Optimisation Thermique d’une Rénovation

Exercice : Optimisation Thermique d'une Rénovation

Optimisation Thermique d'une Rénovation

Contexte : La rénovation énergétiqueEnsemble des travaux visant à améliorer la performance énergétique d'un bâtiment, et ainsi réduire sa consommation d'énergie..

Face à l'augmentation du coût de l'énergie et à l'urgence climatique, améliorer la performance thermique de son logement est devenu une priorité. Cet exercice vous met dans la peau d'un conseiller en rénovation énergétique. Vous devrez analyser une maison ancienne, calculer ses déperditions thermiques et proposer un ordre de priorité pour les travaux d'isolation afin de maximiser les économies d'énergie avec un budget donné.

Remarque Pédagogique : Cet exercice vous apprendra à quantifier les déperditions de chaleur d'un bâtiment et à utiliser des indicateurs techniques, comme la résistance thermique RCapacité d'un matériau à résister au passage de la chaleur. Plus R est grand, plus le matériau est isolant., pour faire des choix de rénovation éclairés et efficients.


Objectifs Pédagogiques

  • Calculer la résistance thermique (R) et le coefficient de transmission thermique (U) d'une paroi.
  • Quantifier les déperditions thermiques (flux thermique) pour différents éléments d'un bâtiment.
  • Comparer l'efficacité de différentes solutions d'isolation (toiture, murs, fenêtres).
  • Établir un ordre de priorité des travaux de rénovation en fonction de leur impact énergétique.

Données de l'étude

On étudie une maison individuelle simple de 1970, non isolée, située à Lille (DJU de 3000). Le propriétaire dispose d'un budget pour une première tranche de travaux et souhaite savoir quel poste (murs, toiture, ou fenêtres) isoler en priorité.

Caractéristiques de la maison
Élément Surface (m²) Composition actuelle
Murs extérieurs 120 m² Brique pleine (20 cm)
Toiture (combles perdus) 80 m² Plafond plâtre + Lame d'air
Fenêtres 15 m² Simple vitrage
Déperditions thermiques d'une maison non-isolée
Toiture (30%) Murs (25%) Fenêtres (15%) Plancher (10%) Air (10%)
Données Techniques
Matériau / Élément Conductivité (λ) ou Coeff. U Unité
Brique pleine (existante) 1.15 W/(m.K)
Simple vitrage (existant) U = 5.8 W/(m².K)
Isolant laine de verre (projet) 0.04 W/(m.K)
Résistances surfaciques (Rsi + Rse) 0.17 m².K/W

Questions à traiter

  1. Calculer le coefficient de transmission thermique U des murs existants.
  2. Calculer les déperditions thermiques annuelles totales pour les murs, la toiture (U=2.5 W/m².K) et les fenêtres.
  3. On propose d'isoler les murs avec 12 cm de laine de verre. Calculer le nouveau coefficient U du mur isolé.
  4. Calculer le gain annuel (en kWh) et l'économie financière (€) si on isole les murs (coût du kWh : 0.20€).
  5. En vous basant sur un temps de retour sur investissement, quel poste de travaux semble le plus pertinent à réaliser en premier ? (Coût isolation murs : 12 000€, toiture : 6 000€, fenêtres : 8 000€. Gains annuels respectifs : 83%, 90%, 75%).

Les bases de la thermique du bâtiment

Pour résoudre cet exercice, il faut maîtriser quelques concepts clés qui permettent de quantifier la manière dont la chaleur traverse les parois d'un bâtiment.

1. Résistance Thermique (R)
La résistance thermique, notée R, mesure la capacité d'un matériau ou d'une paroi à s'opposer au passage de la chaleur. Plus R est élevée, plus le matériau est isolant. Pour une couche de matériau homogène, elle se calcule avec la formule : \[ R = \frac{e}{\lambda} \] Où \(e\) est l'épaisseur du matériau (en mètres) et \(\lambda\) (lambda) est sa conductivité thermique (en W/m.K). L'unité de R est le m².K/W.

