Étude de la Durabilité d’un Béton au Gel-Dégel

Exercice : Durabilité au Gel-Dégel du Béton

Étude de la Durabilité d'un Béton aux Cycles de Gel-Dégel

Contexte : Le béton structurelBéton utilisé pour supporter des charges, comme dans les ponts, les bâtiments et les fondations. Sa performance et sa durabilité sont cruciales. en climat froid.

Vous êtes ingénieur(e) en matériaux pour un projet de construction d'un nouveau pont au Québec. Le tablier du pont sera en béton armé et exposé à des conditions climatiques rigoureuses : de nombreux cycles de gel-dégel chaque hiver, ainsi qu'à l'application intensive de sels de déverglaçageChlorures (comme le NaCl ou CaCl2) utilisés pour faire fondre la glace sur les routes, mais qui sont très agressifs pour le béton et l'acier.. Votre rôle est de valider une formulation de béton proposée (Béton C30/37) pour garantir sa durabilité à long terme face à ces expositions, classées XF4 (très sévère, avec sels) selon la norme EN 206.

Remarque Pédagogique : Cet exercice vous apprendra à analyser les deux principaux modes de dégradation du béton par le gel (dégradation de surface et interne) et à interpréter les résultats d'essais normalisés pour valider une formulation.


Objectifs Pédagogiques

  • Comprendre les mécanismes de dégradation du béton sous l'effet du gel-dégel (pression hydraulique et écaillage).
  • Savoir interpréter un essai d'écaillage (NF P18-425 / EN 12390-9).
  • Savoir calculer et interpréter un essai de dégradation interne (ASTM C666) via le Facteur de Durabilité.
  • Apprécier l'importance critique de l'entraînement d'air et du rapport E/C sur la durabilité au gel.

Données de l'étude

Une gâchée de béton C30/37 est préparée en laboratoire pour simuler la formulation du chantier. Des éprouvettes sont confectionnées pour subir deux types d'essais de gel-dégel après 28 jours de cure.

Fiche Technique de la Formulation
Caractéristique Valeur
Classe de résistance C30/37
Rapport Eau/Ciment (E/C) 0.45
Teneur en air entraîné 6.0 %
Classe d'exposition visée XF4 (Attaque par le gel + sels)
Schéma des Essais de Durabilité
1. Essai d'Écaillage (Surface) Béton Solution saline (NaCl) 🔄 ❄️ Gel (-18°C) ☀️ Dégel (+20°C) Mesure : Perte de masse (g) 2. Essai Interne (Cœur) Bain d'eau Béton 🔄 Mesure : E₀ (initial) puis Eₙ (après 'n' cycles)
Paramètre (Essai) Description ou Formule Valeur Unité
Masse écaillée (Essai 1) Masse perdue après 56 cycles (norme NF P18-425) 22.5 g
Surface de l'éprouvette (Essai 1) Surface exposée à la solution saline 0.05
Module d'Young initial (Essai 2) Module dynamique avant cycles (E₀) 35.0 GPa
Module d'Young final (Essai 2) Module dynamique après 300 cycles (E₃₀₀) 29.0 GPa

Questions à traiter

  1. Calculer la perte de masse par écaillage (en g/m²) après 56 cycles.
  2. Qualifier la performance du béton à l'écaillage selon la norme (en supposant un seuil XF4 de 1000 g/m²).
  3. Calculer le Facteur de Durabilité (FD) du béton après 300 cycles.
  4. Sur la base de ces deux essais, le béton est-il apte à l'usage pour la classe XF4 (Critères: Écaillage < 1000 g/m² ET FD > 80%) ?
  5. Expliquer brièvement le principal mécanisme de protection offert par l'air entraîné contre le gel interne.

Les bases sur la Durabilité au Gel-Dégel

La dégradation du béton par le gel est un phénomène complexe. L'eau présente dans le réseau poreux du béton gèle, augmente de volume (environ 9%) et exerce des pressions internes. Si ces pressions dépassent la résistance en traction du béton, des microfissures se créent, menant à la dégradation.

