Calcul d’une poutre de redressement

Calcul d'une Poutre de Redressement

Calcul d'une Poutre de Redressement

Comprendre la Poutre de Redressement

Une poutre de redressement (ou longrine de redressement) est utilisée pour relier une semelle excentrée (souvent une semelle de rive) à une semelle intérieure centrée. Son rôle principal est de reprendre le moment dû à l'excentricité de la charge sur la semelle de rive, afin d'assurer une répartition de pression sous cette semelle la plus uniforme possible et d'éviter son basculement. La poutre de redressement est principalement sollicitée en flexion et à l'effort tranchant.

Données

On considère un système de fondation composé d'une semelle de rive (S1) excentrée et d'une semelle intérieure (S2) centrée, reliées par une poutre de redressement.

Poteaux :

  • Poteau P1 (sur S1, en rive) : section \(a_1 \times b_1 = 30 \times 30 \, \text{cm}\), charge ELU \(N_{Ed1} = 800 \, \text{kN}\)
  • Poteau P2 (sur S2, intérieur) : section \(a_2 \times b_2 = 30 \times 30 \, \text{cm}\), charge ELU \(N_{Ed2} = 1000 \, \text{kN}\)

Semelles (pré-dimensionnées) :

  • Semelle S1 (sous P1) : \(A_1 = 1.50 \, \text{m}\), \(B_1 = 2.00 \, \text{m}\). Le poteau P1 est en rive (excentricité \(e_1 = A_1/2 - a_1/2\)).
  • Semelle S2 (sous P2) : \(A_2 = B_2 = 1.80 \, \text{m}\) (carrée, centrée).

Géométrie :

  • Entraxe des poteaux : \(L = 5.00 \, \text{m}\)
  • Poutre de redressement : section \(b_p = 30 \, \text{cm}\), \(h_p = 50 \, \text{cm}\). Elle relie les axes des poteaux et n'est pas en contact avec le sol.
  • Hauteur utile estimée pour la poutre : \(d_p \approx 0.9 h_p\)
  • Enrobage : \(c_{nom} = 4 \, \text{cm}\)

Matériaux :

  • Béton : C25/30 (\(f_{ck} = 25 \, \text{MPa}\), \(f_{cd} = 16.67 \, \text{MPa}\))
  • Acier : B500B (\(f_{yk} = 500 \, \text{MPa}\), \(f_{yd} = 435 \, \text{MPa}\))
Schéma : Système Poteaux - Poutre de Redressement - Semelles
S1 (1.50x2.00) P1 N_Ed1=800kN R1 S2 (1.80x1.80) P2 N_Ed2=1000kN R2 Poutre de Redressement (30x50) L = 5.00 m e1 Centre S1

Questions

  1. Calculer les réactions du sol sous chaque semelle (\(R_1\) et \(R_2\)) à l'ELU, en supposant une répartition uniforme de la pression sous chaque semelle.
  2. Isoler la poutre de redressement et déterminer les efforts (charge appliquée par P1, réaction de S1) qui la sollicitent.
  3. Tracer les diagrammes de l'effort tranchant (\(V_{Ed}\)) et du moment fléchissant (\(M_{Ed}\)) dans la poutre de redressement. Déterminer les valeurs maximales \(V_{Ed,max}\) et \(M_{Ed,max}\).
  4. Calculer la section d'acier longitudinale (\(A_s\)) nécessaire pour reprendre le moment fléchissant maximal \(M_{Ed,max}\) dans la poutre.
  5. Vérifier si un ferraillage d'effort tranchant est nécessaire. Si oui, calculer l'aire des cadres (\(A_{sw}/s\)) requise.
  6. Proposer un choix de ferraillage pratique (longitudinal et transversal) pour la poutre de redressement.

Correction : Calcul d'une Poutre de Redressement

Question 1 : Calcul des Réactions du Sol (\(R_1\), \(R_2\)) à l'ELU

Principe :

La poutre de redressement permet d'équilibrer le moment dû à l'excentricité de \(N_{Ed1}\) sur S1. On suppose que la pression sous chaque semelle est uniforme. L'ensemble (P1, P2, S1, S2, Poutre) est en équilibre.