2. Coefficient de Transmission Thermique (U)
Le coefficient U (parfois appelé U-value) est l'inverse de la résistance thermique totale d'une paroi (\(R_{\text{total}}\)). Il représente la quantité de chaleur qui passe à travers 1 m² de paroi pour une différence de température de 1 degré Kelvin (ou Celsius) entre l'intérieur et l'extérieur. Plus U est faible, plus la paroi est isolante. \[ U = \frac{1}{R_{\text{total}}} = \frac{1}{R_{\text{si}} + R_{\text{matériaux}} + R_{\text{se}}} \] Son unité est le W/(m².K). \(R_{\text{si}}\) et \(R_{\text{se}}\) sont les résistances d'échange surfacique interne et externe.


Correction : Optimisation Thermique d'une Rénovation

Question 1 : Calculer le coefficient de transmission thermique U des murs existants.

Principe

La chaleur traverse un mur de l'intérieur chaud vers l'extérieur froid. La vitesse de cette traversée est freinée par la résistance du mur. Notre objectif est de quantifier cette "capacité de freinage" globale, représentée par le coefficient U. Pour cela, on additionne les résistances de chaque couche du mur (y compris les fines couches d'air immobiles à la surface) pour obtenir une résistance totale, puis on en prend l'inverse.

Mini-Cours

Une paroi est une succession de "freins" au passage de la chaleur. Chaque matériau a sa propre résistance thermique (R), qui dépend de son épaisseur et de sa nature (sa conductivité \(\lambda\)). Pour une paroi multi-couches, les résistances s'additionnent simplement : \(R_{\text{total}} = R_1 + R_2 + ...\). Le coefficient U est simplement une autre façon d'exprimer cette performance : \(U = 1/R_{\text{total}}\). Un U faible signifie une résistance totale élevée, donc une excellente isolation.

Remarque Pédagogique

Pensez à un mur comme une série de portes à franchir pour la chaleur. Certaines sont faciles à ouvrir (faible R), d'autres très difficiles (fort R, comme un bon isolant). Le coefficient U représente la difficulté globale du parcours. Pour bien isoler, on veut rendre ce parcours le plus difficile possible, donc avoir un U le plus petit possible.

Normes

Le calcul des coefficients U est encadré par des normes européennes (comme la NF EN ISO 6946) qui définissent les valeurs de conductivité des matériaux et les résistances surfaciques à utiliser. En France, les réglementations thermiques (comme la RE2020 pour le neuf ou les aides à la rénovation) fixent des valeurs U maximales à atteindre pour les parois.

Formule(s)

Formule de la résistance thermique d'un matériau

\[ R_{\text{matériau}} = \frac{e}{\lambda} \]

Formule du coefficient de transmission thermique U

\[ U = \frac{1}{R_{\text{total}}} = \frac{1}{R_{\text{si}} + \sum R_{\text{matériaux}} + R_{\text{se}}} \]
Hypothèses
  • Le flux de chaleur est considéré comme unidimensionnel (perpendiculaire à la paroi).
  • Les matériaux sont homogènes et leurs caractéristiques thermiques sont constantes.
  • On néglige les ponts thermiques (zones de faiblesse comme les angles, les jonctions plancher/mur).
Donnée(s)
ParamètreSymboleValeurUnité
Épaisseur de la brique\(e\)0.20m
Conductivité de la brique\(\lambda\)1.15W/(m.K)
Résistances surfaciques (Rsi+Rse)\(R_{\text{surf}}\)0.17m².K/W
Astuces

Pour un mur non isolé, la résistance thermique des matériaux est souvent du même ordre de grandeur que les résistances surfaciques. Si vous trouvez une résistance totale 100 fois supérieure aux résistances surfaciques pour un vieux mur, il y a probablement une erreur de calcul !