1. Dégradation de surface (Écaillage / Scaling)
Causée par la combinaison du gel et des sels de déverglaçage. Les sels créent une pression osmotiquePression due à une différence de concentration (ici, en sel) entre l'eau dans les pores et la solution saline en surface. qui attire l'eau vers la surface, augmentant la saturation et les dégâts lors du gel. On la mesure par la masse perdue par unité de surface (g/m²). \[ M_n = \frac{m_n}{A} \] Où \(M_n\) est la masse écaillée (g/m²), \(m_n\) la masse perdue (g) et \(A\) la surface (m²).

2. Dégradation interne (Facteur de Durabilité)
Causée par la pression hydrauliquePression exercée par l'eau (non gelée) dans les pores, qui est "poussée" par le front de gel en expansion. (théorie de Powers). L'eau, en gelant, repousse l'eau non gelée dans les pores fins, créant une pression qui fissure le béton de l'intérieur. On la mesure par la perte de rigidité (Module d'Young). \[ FD (\%) = \frac{E_n}{E_0} \times 100 \] Où \(FD\) est le Facteur de Durabilité, \(E_n\) le module après 'n' cycles, et \(E_0\) le module initial.


Correction : Étude de la Durabilité d'un Béton au Gel-Dégel

Question 1 : Calculer la perte de masse par écaillage (en g/m²) après 56 cycles.

Principe

L'essai d'écaillage normalisé vise à quantifier la dégradation de la *surface* du béton. Pour comparer les résultats de manière objective, on ne garde pas la masse brute perdue (qui dépend de la taille de l'échantillon), mais on la rapporte à la surface exposée. Le résultat est exprimé en grammes par mètre carré (g/m²).

Mini-Cours

La norme (comme la EN 12390-9 ou la NF P18-425) définit une procédure stricte : une éprouvette est placée dans une chambre froide, sa surface est recouverte d'une fine couche de solution saline (simulant les sels de déverglaçage), et elle subit des cycles de gel (-18°C) et de dégel (+20°C). Après un nombre défini de cycles (ici, 56), on brosse l'échantillon pour récupérer les débris ("l'écaillage") et on les pèse.

Remarque Pédagogique

C'est une simple règle de trois. L'objectif est de "standardiser" le résultat. Si vous avez perdu 22.5 g sur une petite surface de 0.05 m², combien auriez-vous perdu sur une surface standard de 1 m² ? C'est ce que ce calcul nous dit.

Normes

L'essai d'écaillage est principalement régi en Europe par la norme EN 12390-9 (Essai sur béton durci - Partie 9 : Détermination de la résistance au gel-dégel avec sels - Écaillage) ou ses équivalents nationaux (ex: NF P18-425 en France).

Formule(s)

La formule de calcul de la masse écaillée par unité de surface est :

\[ M_n = \frac{m_n}{A} \]

Où :

  • \(M_n\) : Masse écaillée après 'n' cycles (en g/m²)
  • \(m_n\) : Masse des débris récupérés (en g)
  • \(A\) : Surface exposée de l'éprouvette (en m²)
Hypothèses

On suppose que la pesée des 22.5 g est précise et que la surface de 0.05 m² est la seule à avoir été exposée à la solution saline et au gel, conformément au protocole d'essai.

Donnée(s)

Les données pertinentes de l'énoncé pour cette question sont :

ParamètreSymboleValeurUnité
Masse écaillée mesuréeMasse des débris de béton récupérés par brossage après les 56 cycles de gel-dégel.\(m_{56}\)22.5g
Surface exposéeSurface de l'éprouvette qui est en contact direct avec la solution saline et qui subit l'écaillage.\(A\)0.05
Astuces

Faites attention aux unités. Ici, tout est déjà en 'g' et 'm²', donc le calcul est direct. Si la surface était donnée en cm² (ex: 500 cm²), il faudrait la convertir en m² avant de diviser (500 cm² = 0.05 m²).

Schéma (Avant les calculs)

Le schéma représente l'action de brosser l'éprouvette pour récupérer les débris (masse \(m_n\)) sur la surface exposée \(A\).

