Traitement de l’Azote en Station d’Épuration
Contexte : L'élimination de l'azote des eaux usées.
L'azote, principalement sous forme d'ammonium (\(NH_4^+\))Forme ionique de l'ammoniac, principal polluant azoté dans les eaux usées brutes., est un polluant majeur qui doit être éliminé pour prévenir l'eutrophisation des milieux aquatiques. Le traitement biologique de l'azote en station d'épuration (STEP) repose sur deux étapes clés réalisées par des bactéries spécifiques : la nitrificationProcessus biologique aérobie qui convertit l'ammonium en nitrates (\(NO_3^-\)). et la dénitrificationProcessus biologique anoxique qui convertit les nitrates en azote gazeux (\(N_2\)), inoffensif pour l'environnement.. Cet exercice vous guidera dans le dimensionnement des réacteurs nécessaires à ces processus.
Remarque Pédagogique : Cet exercice vous apprendra à calculer le volume d'un bassin d'aération pour la nitrification et la quantité de source de carbone externe (méthanol) nécessaire pour la dénitrification, deux calculs fondamentaux pour la conception d'une STEP.
Objectifs Pédagogiques
- Comprendre les principes de la nitrification et de la dénitrification.
- Calculer le volume d'un réacteur de nitrification en fonction de la charge azotée et de la cinétique bactérienne.
- Déterminer le besoin en carbone pour la dénitrification et dimensionner l'ajout de méthanol.
- Évaluer la consommation d'oxygène et l'impact sur l'alcalinité du traitement.
Données de l'étude
Schéma de la file de traitement de l'azote
Paramètre | Notation | Valeur | Unité |
---|---|---|---|
Débit journalier moyen | \(Q_j\) | 5000 | m³/jour |
Concentration en Azote Kjeldahl Total (NKT) en entrée | \(NKT_{\text{in}}\) | 60 | mg/L |
Concentration en Azote Global (NGL) en sortie | \(NGL_{\text{out}}\) | 10 | mg/L |
Température minimale de l'eau | \(T_{\text{min}}\) | 12 | °C |
Concentration en biomasse dans le réacteur | \(X_V\) | 3.5 | g/L |
Vitesse maximale de croissance des bactéries nitrifiantes à 20°C | \(\mu_{\text{max},20}\) | 0.8 | jour⁻¹ |
Coefficient de température | \(\theta\) | 1.072 | - |
Questions à traiter
- Calculer la charge journalière en azote à éliminer.
- Déterminer le volume minimal du bassin d'aération pour assurer une nitrification complète.
- Calculer la quantité de méthanol (\(CH_3OH\)) à injecter quotidiennement pour la dénitrification.
- Calculer le besoin journalier en oxygène pour la nitrification.
- Estimer la variation nette d'alcalinité due au traitement de l'azote.
- Dimensionner le volume du bassin anoxique pour la dénitrification.
Les bases du traitement de l'azote
Le traitement biologique de l'azote se déroule en deux phases successives, réalisées par des micro-organismes différents dans des conditions distinctes.
1. Nitrification (Phase Aérobie)
L'ammonium (\(NH_4^+\)) est oxydé en nitrates (\(NO_3^-\)) par des bactéries autotrophes (Nitrosomonas, Nitrobacter) en présence d'oxygène. C'est une étape limitante, sensible à la température et au pH.
\[ NH_4^+ + 2O_2 \rightarrow NO_3^- + 2H^+ + H_2O \]
2. Dénitrification (Phase Anoxique)
Les nitrates (\(NO_3^-\)) produits sont ensuite transformés en azote gazeux (\(N_2\)) par des bactéries hétérotrophes en l'absence d'oxygène dissous, mais en utilisant les nitrates comme accepteur d'électrons. Ce processus nécessite une source de carbone organique.
\[ 2NO_3^- + \text{carbone organique} \rightarrow N_2 + CO_2 + H_2O + OH^- \]
Correction : Traitement de l’Azote en Station d’Épuration
Question 1 : Calculer la charge journalière en azote à éliminer.
Principe
La charge polluante représente la masse totale d'un polluant arrivant à la station chaque jour. C'est le point de départ de tout dimensionnement. On ne dimensionne pas une station pour un débit ou une concentration, mais bien pour une masse de pollution à traiter quotidiennement.