Schéma (Avant les calculs)
Composition du mur non-isolé
Brique (e = 20 cm) Intérieur Extérieur Rsi Rse
Calcul(s)

Étape 1 : Calcul de la résistance thermique de la brique

\[ \begin{aligned} R_{\text{brique}} &= \frac{0.20 \text{ m}}{1.15 \text{ W/(m.K)}} \\ &= 0.174 \text{ m².K/W} \end{aligned} \]

Étape 2 : Calcul de la résistance totale du mur

\[ \begin{aligned} R_{\text{total}} &= R_{\text{surfaciques}} + R_{\text{brique}} \\ &= 0.17 + 0.174 \\ &= 0.344 \text{ m².K/W} \end{aligned} \]

Étape 3 : Calcul du coefficient U

\[ \begin{aligned} U_{\text{mur}} &= \frac{1}{R_{\text{total}}} \\ &= \frac{1}{0.344} \\ &= 2.907 \text{ W/(m².K)} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Profil de température à travers le mur
19 °C 5 °C Épaisseur du mur (20cm)

La température chute de manière quasi-linéaire, montrant la faible résistance thermique de la brique seule.

Réflexions

Un coefficient U de 2.91 W/(m².K) est très élevé par rapport aux standards actuels (qui visent des U inférieurs à 0.30). Cela signifie que le mur est une véritable "passoire thermique" : pour chaque degré d'écart entre l'intérieur et l'extérieur, près de 3 watts s'échappent par chaque mètre carré de mur. C'est une source de déperdition majeure.

Points de vigilance

L'erreur la plus commune est de se tromper dans les unités. L'épaisseur doit impérativement être en mètres pour être cohérente avec la conductivité thermique (en W/m.K). Une épaisseur de 20 cm doit devenir 0.20 m dans la formule.

Points à retenir

Pour obtenir le coefficient U d'une paroi, la méthode est toujours la même : 1. Lister toutes les couches. 2. Calculer la résistance R de chaque couche (\(R=e/\lambda\)). 3. Sommer toutes les résistances (sans oublier Rsi et Rse). 4. Inverser le résultat (\(U=1/R_{\text{total}}\)).

Le saviez-vous ?

Le concept de résistance thermique a été largement développé au 20ème siècle, mais l'idée d'isoler les bâtiments est bien plus ancienne. Les Romains utilisaient déjà des cavités d'air dans les murs de leurs thermes (hypocaustes) pour conserver la chaleur, une technique étonnamment moderne !

FAQ
Résultat Final
Le coefficient de transmission thermique du mur existant est d'environ 2.91 W/(m².K).
A vous de jouer

Si la brique avait une conductivité \(\lambda\) de 0.8 W/(m.K), quel serait le nouveau coefficient U du mur ?

Question 2 : Calculer les déperditions thermiques annuelles totales pour chaque paroi.

Principe

Les déperditions thermiques représentent la quantité totale d'énergie (en kWh) qui s'échappe à travers une paroi durant toute la saison de chauffe. Ce calcul transforme le coefficient U (une puissance par m² et par degré) en une consommation énergétique annuelle, en le multipliant par la surface de la paroi et par un indicateur de la rigueur du climat : les Degrés Jours Unifiés (DJU).

Mini-Cours

Les DJU sont une astuce pour simplifier le calcul des besoins de chauffage. Plutôt que de calculer les déperditions heure par heure avec la météo réelle, on utilise cette valeur unique qui agrège la durée et l'intensité du froid sur une année. Un DJU de 3000 signifie que le climat est plus froid et/ou la saison de chauffe plus longue qu'un lieu avec un DJU de 2500. La formule \(U \times A \times \text{DJU} \times 24 / 1000\) permet de convertir directement ces données en kWh annuels.

Remarque Pédagogique

Ce calcul est le cœur de l'audit énergétique. Il permet de mettre des chiffres concrets sur les faiblesses d'un bâtiment. En comparant les kWh perdus par le toit, les murs, les fenêtres, etc., on identifie immédiatement où se trouvent les "fuites" d'énergie les plus importantes et donc où les travaux seront les plus efficaces.

Normes

La méthode de calcul basée sur les DJU est une approche simplifiée mais standardisée, notamment utilisée dans les Diagnostics de Performance Énergétique (DPE) en France. Les valeurs de DJU sont définies par station météorologique de référence pour chaque département.