Récupération de l'écaillage
Béton (Surface A) 1. Brossage 2. Pesée m₅₆ = 22.5 g
Calcul(s)

C'est l'étape de l'application numérique. Nous allons prendre les valeurs identifiées dans la section 'Donnée(s)' et les insérer dans la 'Formule' pour trouver notre résultat.

Étape 1 : Rappel de la formule et des données

Nous commençons par poser la formule de base pour l'écaillage :

\[ M_{56} = \frac{m_{56}}{A} \]

Avec nos données :

  • \(m_{56}\) (masse perdue) = 22.5 g
  • \(A\) (surface) = 0.05 m²

Étape 2 : Substitution et calcul

Maintenant, nous remplaçons les symboles \(m_{56}\) et \(A\) par leurs valeurs numériques et nous effectuons la division :

\[ \begin{aligned} M_{56} &= \frac{m_{56}}{A} \\ &= \frac{22.5 \text{ g}}{0.05 \text{ m}^2} \\ &= 450 \text{ g/m}^2 \end{aligned} \]

Le calcul (22.5 divisé par 0.05) nous donne 450. L'unité est g/m², car nous avons divisé des grammes (g) par des mètres carrés (m²).

Schéma (Après les calculs)

Le résultat standardisé permet de situer la performance du béton sur une échelle de "résistance à l'écaillage".

Échelle de Performance (Écaillage)
Très Bon (< 500) Moyen (500-1000) Mauvais (> 1000) 0 g/m² g/m² Notre Résultat (450)
Réflexions

Un résultat de 450 g/m² signifie que, en moyenne, chaque mètre carré de tablier de pont exposé perdrait 450 grammes de matière (principalement du mortier de surface) après 56 cycles de gel-dégel sévères. Ce chiffre, en soi, doit être comparé à un critère normatif pour être jugé "bon" ou "mauvais".

Points de vigilance

L'erreur la plus classique est d'inverser la division (\(A / m_n\)) ou de se tromper dans la conversion des unités. Vérifiez toujours que votre résultat est en g/m².

Points à retenir

L'écaillage se mesure en g/m² et quantifie la dégradation de *surface*.

Le saviez-vous ?

Pourquoi 56 cycles ? C'est un nombre conventionnel (défini par la norme) qui permet de simuler de manière accélérée plusieurs années d'exposition en service. Certains climats très sévères peuvent connaître plus de 100 cycles par an.

FAQ

Les questions les plus fréquentes sur cette étape.

Résultat Final
La perte de masse par écaillage après 56 cycles est de 450 g/m².
A vous de jouer

Un autre laboratoire teste la même formulation mais utilise une éprouvette plus grande (A = 0.08 m²). Il récupère 48 g de débris. Quelle est la masse d'écaillage en g/m² ?

Mini Fiche Mémo

Synthèse de la Question 1 :

  • Concept Clé : Écaillage (Scaling).
  • Formule Essentielle : \(M_n = m_n / A\).
  • Objectif : Standardiser la mesure de dégradation de surface.

Question 2 : Qualifier la performance du béton à l'écaillage (seuil XF4 < 1000 g/m²).

Principe

Un résultat de calcul (450 g/m²) n'a de sens que s'il est comparé à une limite, un seuil ou un critère d'acceptation. Cette étape consiste à prendre notre résultat et à le comparer au "score à battre" défini par la norme pour la classe d'exposition visée (XF4).

Mini-Cours

Les normes de durabilité (comme la EN 206) définissent des classes d'exposition (XF1 à XF4) basées sur la sévérité de l'attaque par le gel. XF4 est la plus sévère (saturation élevée en eau avec sels de déverglaçage). Les normes d'essai (comme la EN 12390-9) fournissent les méthodes et les seuils. Un seuil courant pour XF4 est une perte de masse maximale admissible, par exemple, 1000 g/m² après 56 cycles.

Remarque Pédagogique

C'est une simple comparaison. La question est : "Notre béton a-t-il perdu *moins* de matière que la limite maximale autorisée ?". Si oui, il est "conforme" ou "performant". Si non, il est "non-conforme" et doit être reformulé (par exemple, en ajoutant plus d'air ou en baissant le rapport E/C).