Mini-Cours
Ce calcul repose sur le principe fondamental de la conservation de la masse. La masse de polluant est le produit de son volume (le débit) par sa concentration. Cette notion de "charge" est universelle en traitement de l'eau et s'applique à tous les polluants (carbone, phosphore, etc.).
Remarque Pédagogique
Commencez toujours par calculer les charges. Cela vous donne une vision macroscopique du problème et vous permet de vérifier rapidement la cohérence des ordres de grandeur. Une erreur sur la charge se répercutera sur tous les calculs suivants.
Normes
La Directive européenne 91/271/CEE impose des rendements épuratoires et des concentrations de rejet maximales pour l'azote total, notamment pour les stations de plus de 10 000 EH situées en zones sensibles, ce qui justifie ce calcul.
Formule(s)
Hypothèses
On suppose que la concentration en azote dans le rejet (10 mg/L) inclut une fraction d'azote organique et ammoniacal non biodégradable qui ne sera pas traitée, ainsi que l'azote assimilé par les bactéries pour leur croissance.
Donnée(s)
- Débit journalier, \(Q_j\) = 5000 m³/j
- Concentration entrée, \(NKT_{\text{in}}\) = 60 mg/L = 60 g/m³
- Concentration sortie, \(NGL_{\text{out}}\) = 10 mg/L = 10 g/m³
Astuces
Pour éviter les erreurs, convertissez toujours les mg/L en g/m³ (c'est un ratio 1:1) avant de multiplier par le débit en m³. Cela vous donnera un résultat directement en grammes, facile à convertir en kilogrammes.
Schéma (Avant les calculs)
Bilan de masse sur la station
Calcul(s)
Étape 1 : Concentration à éliminer
Étape 2 : Charge journalière
Réflexions
Une charge de 250 kg d'azote par jour est significative. Sachant qu'un habitant rejette environ 11-12 g N/jour, cette charge correspond à une pollution d'environ 20 000 à 22 000 Équivalents-Habitants (EH), ce qui est cohérent pour une ville de taille moyenne.
Points de vigilance
L'erreur la plus commune est l'oubli de la conversion des grammes en kilogrammes. Assurez-vous que vos unités sont cohérentes tout au long du calcul.
Points à retenir
- La charge est le produit du débit par la concentration.
- C'est la masse de pollution qui dimensionne les ouvrages, pas seulement le débit.
Le saviez-vous ?
L'azote dans les eaux usées ne provient pas que des excréments humains. Les détergents, les déchets alimentaires et certains effluents industriels peuvent également être des sources importantes de pollution azotée.
FAQ
Résultat Final
A vous de jouer
Si le débit passait à 6000 m³/j avec la même concentration en entrée, quelle serait la nouvelle charge à traiter (en kg/j) ?
Question 2 : Déterminer le volume minimal du bassin d'aération.
Principe
Le volume du bassin de nitrification est déterminé par la cinétique de croissance des bactéries les plus lentes du système : les bactéries nitrifiantes. Il faut leur garantir un temps de séjour dans le système (âge des boues) suffisamment long pour qu'elles ne soient pas "lessivées" (évacuées plus vite qu'elles ne se reproduisent), surtout en hiver où leur métabolisme est ralenti.
Mini-Cours
La vitesse de croissance des bactéries est modélisée par la loi de Monod, mais pour le dimensionnement, on se base sur son inverse : l'âge des boues. L'âge des boues (\(A_S\) ou SRT en anglais) représente le temps moyen qu'une bactérie passe dans le réacteur. Pour la nitrification, on doit avoir \(A_S > 1/\mu_{\text{max},T}\). On applique un facteur de sécurité pour pallier les aléas de fonctionnement.
Remarque Pédagogique
Le dimensionnement de la nitrification se fait TOUJOURS dans les conditions les plus défavorables, c'est-à-dire la température la plus basse de l'eau. Si la nitrification fonctionne en hiver, elle fonctionnera le reste de l'année.
Normes
Les guides techniques de conception des stations d'épuration (comme ceux des Agences de l'Eau en France ou les manuels internationaux comme le Metcalf & Eddy) fournissent des valeurs de référence pour les paramètres cinétiques et les facteurs de sécurité à appliquer.
Formule(s)
Correction de la vitesse de croissance avec la température :
Calcul de l'âge des boues de sécurité (FS=1.5) :
Calcul du volume :
Hypothèses
On suppose que la concentration en biomasse (\(X_V\)) est maintenue constante dans le réacteur grâce à la recirculation des boues. On néglige la nitrification qui pourrait se produire dans le bassin anoxique.