Formule(s)

Formule des déperditions annuelles

\[ \text{Déperditions [kWh/an]} = U \times A \times \text{DJU} \times \frac{24}{1000} \]
Hypothèses
  • La température intérieure de consigne est constante et correspond à celle de référence des DJU (généralement 18°C ou 19°C).
  • Les apports gratuits de chaleur (soleil, occupants, appareils) ne sont pas pris en compte dans ce calcul simplifié des déperditions par paroi.
Donnée(s)
ParamètreMursToitureFenêtresUnité
Coefficient U2.912.55.8W/(m².K)
Surface A1208015
DJU Lille300030003000°C.jour
Astuces

Le facteur "24 / 1000" (soit 0.024) est constant dans cette formule. Il sert à convertir les watts-jours en kWh. Vous pouvez le mémoriser pour aller plus vite. La formule devient : Déperditions (kWh) = U x A x DJU x 0.024.

Schéma (Avant les calculs)
Paramètres d'entrée pour le calcul des déperditions
U (W/m².K)× A (m²)× DJU Déperditions (kWh)
Calcul(s)

Calcul des déperditions des Murs

\[ \begin{aligned} D_{\text{murs}} &= 2.91 \times 120 \times 3000 \times \frac{24}{1000} \\ &= 349.2 \times 3000 \times 0.024 \\ &= 25142.4 \text{ kWh/an} \end{aligned} \]

Calcul des déperditions de la Toiture

\[ \begin{aligned} D_{\text{toiture}} &= 2.5 \times 80 \times 3000 \times \frac{24}{1000} \\ &= 200 \times 3000 \times 0.024 \\ &= 14400 \text{ kWh/an} \end{aligned} \]

Calcul des déperditions des Fenêtres

\[ \begin{aligned} D_{\text{fenêtres}} &= 5.8 \times 15 \times 3000 \times \frac{24}{1000} \\ &= 87 \times 3000 \times 0.024 \\ &= 6264 \text{ kWh/an} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Répartition des déperditions annuelles
Murs25.1k Toiture14.4k Fenêtres6.3k Unité: kWh/an
Réflexions

Le verdict est clair : les murs représentent la plus grande source de perte de chaleur (25142 kWh/an), soit plus que la toiture et les fenêtres réunies ! C'est logique car ils ont une grande surface et une isolation quasi nulle (U élevé). La toiture est le second poste le plus déperditif. Les fenêtres, malgré leur très mauvais U, perdent moins d'énergie au total car leur surface est beaucoup plus petite.

Points de vigilance

Ne comparez pas uniquement les coefficients U ! Une paroi peut avoir un U très mauvais (comme une fenêtre) mais représenter une faible perte totale si sa surface est petite. Il faut toujours multiplier U par A pour obtenir un flux de déperdition (en W/K) qui permet de comparer réellement les postes entre eux.

Points à retenir

Les déperditions annuelles sont directement proportionnelles à trois facteurs : la performance de la paroi (U), sa taille (A) et la rigueur du climat (DJU). Pour réduire les déperditions, il faut agir sur le premier facteur : améliorer l'isolation pour diminuer le U.

Le saviez-vous ?

La valeur des DJU varie énormément en France. Elle peut être inférieure à 2000 sur la Côte d'Azur (Nice) mais dépasser 3500 dans certaines zones de montagne. Un même bâtiment n'aura donc absolument pas la même consommation de chauffage s'il est à Nice ou à Chamonix !

FAQ
Résultat Final
Les déperditions annuelles sont de 25142 kWh pour les murs, 14400 kWh pour la toiture, et 6264 kWh pour les fenêtres.
A vous de jouer

Si la maison était à Nice (DJU = 2000), quelles seraient les déperditions annuelles des murs ?

Question 3 : Calculer le nouveau coefficient U du mur isolé avec 12 cm de laine de verre.

Principe

L'ajout d'une couche d'isolant revient à ajouter un "frein" très puissant au passage de la chaleur. Pour calculer la nouvelle performance du mur, on ne recalcule pas tout : on part de la résistance totale du mur existant et on y ajoute simplement la résistance thermique apportée par la nouvelle couche de laine de verre. Le nouveau U est l'inverse de cette nouvelle résistance totale, bien plus élevée.