Normes

EN 206 (Spécification, performance, production et conformité du béton) : Définit les classes d'exposition, y compris XF4.
EN 12390-9 / NF P18-425 : Fournissent les seuils de performance. (Note : Le seuil de 1000 g/m² est un exemple réaliste pour cet exercice).

Formule(s)

Il ne s'agit pas d'une formule de calcul, mais d'un critère de validation :

\[ M_{56, \text{calculé}} \le M_{\text{limite, XF4}} \]
Hypothèses

On suppose que le seuil de 1000 g/m² est le critère d'acceptation contractuel ou normatif pour ce projet en classe XF4.

Donnée(s)

Nous utilisons le résultat de la Q1 et le seuil donné dans la Q2.

ParamètreSymboleValeurUnité
Masse écaillée (calculée Q1)\(M_{56, \text{calculé}}\)450g/m²
Seuil de performance XF4\(M_{\text{limite, XF4}}\)1000g/m²
Astuces

Assurez-vous que les deux nombres que vous comparez sont dans la même unité (ici, g/m²). Parfois, les seuils sont donnés en kg/m² (ex: 1.0 kg/m²), ce qui équivaut à 1000 g/m².

Schéma (Avant les calculs)

Visualisation de la comparaison entre la performance mesurée et la limite normative.

Comparaison au Seuil Normatif (Écaillage)
Seuil Max (XF4) 1000 g/m² Notre Béton 450 g/m² 1000 Zone Non-Conforme Zone Conforme
Calcul(s)

Ici, le "calcul" est une comparaison. Nous allons vérifier si notre résultat de la Q1 respecte la condition donnée dans l'énoncé (Écaillage < 1000 g/m²).

Étape 1 : Poser l'inégalité de vérification

La condition de réussite est :

\[ M_{56, \text{calculé}} \le M_{\text{limite, XF4}} \]

Étape 2 : Remplacer par les valeurs

Nous remplaçons les termes par les valeurs que nous connaissons :

\[ 450 \text{ g/m}^2 \text{ (Notre béton)} \quad \le \quad 1000 \text{ g/m}^2 \text{ (Limite XF4)} \]

Étape 3 : Conclure

L'affirmation "450 est inférieur ou égal à 1000" est VRAIE.

Puisque la condition est vérifiée, le béton est conforme sur ce critère.

Schéma (Après les calculs)

Le schéma "Avant les calculs" visualise déjà le résultat de cette comparaison.

Réflexions

Le béton est non seulement conforme, mais il possède une marge de sécurité significative (1000 - 450 = 550 g/m²). Cela indique une très bonne performance de la formulation vis-à-vis de l'attaque de surface par les sels de déverglaçage.

Points de vigilance

Attention à ne pas inverser le sens de l'inégalité. Le critère est "inférieur ou égal" (\(\le\)). Un résultat supérieur (\(>\)) signifie un échec de l'essai.

Points à retenir
  • Un béton "conforme" a une performance *meilleure* (chiffre plus bas) que le seuil normatif.
  • La classe XF4 est la plus exigeante pour l'écaillage.
Le saviez-vous ?

Certains pays ou organisations (comme le Ministère des Transports du Québec, MTQ) ont des seuils encore plus stricts que les normes générales. Pour des ouvrages d'art majeurs, la limite pour l'écaillage peut être abaissée à 500 g/m² ou moins.

FAQ

...

Résultat Final
Le béton est conforme aux exigences de la classe XF4 concernant l'écaillage de surface.
A vous de jouer

Si le seuil pour une classe moins sévère (XF3) était de 1500 g/m² et que votre béton avait une perte de 1200 g/m², serait-il conforme pour XF3 ? (Répondez 1 pour 'Conforme', 0 pour 'Non-conforme').

Mini Fiche Mémo

Synthèse de la Question 2 :

  • Concept Clé : Conformité normative.
  • Critère : \(\text{Résultat} \le \text{Seuil}\).
  • Application : \(450 \text{ g/m}^2 \le 1000 \text{ g/m}^2\) \(\rightarrow\) OK.

Question 3 : Calculer le Facteur de Durabilité (FD) du béton après 300 cycles.