Donnée(s)
- Charge N = 250 kg/j
- \(T_{\text{min}}\) = 12 °C
- \(\mu_{\text{max},20}\) = 0.8 j⁻¹
- \(\theta\) = 1.072
- \(X_V\) = 3.5 g/L = 3.5 kg/m³
Astuces
Les âges de boue pour la nitrification en climat tempéré se situent typiquement entre 10 et 20 jours. Si votre calcul donne une valeur très éloignée, vérifiez votre application de la formule d'Arrhenius.
Schéma (Avant les calculs)
Paramètres de dimensionnement du bassin aérobie
Calcul(s)
Étape 1 : Vitesse de croissance à 12°C
Étape 2 : Âge des boues de sécurité
Cette valeur est un minimum théorique. En pratique, on utilise une valeur plus élevée pour assurer une marge de sécurité. Prenons une valeur de conception de 12 jours.
Étape 3 : Volume du réacteur
Réflexions
Le volume de 857 m³ représente un temps de séjour hydraulique de \(V/Q = 857 / 5000 \approx 0.17\) jour, soit environ 4 heures. Ce temps est court, mais c'est l'âge des boues (12 jours) qui est le vrai paramètre de dimensionnement, car il est maintenu élevé grâce à la recirculation de la biomasse.
Points de vigilance
Ne confondez pas le temps de séjour hydraulique (temps de passage de l'eau) et l'âge des boues (temps de séjour des bactéries). Pour les cultures en suspension comme les boues activées, l'âge des boues est toujours bien supérieur au temps de séjour hydraulique.
Points à retenir
- La nitrification est dimensionnée par la cinétique des bactéries nitrifiantes.
- Le calcul se fait à la température la plus basse.
- L'âge des boues est le paramètre clé, pas le temps de séjour hydraulique.
Le saviez-vous ?
Les bactéries nitrifiantes sont très fragiles. Une arrivée de polluants toxiques (métaux lourds, solvants) ou une chute brutale de pH peut les inhiber et arrêter complètement la nitrification, ce qui est un incident d'exploitation redouté.
FAQ
Résultat Final
A vous de jouer
Si la température minimale était de 10°C, quel serait le volume requis (en m³) en gardant un âge de boue de 12 jours ?
Question 3 : Calculer la quantité de méthanol à injecter.
Principe
La dénitrification est la "respiration" des nitrates par des bactéries. Pour ce faire, elles ont besoin d'énergie, qu'elles tirent d'une source de carbone. Si la pollution carbonée de l'eau usée n'est pas suffisante, on doit leur fournir un "aliment" externe facilement assimilable, comme le méthanol.
Mini-Cours
La quantité de carbone nécessaire est directement proportionnelle à la quantité de nitrates à éliminer. Cette relation est basée sur la stœchiométrie de la réaction biochimique. On utilise souvent la DCO (Demande Chimique en Oxygène) comme mesure de la quantité de "carbone-énergie". Chaque source de carbone (méthanol, éthanol, acétate) a un ratio DCO/N spécifique.
Remarque Pédagogique
Le dosage du carbone externe est un compromis. Trop peu, et la dénitrification est incomplète. Trop, et le carbone non consommé devient une pollution en sortie. Les stations modernes utilisent des sondes (redox, nitrates) pour ajuster le dosage en temps réel.
Normes
Il n'y a pas de norme directe sur la quantité de méthanol à utiliser, mais le choix de la source de carbone et son stockage sont soumis à des réglementations de sécurité (produit inflammable).
Formule(s)
Le besoin en DCO est d'environ 2.5 g DCO par g de N-NO₃⁻ dénitrifié. Le méthanol a une DCO théorique de 1.5 g O₂ / g.
Hypothèses
On suppose que toute la charge d'azote nitrifiée doit être dénitrifiée. On néglige la part de DCO facilement biodégradable de l'eau brute qui pourrait être utilisée pour la dénitrification (configuration en post-dénitrification).
Donnée(s)
- Charge N à dénitrifier = 250 kg/j
- Ratio DCO/N = 2.5 kg DCO / kg N
- DCO méthanol = 1.5 kg DCO / kg méthanol
Astuces
Le ratio DCO/N est parfois donné comme "Ratio C/N". Attention, ce n'est pas la même chose. Le ratio DCO/N est plus pratique car il intègre directement le pouvoir énergétique du substrat. Pour le méthanol, le ratio DCO/N est proche de 2.5.