Mini-Cours

La superposition de couches de matériaux en thermique est analogue à l'addition de résistances en série en électricité. La résistance totale d'une paroi est la somme des résistances de chacune de ses couches : \(R_{\text{total}} = R_1 + R_2 + R_3 + ...\). C'est une propriété fondamentale qui rend les calculs d'isolation très logiques : chaque ajout d'isolant (chaque \(R_{\text{isolant}}\)) augmente la \(R_{\text{total}}\) et donc diminue le coefficient U.

Remarque Pédagogique

Observez l'impact spectaculaire d'une couche d'isolant. La laine de verre, même sur une faible épaisseur, a une résistance thermique R bien supérieure à celle de 20 cm de brique. C'est elle qui va désormais assurer la quasi-totalité de la performance d'isolation du mur. Le mur en brique ne jouera plus qu'un rôle structurel et d'inertie.

Normes

Pour les rénovations en France, des aides comme "MaPrimeRénov'" sont conditionnées à l'atteinte de performances minimales. Par exemple, pour l'isolation des murs, il est souvent exigé d'atteindre une résistance thermique \(R \ge 3.7\) m².K/W, ce qui correspond à un \(U \approx 0.27\) W/m².K. Le calcul permet de vérifier que le projet est bien éligible.

Formule(s)

Formule de la résistance de la nouvelle couche

\[ R_{\text{isolant}} = \frac{e_{\text{isolant}}}{\lambda_{\text{isolant}}} \]

Formule du nouveau coefficient U

\[ U' = \frac{1}{R_{\text{total (existant)}} + R_{\text{isolant}}} \]
Hypothèses
  • La pose de l'isolant est parfaite, sans lame d'air ou défaut qui pourrait réduire sa performance (pas de ponts thermiques de mise en œuvre).
  • Les caractéristiques thermiques de l'isolant sont certifiées et constantes.
Donnée(s)
ParamètreSymboleValeurUnité
Épaisseur de l'isolant\(e_{\text{iso}}\)0.12m
Conductivité de l'isolant\(\lambda_{\text{iso}}\)0.04W/(m.K)
Résistance totale existante\(R_{\text{total}}\)0.344m².K/W
Schéma (Avant les calculs)
Ajout d'une couche d'isolant
Mur Existant + Isolant
Calcul(s)

Étape 1 : Calcul de la résistance de l'isolant

\[ \begin{aligned} R_{\text{isolant}} &= \frac{e}{\lambda} \\ &= \frac{0.12 \text{ m}}{0.04 \text{ W/(m.K)}} \\ &= 3.0 \text{ m².K/W} \end{aligned} \]

Étape 2 : Calcul de la nouvelle résistance totale

\[ \begin{aligned} R'_{\text{total}} &= R_{\text{total (existant)}} + R_{\text{isolant}} \\ &= 0.344 + 3.0 \\ &= 3.344 \text{ m².K/W} \end{aligned} \]

Étape 3 : Calcul du nouveau coefficient U

\[ \begin{aligned} U'_{\text{mur}} &= \frac{1}{R'_{\text{total}}} \\ &= \frac{1}{3.344} \\ &= 0.299 \text{ W/(m².K)} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Nouveau profil de température
Isolant (chute T° majeure) Brique 19 °C 5 °C

La majorité de la chute de température se produit dans l'isolant, qui a la plus forte résistance thermique.

Réflexions

Le coefficient U passe de 2.91 à 0.30 W/(m².K). La performance du mur a été améliorée d'un facteur de presque 10 ! Le mur respecte désormais les exigences courantes pour les aides à la rénovation (R > 3.7 est visé, nous avons R = 3.34, ce qui est proche et très significatif).

Points de vigilance

Attention à ne pas oublier la résistance du mur existant dans le calcul ! La nouvelle résistance totale est bien celle de l'ancien mur PLUS celle de l'isolant. Oublier l'ancienne résistance conduirait à une erreur (même si elle est faible dans ce cas).

Résultat Final
Le nouveau coefficient U du mur isolé est de 0.30 W/(m².K), une amélioration drastique !
A vous de jouer

Si l'on utilisait un isolant plus performant (\(\lambda\) = 0.032 W/m.K) sur la même épaisseur (12 cm), quel serait le nouveau coefficient U ?

Question 4 : Calculer le gain annuel (kWh et €) après isolation des murs.