Principe

Nous passons maintenant au deuxième type de dégradation : l'attaque *interne*. Le gel et dégel répét_x0002_tifs dans la masse du béton créent des microfissures qui réduisent sa rigidité. Le Facteur de Durabilité (FD) quantifie cette perte de rigidité en comparant le module d'élasticité (ou module d'Young) avant et après les cycles de gel.

Mini-Cours

L'essai (souvent ASTM C666) consiste à placer un prisme de béton dans un bain-marie et à le cycler rapidement entre le gel (ex: -18°C) et le dégel (ex: +4°C). Périodiquement (ex: tous les 36 cycles) ou à la fin (ici, 300 cycles), on mesure son module d'élasticité dynamique (par méthode de résonance, non destructive). Un béton qui se dégrade perdra son module. Le FD est simplement le pourcentage du module restant.

Remarque Pédagogique

C'est un simple calcul de pourcentage. Si vous aviez 100€ (votre module initial) et qu'il vous en reste 80€ (votre module final), votre "Facteur de Durabilité" financier serait de 80%. Ici, on fait pareil avec les GPa (GigaPascals, une unité de rigidité).

Normes

L'essai de gel interne le plus célèbre est l'ASTM C666 (Standard Test Method for Resistance of Concrete to Rapid Freezing and Thawing). Les normes européenne (EN) ont des approches similaires pour évaluer la dégradation interne.

Formule(s)

La formule du Facteur de Durabilité (FD) est :

\[ FD (\%) = \frac{E_n}{E_0} \times 100 \]

Où :

  • \(FD\) : Facteur de Durabilité (en %)
  • \(E_n\) : Module d'élasticité dynamique après 'n' cycles (en GPa)
  • \(E_0\) : Module d'élasticité dynamique initial (avant cycles) (en GPa)
Hypothèses

On suppose que les mesures de module dynamique à 35 GPa et 29 GPa sont correctes et représentatives de l'état du béton.

Donnée(s)

Les données pertinentes de l'énoncé pour cette question sont :

ParamètreSymboleValeurUnité
Module d'Young initial\(E_0\)35.0GPa
Module d'Young après 300 cycles\(E_{300}\)29.0GPa
Astuces

Assurez-vous que \(E_n\) et \(E_0\) sont dans la même unité (ici, GPa dans les deux cas). Le ratio \(E_n / E_0\) sera donc sans dimension. Le résultat final est un pourcentage (%). Il doit logiquement être inférieur ou égal à 100%.

Schéma (Avant les calculs)

Le schéma montre la dégradation du module (la rigidité) au fil des cycles de gel-dégel.

Évolution du Module d'Élasticité
Cycles (n) Module E (GPa) E₀ = 35 GPa E₃₀₀ = 29 GPa n = 300 Perte de rigidité
Calcul(s)

Nous allons appliquer la formule du Facteur de Durabilité en utilisant le module initial (avant l'essai) et le module final (après 300 cycles).

Étape 1 : Rappel de la formule et des données

Voici la formule pour le Facteur de Durabilité, qui est un simple ratio en pourcentage :

\[ FD (\%) = \frac{E_n}{E_0} \times 100 \]

Avec nos données :

  • \(E_n = E_{300}\) (Module final) = 29.0 GPa
  • \(E_0\) (Module initial) = 35.0 GPa

Étape 2 : Substitution et calcul

Nous insérons les valeurs du module final (\(E_n\)) et initial (\(E_0\)) dans la formule :

\[ \begin{aligned} FD &= \left( \frac{E_n}{E_0} \right) \times 100 \\ &= \left( \frac{29.0}{35.0} \right) \times 100 \\ &= (0.82857...) \times 100 \\ &= 82.857... \% \\ &\approx 82.86 \% \end{aligned} \]

Le ratio 29.0 / 35.0 donne 0.82857..., qui, multiplié par 100, donne 82.857...%. Nous arrondissons ce résultat pour la clarté.

Schéma (Après les calculs)

Le schéma "Avant les calculs" illustre déjà la relation utilisée pour ce calcul (la chute de E₀ à E₃₀₀).