Schéma (Avant les calculs)
Bilan pour le dosage de méthanol
Calcul(s)
Étape 1 : Calcul du besoin en DCO
Étape 2 : Conversion en masse de méthanol
Réflexions
Injecter 417 kg de méthanol par jour représente un coût d'exploitation non négligeable. C'est pourquoi les concepteurs de STEP privilégient les configurations (pré-dénitrification) où le carbone "gratuit" de l'eau brute est utilisé au maximum, limitant ainsi le recours à un réactif externe.
Points de vigilance
Assurez-vous d'utiliser le bon ratio DCO/N en fonction de la source de carbone. L'éthanol ou l'acide acétique ont des ratios différents du méthanol. Une erreur ici peut mener à un sur ou sous-dosage important.
Points à retenir
- La dénitrification requiert une source de carbone.
- Le calcul du besoin en carbone est basé sur la stœchiométrie de la réaction.
- Le choix de la source de carbone a un impact économique et opérationnel.
Le saviez-vous ?
Certaines stations d'épuration innovantes explorent des sources de carbone alternatives et "vertes" pour la dénitrification, comme des sous-produits de l'industrie agro-alimentaire (mélasse, lactosérum) ou même la production de carbone interne via des processus de fermentation.
FAQ
Résultat Final
A vous de jouer
Si on utilisait de l'éthanol (DCO = 2.09 kg/kg) avec un ratio DCO/N de 3.5, quelle masse d'éthanol (en kg/j) faudrait-il ?
Question 4 : Calculer le besoin journalier en oxygène pour la nitrification.
Principe
La nitrification est un processus d'oxydation biologique qui consomme une quantité importante d'oxygène. Ce besoin doit être calculé pour dimensionner correctement le système d'aération, qui est un poste de consommation énergétique majeur d'une STEP.
Mini-Cours
L'oxydation complète de l'ammonium en nitrate se fait en deux étapes, chacune consommant de l'oxygène. Le bilan global de la réaction montre qu'il faut une masse d'oxygène bien définie pour oxyder une masse d'azote donnée. Ce ratio stœchiométrique est une constante fondamentale du processus.
Remarque Pédagogique
Le besoin en oxygène calculé ici est un besoin "théorique". En pratique, le besoin "réel" sera supérieur car il faut tenir compte du rendement de transfert de l'oxygène des aérateurs dans l'eau, qui n'est jamais de 100%.
Normes
Les manuels de conception (comme le Mémento Degrémont) fournissent des ratios stœchiométriques standards pour les besoins en oxygène des différents processus biologiques (carboné, azoté).
Formule(s)
Ce ratio de 4.57 g O₂ / g N-NH₄⁺ nitrifié est une valeur standard qui inclut l'oxygène pour l'oxydation de l'ammonium et la synthèse de nouvelle biomasse nitrifiante.
Hypothèses
On suppose que tout l'azote à éliminer est initialement sous forme d'azote ammoniacal et qu'il est entièrement converti en nitrates. On néglige la consommation d'oxygène pour la pollution carbonée résiduelle.
Donnée(s)
- Masse de N nitrifié = 250 kg/j
- Ratio O₂/N = 4.57 kg O₂ / kg N
Astuces
Retenez l'ordre de grandeur : il faut environ 4.6 kg d'oxygène pour éliminer 1 kg d'azote. C'est une consommation très importante, souvent plus de la moitié de la consommation totale d'oxygène d'une station d'épuration avec traitement de l'azote.
Schéma (Avant les calculs)
Bilan d'oxygène pour la nitrification
Calcul(s)
Étape 1 : Application du ratio
Réflexions
Un besoin de plus d'une tonne d'oxygène pur par jour est considérable. Cela explique pourquoi l'aération est le premier poste de consommation d'électricité d'une STEP (souvent 50-70% de la facture totale). L'optimisation de l'aération est donc un enjeu économique et environnemental majeur.
Points de vigilance
Ne pas oublier que ce besoin s'ajoute au besoin en oxygène pour l'élimination de la pollution carbonée (DBO5). Le besoin total en oxygène du bassin d'aération sera la somme de ces deux besoins.
Points à retenir
- La nitrification est très gourmande en oxygène (~4.6 kg O₂ / kg N).
- L'aération est le principal coût énergétique d'une STEP.
Le saviez-vous ?