Principe

Le gain énergétique est la conséquence directe de l'amélioration du coefficient U. En calculant les "nouvelles" déperditions annuelles avec le mur isolé et en les soustrayant des déperditions "anciennes", on quantifie précisément le nombre de kWh qui ne s'échapperont plus chaque année. Ce gain en kWh se traduit directement en économie financière en le multipliant par le prix du kWh.

Mini-Cours

L'économie d'énergie est la finalité de l'isolation. On peut la calculer de deux manières qui donnent le même résultat :
1. (Déperditions Avant) - (Déperditions Après)
2. \((U_{\text{avant}} - U_{\text{après}}) \times A \times \text{DJU} \times 24 / 1000\)
La deuxième méthode est souvent plus rapide car elle met en évidence le "delta U", le gain de performance de la paroi, qui est le facteur clé de l'économie réalisée.

Remarque Pédagogique

Ce chiffre est l'argument le plus puissant pour convaincre un propriétaire d'investir. Transformer un concept abstrait (le coefficient U) en un gain concret et annuel ("vous économiserez 4510€ par an") rend la décision d'investir beaucoup plus tangible et rationnelle.

Normes

Les calculs d'économies d'énergie sont à la base des dispositifs d'aide comme les Certificats d'Économies d'Énergie (CEE). Les "fiches d'opérations standardisées" définissent des gains forfaitaires en kWh "cumac" (cumulés et actualisés) pour chaque type de travaux, qui sont ensuite valorisés financièrement par les fournisseurs d'énergie.

Formule(s)

Formule du gain Énergétique

\[ \text{Gain (kWh)} = (\text{Déperditions}_{\text{avant}}) - (\text{Déperditions}_{\text{après}}) \]

Formule de l'économie Financière

\[ \text{Économie (€)} = \text{Gain (kWh)} \times \text{Coût du kWh} \]
Hypothèses
  • Le coût du kWh de chauffage est supposé constant sur la période (0.20 €/kWh).
  • Le comportement de l'utilisateur (température de consigne) ne change pas après les travaux.
Donnée(s)
ParamètreSymboleValeurUnité
Déperditions avant\(D_{\text{murs}}\)25142kWh/an
Nouveau coeff. U\(U'_{\text{mur}}\)0.30W/(m².K)
Surface mursA120
DJUDJU3000°C.jour
Coût énergie0.20€/kWh
Schéma (Avant les calculs)
Concept du gain thermique
Avant Grosses déperditions Après Faibles déperditions
Calcul(s)

Étape 1 : Calcul des nouvelles déperditions des murs

\[ \begin{aligned} D'_{\text{murs}} &= 0.30 \times 120 \times 3000 \times \frac{24}{1000} \\ &= 36 \times 3000 \times 0.024 \\ &= 2592 \text{ kWh/an} \end{aligned} \]

Étape 2 : Calcul du gain en kWh

\[ \begin{aligned} \text{Gain} &= D_{\text{murs}} - D'_{\text{murs}} \\ &= 25142 - 2592 \\ &= 22550 \text{ kWh/an} \end{aligned} \]

Étape 3 : Calcul de l'économie en euros

\[ \begin{aligned} \text{Économie} &= 22550 \text{ kWh} \times 0.20 \text{ €/kWh} \\ &= 4510 \text{ €/an} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Comparaison des déperditions des murs avant/après
Avant25 142 kWh Après2 592 kWh
Réflexions

L'économie de plus de 4500€ par an est considérable. Elle représente une réduction de près de 90% des déperditions liées aux murs. Ce chiffre montre que l'isolation des murs, qui était le poste le plus déperditif, est une action extrêmement efficace. L'investissement, bien que potentiellement élevé, sera rentabilisé par des économies annuelles très importantes.

Points de vigilance

Le gain calculé ici est théorique. En réalité, il existe un "effet rebond" : les habitants, ayant plus de confort, peuvent avoir tendance à chauffer un peu plus, ce qui réduit l'économie réelle. Cependant, ce calcul reste la meilleure base pour comparer les options.