Réflexions

Un Facteur de Durabilité de 82.86% signifie que le béton a perdu \(100\% - 82.86\% = 17.14\%\) de sa rigidité initiale après 300 cycles. Cette perte est due à la microfissuration interne. Comme pour l'écaillage, ce chiffre doit être comparé à un seuil normatif pour être qualifié.

Points de vigilance

Ne pas inverser \(E_n\) et \(E_0\). Le résultat serait supérieur à 100%, ce qui est physiquement impossible (le béton ne peut pas devenir *plus* rigide après avoir été endommagé par le gel). Le FD est toujours \(\le 100\%\).

Points à retenir
  • Le Facteur de Durabilité (FD) mesure la dégradation *interne* (perte de rigidité).
  • \(FD = (\text{Module final} / \text{Module initial}) \times 100\).
Le saviez-vous ?

L'ASTM C666 est un essai très sévère. Les 300 cycles sont souvent réalisés en seulement 2 ou 3 mois. Un béton qui "réussit" cet essai (ex: FD > 80%) est considéré comme ayant une excellente durabilité au gel pour des décennies de service.

FAQ

...

Résultat Final
Le Facteur de Durabilité (FD) du béton après 300 cycles est d'environ 82.86 %.
A vous de jouer

Si, avec un mauvais béton (E/C plus élevé), le module final n'avait été que de 25 GPa (pour E₀ = 35 GPa). Quel aurait été le Facteur de Durabilité ? (Arrondir à 2 décimales)

Mini Fiche Mémo

Synthèse de la Question 3 :

  • Concept Clé : Facteur de Durabilité (FD).
  • Formule Essentielle : \(FD = (E_n / E_0) \times 100\).
  • Objectif : Mesurer la dégradation interne (perte de rigidité).

Question 4 : Le béton est-il apte à l'usage pour la classe XF4 (Critères: Écaillage < 1000 g/m² ET FD > 80%) ?

Principe

C'est l'étape de la conclusion d'ingénierie. Nous avons deux résultats d'essais, un pour la surface (Q1-Q2) et un pour le cœur (Q3). Nous devons maintenant vérifier si *les deux* critères sont respectés simultanément pour donner notre feu vert (ou non) à la formulation.

Mini-Cours

Un béton durable en classe XF4 doit résister à la fois à l'attaque de surface (ne pas s'écailler) et à l'attaque interne (ne pas se microfissurer). C'est pourquoi les spécifications techniques exigent souvent de satisfaire *plusieurs* critères. Échouer à un seul des deux essais (même si l'autre est excellent) peut entraîner le rejet de la formulation.

Remarque Pédagogique

C'est une simple vérification "ET" logique.
Critère 1 (Écaillage) : OK ? \(\rightarrow\) OUI
Critère 2 (FD) : OK ? \(\rightarrow\) OUI
Si "OUI" ET "OUI", alors la conclusion est "APTE".
Si l'un des deux avait été "NON", la conclusion aurait été "NON APTE".

Normes

Cette étape combine les exigences de performance de plusieurs normes (EN 12390-9 pour l'écaillage et ASTM C666 pour le FD) en un seul ensemble de critères d'acceptation de projet, typique d'un Cahier des Charges Techniques Particulières (CCTP).

Formule(s)

Critère de validation logique :

\[ \text{Validation} = (M_{56} \le 1000 \text{ g/m}^2) \text{ ET } (FD_{300} \ge 80 \%) \]
Hypothèses

On suppose que les critères (Écaillage < 1000 g/m² ET FD > 80%) sont les seuls critères de durabilité au gel pour ce projet.

Donnée(s)

Nous synthétisons les résultats des questions précédentes.

CritèreSeuil RequisRésultat ObtenuValidation
Écaillage de surface\(\le 1000 \text{ g/m}^2\)450 \text{ g/m}^2OK
Facteur de Durabilité (Interne)\(\ge 80 \%\)82.86 \%OK
Astuces

Méfiez-vous des signes \(\le\) (inférieur ou égal) et \(\ge\) (supérieur ou égal). Pour l'écaillage, un petit chiffre est bon. Pour le FD, un grand chiffre (proche de 100%) est bon.