Excentricité de la charge sur S1 : \(e_1 = A_1/2 - a_1/2 \)\(= 1.50/2 - 0.30/2 \)\(= 0.75 - 0.15 = 0.60 \, \text{m}\).

Le centre de pression sous S1 doit coïncider avec l'axe du poteau P1 pour que le système soit équilibré par la poutre. La poutre reprend le moment \(M = N_{Ed1} \times e_1\).

On écrit l'équilibre global. La somme des réactions du sol \(R_1 + R_2\) doit équilibrer la somme des charges des poteaux \(N_{Ed1} + N_{Ed2}\).

On écrit l'équilibre des moments par rapport à l'axe du poteau P2 (ou au centre de la réaction R2, car P2 est centré sur S2).

Équations d'Équilibre :

Somme des forces verticales :

\[\sum F_v = 0 \Rightarrow R_1 + R_2 - N_{Ed1} - N_{Ed2} = 0\]

Somme des moments par rapport à l'axe de P2 (point O2) :

\[\sum M_{/O2} = 0 \Rightarrow (R_1 \times L) - (N_{Ed1} \times L) = 0\]

Attention : Le moment de \(R_1\) par rapport à O2 est bien \(R_1 \times L\). Le moment de \(N_{Ed1}\) par rapport à O2 est \(N_{Ed1} \times L\). La poutre de redressement transmet l'effort pour équilibrer le moment d'excentricité \(N_{Ed1} \times e_1\) au niveau de la semelle S1, mais pour l'équilibre global du système par rapport à O2, on considère les forces externes et leurs bras de levier.

L'équation des moments montre que \(R_1 = N_{Ed1}\). C'est une simplification courante où l'on considère que la poutre "force" la réaction \(R_1\) à s'appliquer à l'aplomb de P1.

Données :
  • \(N_{Ed1} = 800 \, \text{kN}\)
  • \(N_{Ed2} = 1000 \, \text{kN}\)
  • \(L = 5.00 \, \text{m}\)
Calcul :

D'après l'équilibre des moments \(\sum M_{/O2} = 0\) :

\[R_1 \times L = N_{Ed1} \times L \Rightarrow R_1 = N_{Ed1} = 800 \, \text{kN}\]

D'après l'équilibre des forces verticales :

\[R_1 + R_2 = N_{Ed1} + N_{Ed2}\] \[800 \, \text{kN} + R_2 = 800 \, \text{kN} + 1000 \, \text{kN}\] \[R_2 = 1000 \, \text{kN}\]

Vérification : La réaction \(R_2\) correspond bien à la charge du poteau P2, ce qui est logique car P2 et S2 sont centrés.

Résultat Question 1 : Les réactions du sol à l'ELU sont \(R_1 = 800 \, \text{kN}\) et \(R_2 = 1000 \, \text{kN}\).

Question 2 : Efforts Sollicitant la Poutre de Redressement

Principe :

On isole la poutre. Elle est chargée par :

  • La charge descendante du poteau P1 : \(N_{Ed1} = 800 \, \text{kN}\) (appliquée à l'axe de P1).
  • La réaction ascendante du sol sous S1 : \(R_1 = 800 \, \text{kN}\) (supposée appliquée à l'axe de P1 grâce à la poutre).
  • Une force (verticale) de liaison au niveau de P2 pour assurer l'équilibre.

La poutre fonctionne comme une poutre sur deux appuis (axes P1 et P2) soumise à un moment à l'extrémité P1 dû à l'excentricité de R1 par rapport au centre de S1, ou plus simplement, elle est en équilibre sous l'action de P1, P2 et les réactions R1, R2 transmises par les semelles.

Considérons l'équilibre de la poutre entre les axes des poteaux. Elle est soumise à la charge \(N_{Ed1}\) vers le bas en P1, à une réaction \(V_{P2}\) vers le haut en P2 (transmise par le poteau P2 depuis la semelle S2), et à la réaction du sol \(R_1\) appliquée sous la semelle S1. La poutre transfère l'effort entre P1 et P2.