Points à retenir

Un gain de performance (baisse du U) se traduit par un gain d'énergie (kWh) qui, lui-même, se traduit par un gain financier (€). La chaîne logique est U \(\Rightarrow\) kWh \(\Rightarrow\) €. C'est ce qui justifie l'investissement dans la rénovation énergétique.

Le saviez-vous ?

Le concept de "négawatt" a été inventé par le physicien Amory Lovins. Il désigne un watt d'énergie économisé. Lovins défend l'idée qu'un négawatt est plus intéressant qu'un watt produit, car il ne nécessite pas de nouvelle infrastructure de production, ne pollue pas et est souvent moins cher à obtenir. L'isolation thermique est la plus grande source de négawatts !

FAQ
Résultat Final
L'isolation des murs permettrait une économie d'environ 22 550 kWh/an, soit 4510 € par an.
A vous de jouer

Si le coût de l'énergie montait à 0.25 €/kWh, quelle serait l'économie annuelle réalisée ?

Question 5 : Quel poste de travaux prioriser selon le temps de retour sur investissement ?

Principe

Le temps de retour sur investissement (TRI) est un critère financier simple qui répond à la question : "En combien d'années mes économies auront-elles remboursé mon investissement initial ?". On le calcule en divisant le coût des travaux par l'économie annuelle qu'ils génèrent. L'investissement avec le TRI le plus court est le plus rentable à court terme.

Mini-Cours

Le TRI est un outil d'aide à la décision très utilisé pour sa simplicité. Cependant, il a des limites : il ne prend pas en compte l'inflation, l'augmentation future du prix de l'énergie, ou la durée de vie des travaux. Un investissement avec un TRI un peu plus long mais une durée de vie bien supérieure peut être plus judicieux à long terme. En rénovation, on l'utilise surtout pour comparer des options sur un pied d'égalité.

Remarque Pédagogique

Attention, le poste le plus déperditif n'est pas forcément celui avec le meilleur TRI ! Le coût des travaux joue un rôle crucial. L'isolation des combles perdus, par exemple, est souvent peu coûteuse et très efficace, ce qui lui confère un TRI excellent, même si les murs perdent plus d'énergie en valeur absolue. Il faut toujours rapporter le gain au coût de l'investissement.

Normes

Les politiques publiques d'aide à la rénovation (comme MaPrimeRénov') peuvent "fausser" le calcul du TRI en réduisant le coût de l'investissement initial pour le propriétaire. En intégrant les subventions, un projet initialement peu rentable peut devenir une priorité. Il est donc essentiel d'intégrer les aides disponibles dans le calcul du TRI pour une décision réaliste.

Formule(s)

Formule du Temps de Retour sur Investissement

\[ \text{TRI (années)} = \frac{\text{Coût des travaux (€)}}{\text{Économie annuelle (€)}} \]
Hypothèses
  • Les coûts des travaux et le prix de l'énergie sont fixes et connus.
  • Les pourcentages de gains énergétiques donnés pour chaque poste sont fiables et basés sur des calculs similaires à ceux des questions précédentes.
Donnée(s)
ParamètreMursToitureFenêtresUnité
Déperditions initiales25142144006264kWh/an
% de gain839075%
Coût des travaux1200060008000
Coût de l'énergie0.200.200.20€/kWh
Schéma (Avant les calculs)
Comparaison des options d'investissement
12 000 € Murs 6 000 € Toiture 8 000 € Fenêtres
Calcul(s)

Étape 1 : Calcul de l'économie annuelle pour les murs

\[ \begin{aligned} \text{Économie}_{\text{murs}} &= 25142 \text{ kWh} \times 0.83 \times 0.20 \text{ €/kWh} \\ &= 20867.86 \text{ kWh} \times 0.20 \text{ €/kWh} \\ &= 4173.57 \text{ €/an} \end{aligned} \]

Étape 2 : Calcul du TRI pour les murs

\[ \begin{aligned} \text{TRI}_{\text{murs}} &= \frac{12000 \text{ €}}{4173.57 \text{ €/an}} \\ &= 2.875 \text{ ans} \end{aligned} \]