Schéma (Avant les calculs)

Tableau de décision (Matrice de validation).

Matrice de Décision XF4
Écaillage (g/m²) 0 1000 Facteur de Durabilité (FD %) 0 80% NON APTE (Écaillage > 1000) NON APTE (FD < 80) APTE NON APTE (Écaillage > 1000) Notre Béton (FD=83%, E=450)
Calcul(s)

Il s'agit d'une double vérification logique. Les deux conditions doivent être vraies pour que le béton soit "apte".

Étape 1 : Vérification Critère 1 (Écaillage)

Condition : \(\le 1000 \text{ g/m}^2\).
Notre résultat (Q1) : \(450 \text{ g/m}^2\).
Vérification : \(450 \le 1000\) ? Oui (VRAI).

Nous vérifions si notre valeur calculée (450) est bien inférieure ou égale à la limite (1000) :

\[ 450 \text{ g/m}^2 \le 1000 \text{ g/m}^2 \quad \rightarrow \quad \text{CRITÈRE 1 RESPECTÉ} \]

Étape 2 : Vérification Critère 2 (Facteur de Durabilité)

Condition : \(\ge 80 \%\).
Notre résultat (Q3) : \(82.86 \%\).
Vérification : \(82.86 \ge 80\) ? Oui (VRAI).

Nous vérifions si notre facteur de durabilité (82.86%) est bien supérieur ou égal à la limite (80%) :

\[ 82.86 \% \ge 80 \% \quad \rightarrow \quad \text{CRITÈRE 2 RESPECTÉ} \]

Étape 3 : Conclusion Logique

Puisque le Critère 1 EST VRAI ET que le Critère 2 EST VRAI, la conclusion finale est VRAIE.

L'opérateur logique "ET" nécessite que les deux conditions soient vraies, ce qui est le cas ici :

\[ (\text{VRAI}) \text{ ET } (\text{VRAI}) \quad \rightarrow \quad \text{VRAI} \]
Schéma (Après les calculs)

Le schéma "Avant les calculs" montre bien notre point (rond bleu) dans la seule zone verte "APTE".

Réflexions

Le béton est déclaré apte. La combinaison d'un rapport E/C de 0.45 et d'un réseau d'air entraîné de 6.0% s'avère efficace pour protéger le béton à la fois en surface et en profondeur. La formulation est validée pour le chantier.

Points de vigilance

Un béton peut avoir un excellent FD (pas de dégradation interne) mais un mauvais écaillage (surtout s'il y a des sels). Inversement, il peut peu s'écailler mais se microfissurer de l'intérieur. Il est impératif de toujours vérifier les *deux* aspects.

Points à retenir
  • La durabilité au gel (surtout XF4) est une double exigence : surface (Écaillage) ET cœur (FD).
  • Les deux critères doivent être satisfaits simultanément.
Le saviez-vous ?

Le réseau d'air entraîné est la protection n°1. Ces milliards de microbulles (invisibles à l'œil nu) agissent comme des "vases d'expansion" : lorsque l'eau gèle et prend du volume, elle peut se déplacer dans la bulle d'air la plus proche, relâchant ainsi la pression hydraulique avant qu'elle ne fissure le béton.

FAQ

...

Résultat Final
Le béton est jugé apte à l'usage pour la classe XF4, car il satisfait les deux critères de performance.
A vous de jouer

Une formulation alternative donne un écaillage de 950 g/m² et un FD de 78%. Serait-elle apte pour XF4 (Critères: < 1000 g/m² ET > 80%) ? (Répondez 1 pour 'Apte', 0 pour 'Non-apte').

Mini Fiche Mémo

Synthèse de la Question 4 :

  • Concept Clé : Validation multi-critères.
  • Critère : (Écaillage \(\le\) Seuil) ET (FD \(\ge\) Seuil).
  • Résultat : (OK) ET (OK) \(\rightarrow\) APTE.

Question 5 : Expliquer le mécanisme de protection de l'air entraîné contre le gel interne.

Principe : Le "Vase d'Expansion"

La protection provient de la théorie de la Pression Hydraulique (T.C. Powers, 1949).