De nouvelles technologies comme le procédé ANAMMOX (ANaerobic AMMonium OXidation) permettent d'éliminer l'azote avec une consommation d'oxygène réduite de plus de 60% et sans besoin de carbone externe. C'est une révolution pour le traitement des effluents très concentrés.
FAQ
Résultat Final
A vous de jouer
Pour une charge de 300 kg N/j, quel serait le besoin en oxygène (en kg/j) ?
Question 5 : Estimer la variation nette d'alcalinité.
Principe
L'alcalinité (ou le pouvoir tampon de l'eau) est cruciale pour la stabilité du pH. La nitrification est un processus acidifiant qui consomme de l'alcalinité, tandis que la dénitrification en produit. Il est essentiel de vérifier que le bilan net ne provoque pas une chute de pH qui inhiberait les processus biologiques.
Mini-Cours
La nitrification libère des ions H⁺ (cf. équation de base), ce qui acidifie le milieu et consomme des ions bicarbonates (\(HCO_3^-\)), la principale forme d'alcalinité. Inversement, la dénitrification produit des ions hydroxyles (\(OH^-\)) qui neutralisent l'acidité et restaurent une partie de l'alcalinité. Le bilan des deux est crucial.
Remarque Pédagogique
Si le bilan d'alcalinité est négatif et que l'eau brute n'est pas assez "dure" (faiblement alcaline), le pH dans le bassin d'aération peut chuter en dessous de 6.5, ce qui inhibe fortement les bactéries nitrifiantes. Dans ce cas, il faut ajouter un réactif pour augmenter l'alcalinité (chaux, bicarbonate de soude).
Normes
Il n'y a pas de norme de rejet sur l'alcalinité, mais les règles de l'art du dimensionnement imposent de vérifier qu'une alcalinité résiduelle suffisante (typiquement > 80-100 mg/L de CaCO₃) est maintenue dans le réacteur aérobie pour garantir la stabilité du processus.
Formule(s)
Les ratios stœchiométriques sont les suivants (exprimés en équivalent \(CaCO_3\)) :
Hypothèses
On suppose que tout l'azote nitrifié est ensuite dénitrifié, ce qui permet de calculer un bilan net sur la même base de masse d'azote.
Donnée(s)
- Masse de N traitée = 250 kg/j
- Ratio conso. = 7.14 kg CaCO₃ / kg N
- Ratio prod. = 3.57 kg CaCO₃ / kg N
Astuces
Notez que la dénitrification restaure exactement la moitié de l'alcalinité consommée par la nitrification. C'est un moyen mnémotechnique facile pour se souvenir des ratios.
Schéma (Avant les calculs)
Bilan d'alcalinité
Calcul(s)
Étape 1 : Alcalinité consommée
Étape 2 : Alcalinité produite
Étape 3 : Bilan net
Réflexions
Une perte nette de près de 900 kg d'équivalent CaCO₃ par jour est significative. Il est impératif de connaître l'alcalinité de l'eau brute. Si elle est de 200 mg/L (200 g/m³), l'apport journalier est de \(5000 \times 200 = 1,000,000\) g/j = 1000 kg/j. L'alcalinité résiduelle serait donc suffisante (\(1000 - 892.5 > 0\)).
Points de vigilance
Ne jamais négliger le bilan d'alcalinité, surtout pour les eaux douces ou les effluents industriels qui peuvent avoir un faible pouvoir tampon. Une nitrification qui s'arrête à cause d'une chute de pH est un problème très difficile à résoudre.
Points à retenir
- Nitrification = consommation d'alcalinité (acidification).
- Dénitrification = production d'alcalinité.
- Le bilan global est une consommation nette d'alcalinité.
Le saviez-vous ?
L'alcalinité est souvent exprimée en "degrés français" (°f). 1 °f = 10 mg/L de CaCO₃. Une bonne alcalinité pour la nitrification se situe au-dessus de 8-10 °f.
FAQ
Résultat Final
A vous de jouer
Si seulement 80% de l'azote nitrifié était dénitrifié, quelle serait la consommation nette d'alcalinité (en kg/j) ?
Question 6 : Dimensionner le volume du bassin anoxique.
Principe
Le volume du bassin de dénitrification (anoxie) dépend de la vitesse à laquelle les bactéries peuvent "respirer" les nitrates. Cette vitesse, appelée Vitesse de Dénitrification Spécifique (SDNR), dépend de la température et de la nature de la source de carbone utilisée.