Étape 3 : Calcul de l'économie annuelle pour la toiture

\[ \begin{aligned} \text{Économie}_{\text{toiture}} &= 14400 \text{ kWh} \times 0.90 \times 0.20 \text{ €/kWh} \\ &= 12960 \text{ kWh} \times 0.20 \text{ €/kWh} \\ &= 2592 \text{ €/an} \end{aligned} \]

Étape 4 : Calcul du TRI pour la toiture

\[ \begin{aligned} \text{TRI}_{\text{toiture}} &= \frac{6000 \text{ €}}{2592 \text{ €/an}} \\ &= 2.31 \text{ ans} \end{aligned} \]

Étape 5 : Calcul de l'économie annuelle pour les fenêtres

\[ \begin{aligned} \text{Économie}_{\text{fenêtres}} &= 6264 \text{ kWh} \times 0.75 \times 0.20 \text{ €/kWh} \\ &= 4698 \text{ kWh} \times 0.20 \text{ €/kWh} \\ &= 939.6 \text{ €/an} \end{aligned} \]

Étape 6 : Calcul du TRI pour les fenêtres

\[ \begin{aligned} \text{TRI}_{\text{fenêtres}} &= \frac{8000 \text{ €}}{939.6 \text{ €/an}} \\ &= 8.51 \text{ ans} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Comparaison des Temps de Retour sur Investissement
10 ans 5 ans 0 Toiture2.3 ans Murs2.9 ans Fenêtres8.5 ans
Réflexions

L'analyse du temps de retour sur investissement montre que l'isolation de la toiture est l'opération la plus rentable (TRI de 2.3 ans), suivie de près par les murs (2.9 ans). Le remplacement des fenêtres, bien qu'utile, est beaucoup moins rentable à court terme (8.5 ans). Cela confirme une règle d'or en rénovation : on traite en priorité les plus grandes surfaces de déperdition, en commençant par le haut (la chaleur monte !), surtout si le coût des travaux est maîtrisé.

Points à retenir

La priorisation des travaux de rénovation est un compromis entre l'impact énergétique (kWh économisés) et le coût de l'investissement (€). Le Temps de Retour sur Investissement (TRI) est l'indicateur clé pour trouver le meilleur compromis et maximiser la rentabilité de son projet.

Résultat Final
La priorité N°1 est l'isolation de la toiture, car elle offre le meilleur temps de retour sur investissement.
A vous de jouer

Si une aide de l'état réduisait le coût de l'isolation des murs à 8000€, quel serait son nouveau TRI ?


Outil Interactif : Impact de l'épaisseur de l'isolant

Utilisez les curseurs pour faire varier l'épaisseur de l'isolant (laine de verre) sur les murs et observez son impact sur la résistance thermique R, le coefficient U et les déperditions annuelles.

Paramètres de l'Isolant
12 cm
0.040 W/m.K
Résultats pour le Mur
Résistance R totale (m².K/W) -
Coefficient U (W/m².K) -
Déperditions annuelles (kWh/an) -

Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Si la résistance thermique R d'un mur augmente, que se passe-t-il ?

2. Lequel de ces coefficients U représente la paroi la plus performante ?

3. Dans une maison non-isolée, quel est généralement le poste avec le plus de déperditions ?

4. À quoi sert le DJU (Degrés Jours Unifiés) ?


Résistance Thermique (R)
Capacité d'un matériau ou d'une paroi à résister au passage de la chaleur. Elle est exprimée en m².K/W. Plus R est grand, plus c'est isolant.
Conductivité Thermique (λ)
Quantité de chaleur pouvant être transférée dans un matériau en un temps donné. C'est une propriété intrinsèque du matériau, exprimée en W/(m.K). Plus λ est petit, plus le matériau est isolant.
Coefficient de Transmission (U)
Quantité de chaleur traversant une paroi par unité de temps, de surface et par différence de température. C'est l'inverse de la résistance R. Exprimé en W/(m².K). Plus U est petit, plus la paroi est isolante.
Degrés Jours Unifiés (DJU)
Indicateur proportionnel à la consommation d'énergie de chauffage pour une période et un lieu donnés. Il représente la somme des différences entre une température de référence (ex: 18°C) et la température moyenne journalière extérieure.
Exercice : Optimisation Thermique d'une Rénovation

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