Vue plus simple : La poutre relie P1 et P2. Elle est soumise à \(N_{Ed1}\) en P1 (vers le bas) et à une réaction \(R_1^{poutre}\) en P1 (vers le haut, transmise par S1) et une réaction \(R_2^{poutre}\) en P2 (vers le haut, transmise par S2 via P2). Pour l'équilibre vertical de la poutre : \(R_1^{poutre} + R_2^{poutre} = N_{Ed1}\). L'équilibre des moments par rapport à P2 donne \(R_1^{poutre} \times L = 0\) (si on néglige le poids propre de la poutre), ce qui n'est pas correct.

Modèle correct : La poutre est chargée par le poteau P1 (\(N_{Ed1}\) vers le bas) et supportée par la réaction \(R_1\) (vers le haut, mais excentrée par rapport à P1 si on considère la semelle) et par une force de liaison en P2. Le système {P1, Poutre, P2} est en équilibre sur les réactions {R1, R2}. Isolons la poutre : elle est soumise à \(N_{Ed1}\) en P1, et à des efforts internes (V, M) transmis par P2. La réaction \(R_1\) agit sous la semelle S1. La poutre "voit" la charge \(N_{Ed1}\) et une réaction \(V_{P2}\) à son autre extrémité.

Considérons la poutre simplement appuyée sur P1 et P2. La charge appliquée est la réaction du sol \(R_1\) agissant vers le haut au centre de la semelle S1 (à une distance \(e_1\) de P1). L'équilibre vertical donne la réaction en P2. C'est un modèle inversé.

Modèle le plus courant : La poutre est considérée comme une poutre sur 2 appuis (les axes des poteaux P1 et P2). Elle est chargée par une force \(R_1 = 800kN\) vers le haut, appliquée avec une excentricité \(e_1 = 0.60m\) par rapport à l'appui P1 (vers l'extérieur). Cette force excentrée crée un moment \(M_1 = R_1 \times e_1\) sur l'appui P1 et une force verticale \(R_1\) qui doit être équilibrée par les réactions aux appuis P1 et P2. Ce modèle est complexe.

Simplification : On considère la poutre chargée par \(N_{Ed1}\) (vers le bas en P1) et \(N_{Ed2}\) (vers le bas en P2), et supportée par les réactions \(R_1\) et \(R_2\) (vers le haut, appliquées aux centres des semelles). La poutre elle-même est en équilibre sous \(N_{Ed1}\), \(N_{Ed2}\) et les forces de liaison avec les semelles. Considérons la poutre comme étant chargée par \(N_{Ed1}\) et la réaction \(R_1\). Le moment à équilibrer est \(M = N_{Ed1} \times e_1 = 800 \times 0.60 = 480 \, kN.m\). Ce moment est transmis par la poutre à la semelle S2.

Approche par équilibre de la poutre seule : La poutre relie P1 et P2. Elle est soumise à \(N_{Ed1}\) en P1. La réaction \(R_1\) sous S1 crée un moment \(M_1 = R_1 \times e_1 = 800 \times 0.60 = 480 \, kN.m\) (moment de renversement que la poutre doit annuler). La poutre exerce donc une force \(V_{poutre/S1}\) vers le bas sur S1 (à l'axe P1) et un couple \(M_1\). Par action-réaction, S1 exerce sur la poutre une force \(R_1^{poutre} = V_{poutre/S1}\) vers le haut et un couple \(-M_1\). La poutre est aussi liée à P2. L'équilibre de la poutre donne les efforts en P2. C'est encore complexe.

Reconsidérons l'équilibre de la semelle S1 : Elle reçoit \(N_{Ed1}\) et une force \(V_{poutre}\) de la poutre. Elle est supportée par \(R_1\). Pour que la pression soit uniforme, \(R_1\) doit être appliquée au centre de S1. Équilibre vertical de S1 : \(N_{Ed1} + V_{poutre} - R_1 = 0\). Équilibre des moments / centre S1 : \(N_{Ed1} \times e_1 + V_{poutre} \times e_1 = 0\). Ceci implique \(V_{poutre} = -N_{Ed1}\). Alors \(N_{Ed1} - N_{Ed1} - R_1 = 0 \Rightarrow R_1 = 0\), ce qui est faux.

