultat)
Le diamètre théorique de 284 mm nous impose de choisir le diamètre standard de 315 mm. Ce choix est ensuite validé car la canalisation a une capacité (256 L/s) supérieure au besoin (198 L/s) et respecte les critères de vitesse et de remplissage. Le dimensionnement est donc correct.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
La plus grande source d'erreur est la gestion des unités. La formule de Manning-Strickler fonctionne avec des unités SI : \(\text{m}^3/\text{s}\), \(\text{m}\), \(\text{m/m}\). Il faut impérativement convertir le débit en \(\text{L/s}\) et la pente en % avant de commencer le calcul. Oublier cette étape conduit à des résultats complètement faux.
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- Calculer le diamètre théorique nécessaire pour le débit de projet \(Q_p\).
- Choisir le diamètre commercial immédiatement supérieur.
- Vérifier que pour ce diamètre, la capacité \(Q_{\text{ps}}\) est bien supérieure à \(Q_p\).
- Vérifier les conditions de vitesse et de taux de remplissage.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Fait contre-intuitif : pour une canalisation circulaire, le débit maximal n'est pas atteint à pleine section (h/D = 100%), mais à environ 94% de remplissage ! En effet, à 100%, le "périmètre mouillé" (la surface de frottement) augmente d'un coup plus vite que la section d'écoulement, ce qui freine légèrement l'eau. La différence est faible, mais c'est un classique de l'hydraulique.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Avec le même débit de 198 L/s, si la pente était de seulement 0.8%, quel serait le diamètre commercial requis ?
Outil Interactif : Paramètres de Dimensionnement
Modifiez les paramètres du projet pour voir leur influence sur le débit et le diamètre requis.
Paramètres d'Entrée
Résultats Clés
Le Saviez-Vous ?
L'ingénieur irlandais Robert Manning a présenté sa célèbre formule en 1889. Il l'a développée après avoir analysé sept formules différentes de l'époque et des données expérimentales. Fait intéressant, il était comptable de formation et a appris l'ingénierie et l'hydraulique sur le tas. Sa formule, parfois attribuée au Français Philippe Gauckler ou au Suisse Albert Strickler qui l'ont améliorée, est aujourd'hui l'une des plus utilisées au monde en hydraulique à surface libre.
Foire Aux Questions (FAQ)
Qu'est-ce qu'une "période de retour" de 10 ans ?
Une période de retour de 10 ans (T=10 ans) ne signifie pas que la pluie de projet se produira tous les 10 ans. Cela signifie qu'une telle pluie a, chaque année, une probabilité de 1/10 (soit 10%) d'être atteinte ou dépassée. Pour des ouvrages plus critiques (autoroutes, zones sensibles), on utilise des périodes de retour plus longues (T=50 ans, T=100 ans).
Pourquoi la vitesse doit-elle être supérieure à une certaine valeur ?
C'est le principe d'autocurage. Les eaux de pluie transportent des sables et des sédiments. Si la vitesse d'écoulement est trop faible (typiquement < 0.6 m/s), ces particules se déposent au fond de la canalisation, réduisant sa section utile et pouvant la boucher à terme. Une vitesse suffisante garantit que ces sédiments sont transportés jusqu'à l'exutoire.
Quiz Final : Testez vos connaissances
1. Si on augmente fortement la pente d'une canalisation, à débit égal...
2. L'urbanisation d'un bassin versant (remplacer des champs par des routes et des maisons) a pour principal effet de...
- Coefficient de Ruissellement (C)
- Rapport adimensionnel (entre 0 et 1) représentant la fraction de la pluie qui se transforme en ruissellement direct. Une valeur élevée (proche de 1) correspond à une surface imperméable.
- Bassin Versant
- Territoire géographique qui draine l'ensemble des eaux de pluie reçues vers un même point de sortie appelé exutoire.
- Temps de Concentration (tc)
- Temps nécessaire à une goutte d'eau tombée sur le point le plus éloigné hydrauliquement du bassin versant pour atteindre l'exutoire.
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