Mini-Cours
La SDNR (Specific Denitrification Rate) est exprimée en masse d'azote (sous forme de nitrate) éliminée par unité de masse de biomasse et par unité de temps (ex: kg N-NO₃⁻ / (kg MVS · j)). C'est une mesure de l' "efficacité" de la biomasse en conditions anoxiques. Plus la SDNR est élevée, plus le volume nécessaire sera faible.
Remarque Pédagogique
La SDNR est très sensible à la nature du carbone. Elle est maximale avec des substrats simples et rapidement biodégradables comme le méthanol ou l'acétate. Elle est plus faible si on utilise le carbone "endogène" de l'eau brute, ce qui explique pourquoi les bassins en pré-dénitrification sont plus grands que ceux en post-dénitrification.
Normes
Les manuels de conception fournissent des plages de valeurs typiques pour la SDNR en fonction de la température et du type de substrat carboné utilisé, basées sur des retours d'expérience de nombreuses stations.
Formule(s)
Hypothèses
On suppose que la concentration en biomasse (\(X_V\)) est la même dans le bassin anoxique et aérobie. On choisit une valeur de SDNR conservatrice pour la température de 12°C.
Donnée(s)
- Charge N à dénitrifier = 250 kg/j
- SDNR à 12°C = 0.15 kg N / (kg MVS · j)
- \(X_V\) = 3.5 kg MVS/m³
Astuces
Le produit \(SDNR \times X_V\) est appelé "vitesse de dénitrification volumique". Il représente la masse d'azote éliminée par mètre cube de réacteur et par jour. C'est un bon indicateur de la performance globale du bassin.
Schéma (Avant les calculs)
Paramètres de dimensionnement du bassin anoxique
Calcul(s)
Étape 1 : Calcul de la vitesse volumique
Étape 2 : Calcul du volume
Réflexions
Le volume anoxique (476 m³) représente environ 55% du volume aérobie (857 m³). Ce ratio (Zone Anoxique / Zone Aérobie) est un paramètre de conception important. Un ratio typique pour une dénitrification complète se situe entre 0.3 et 0.6.
Points de vigilance
La valeur de la SDNR est cruciale et doit être choisie avec soin. Une valeur trop optimiste mènera à un sous-dimensionnement du bassin et à un mauvais rendement de dénitrification. Il est toujours préférable d'être conservateur.
Points à retenir
- Le volume anoxique est inversement proportionnel à la vitesse de dénitrification (SDNR).
- La SDNR dépend de la température et de la source de carbone.
Le saviez-vous ?
Pour économiser de l'espace, de nombreuses stations utilisent des "zones de swing" ou zones à aération intermittente. Ces bassins peuvent fonctionner soit en aérobie (pour la nitrification) soit en anoxie (pour la dénitrification) en allumant ou éteignant l'aération, offrant une grande flexibilité opérationnelle.
FAQ
Résultat Final
A vous de jouer
Si, grâce à une eau plus chaude en été, la SDNR montait à 0.25 kg N/(kg MVS·j), quel serait le volume anoxique nécessaire (en m³) ?
Outil Interactif : Impact de la Température
Utilisez ce simulateur pour visualiser comment la température de l'eau et la concentration en biomasse influencent le volume de nitrification requis.
Paramètres d'Entrée
Résultats Clés
Quiz Final : Testez vos connaissances
1. Dans quelles conditions se produit la nitrification ?
2. Quel est le principal produit final de la dénitrification ?
3. Pourquoi la température est-elle un paramètre critique pour la nitrification ?
4. Lequel de ces deux processus biologiques consomme de l'alcalinité ?
- Azote Kjeldahl Total (NKT)
- Mesure de la somme de l'azote organique et de l'azote ammoniacal. C'est la principale forme d'azote dans les eaux usées brutes.
- Anoxie
- Condition d'un milieu biologique où l'oxygène dissous est absent, mais où les nitrates sont présents et peuvent être utilisés par les bactéries comme accepteur d'électrons.
- Stœchiométrie
- Calcul des quantités relatives de réactifs et de produits dans les réactions chimiques. En assainissement, elle permet de déterminer les besoins en réactifs (oxygène, carbone...).
- Alcalinité
- Capacité de l'eau à neutraliser les acides. Elle est principalement due aux ions bicarbonate et carbonate et est essentielle pour maintenir un pH stable dans les réacteurs biologiques.
D’autres exercices d’assainissement:
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