  • L'eau dans les pores du béton gèle et augmente de volume (d'environ 9%).
  • Cette expansion "pousse" l'eau non encore gelée, créant une pression hydraulique intense dans la pâte de ciment.
  • Si cette pression dépasse la résistance du béton, il se microfissure de l'intérieur (perte de module, mesurée par le FD).

Solution : L'air entraîné. En ajoutant un adjuvant, on crée un réseau de milliards de microbulles d'air vides. Ces bulles agissent comme des "vases d'expansion" de sécurité. L'eau sous pression n'a qu'une très courte distance à parcourir pour trouver une bulle vide où la pression peut se relâcher. La pression n'atteint donc jamais le seuil de rupture, et le béton est protégé.

Remarque Pédagogique (L'analogie)

Pensez à une bouteille d'eau pleine et fermée mise au congélateur : elle éclate (pression hydraulique). Maintenant, imaginez une bouteille remplie seulement aux 3/4 : la glace a de la place pour s'expandre (l'air en haut) et la bouteille n'éclate pas. L'air entraîné, c'est créer des milliards de "mini-bouteilles aux 3/4" dans votre béton.

Schéma du Mécanisme

Visualisation de la différence entre un béton avec et sans air entraîné.

Mécanisme de l'Air Entraîné
1. Sans Air Entraîné ❄️ Pression FISSURE Pression → Rupture 2. Avec Air Entraîné ❄️ Bulle d'air Pression Exutoire Pression relâchée → Pas de fissure
Le saviez-vous ?

Ne confondez pas "Air Entraîné" (microbulles ajoutées intentionnellement avec un adjuvant, < 0.3 mm) et "Air Piégé" (grosses bulles dues au malaxage, > 1 mm). Seul l'air entraîné, grâce à son faible espacement, protège efficacement contre le gel.


Outil Interactif : Simulateur de Durabilité

Utilisez les curseurs pour voir comment la teneur en air et le rapport E/C influencent les deux indicateurs de durabilité. Observez comment il est difficile d'être performant sur les deux tableaux.

Paramètres d'Entrée
6.0 %
0.45
Résultats Clés (Estimés)
Perte par Écaillage (g/m²) -
Facteur de Durabilité (FD) (%) -

Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Quel est le composant le plus efficace pour protéger le béton contre la dégradation *interne* par le gel ?

2. Quelle norme est principalement associée à l'essai d'écaillage (scaling) en surface ?

3. L'essai ASTM C666, qui mesure la perte de module d'Young, est utilisé pour calculer :

4. Augmenter le rapport Eau/Ciment (E/C) d'un béton (passer de 0.40 à 0.55, par exemple) :

5. La théorie de la pression hydraulique de Powers est basée sur le fait que l'eau, en gelant, augmente de volume d'environ :


Glossaire

Air Entraîné
Un réseau de milliards de microbulles d'air (typiquement 10-100 micromètres) intentionnellement créées dans le béton à l'aide d'un adjuvant (entraîneur d'air) pour protéger le béton du gel.
Écaillage (Scaling)
Dégradation de la *surface* du béton (perte de mortier, exposition des granulats) causée par les cycles de gel-dégel, particulièrement en présence de sels de déverglaçage.
Facteur de Durabilité (FD)
Un indicateur en pourcentage (%) qui mesure la dégradation *interne* du béton. Il est basé sur la perte de rigidité (module d'Young) après un nombre défini de cycles de gel-dégel (ASTM C666).
Pression Hydraulique
Théorie de T.C. Powers expliquant le gel interne : l'expansion de l'eau en glace (9%) pousse l'eau non gelée dans les pores, créant une pression qui peut fissurer la pâte de ciment.
Rapport Eau/Ciment (E/C)
Ratio (en masse) de la quantité d'eau à la quantité de ciment dans le béton. Un E/C plus faible mène à un béton plus résistant, moins poreux et donc plus durable.
Classe d'Exposition XF4
La classe d'exposition la plus sévère selon la norme EN 206, indiquant une saturation élevée en eau, une attaque par le gel et la présence de sels de déverglaçage.
Étude de la Durabilité d'un Béton aux Cycles de Gel-Dégel

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