Hypothèse clé : La poutre de redressement applique une force \(V\) sur la semelle S1 (à l'axe P1) et une force \(-V\) sur la semelle S2 (à l'axe P2) pour équilibrer le moment d'excentricité. Équilibre des moments de S1 / centre de S1 : \(N_{Ed1} \times e_1 - V \times e_1 = 0 \Rightarrow V = N_{Ed1} = 800 \, kN\). La poutre est donc soumise à une force \(V = 800 \, kN\) vers le haut en P1 et une force \(V = 800 \, kN\) vers le bas en P2. C'est un cas de cisaillement pur ? Non. La poutre est soumise à \(N_{Ed1}\) vers le bas en P1, et à une force de liaison \(V_{P2}\) en P2. Elle est aussi soumise à la réaction \(R_1\) (vers le haut, excentrée) et \(R_2\) (via P2).

Approche finale (classique) : On suppose une pression uniforme sous S1 et S2. \(R_1 = 800kN\), \(R_2 = 1000kN\). La poutre relie P1 et P2. Elle est chargée par \(N_{Ed1}=800kN\) (vers le bas en P1) et par la réaction de S1, \(R_1=800kN\) (vers le haut, appliquée au centre de S1, soit à \(e_1=0.6m\) de P1). La poutre est en appui sur P2. Isolons la poutre : Appui en P2. Charge \(N_{Ed1}\) en P1. Réaction \(R_1\) à \(L-e_1 = 4.4m\) de P2. Réaction en P2 : \(V_{P2} = N_{Ed1} - R_1 = 800 - 800 = 0\). Moment en P2 : \(M_{P2} = N_{Ed1} \times L - R_1 \times (L-e_1) \)\(= 800 \times 5 - 800 \times 4.4 \)\(= 4000 - 3520 = 480 \, kN.m\). La poutre est donc une console de longueur L, encastrée en P2, chargée par \(N_{Ed1}\) vers le bas en P1 et \(R_1\) vers le haut à \(e_1\) de P1.

Efforts sur la Poutre :

Modèle final simplifié : La poutre relie P1 et P2. Elle est soumise à un effort tranchant et un moment fléchissant dus à la nécessité d'équilibrer le moment d'excentricité \(M_{exc} = N_{Ed1} \times e_1 = 800 \times 0.6 = 480 \, kN.m\). Ce moment crée une variation linéaire de l'effort tranchant le long de la poutre. \(V(x) = V_A = M_{exc} / L = 480 / 5 = 96 \, kN\) (constant). \(M(x) = M_A - V_A \times x\). Si on considère l'appui P1 comme origine, le moment est maximal en P1 ou P2. En P1 (rive), \(M_{Ed,P1} = M_{exc} = 480 \, kN.m\). En P2, \(M_{Ed,P2} = 0\). Le moment varie linéairement de 480 à 0.

Ce modèle suppose que la poutre reprend SEUL le moment d'excentricité via un effort tranchant constant. C'est une simplification forte.

Efforts considérés pour le dimensionnement :

  • Effort tranchant : \(V_{Ed} = V_A = 96 \, kN\)
  • Moment fléchissant max : \(M_{Ed} = 480 \, kN.m\) (moment négatif, aciers en partie supérieure)
Résultat Question 2 : En considérant que la poutre équilibre le moment d'excentricité \(N_{Ed1} \times e_1\), elle est principalement sollicitée par un moment fléchissant maximal (négatif) \(M_{Ed} = 480 \, kN.m\) à l'encastrement sur P1 et un effort tranchant constant \(V_{Ed} = 96 \, kN\).

Question 3 : Diagrammes VEd et MEd

Principe :

Basé sur le modèle simplifié où la poutre reprend le moment d'excentricité \(M_{exc} = 480 \, kN.m\) via un effort tranchant constant \(V = M_{exc}/L\).

Diagrammes :

Effort Tranchant \(V_{Ed}(x)\) :

\[V_{Ed}(x) = \frac{M_{exc}}{L} = \frac{480}{5} \] \[V_{Ed}(x) = 96 \, \text{kN} \quad (\text{constant sur la longueur L})\]

Le diagramme est un rectangle de hauteur 96 kN.

Moment Fléchissant \(M_{Ed}(x)\) (origine en P1) :

\[M_{Ed}(x) = -M_{exc} + V_{Ed} \times x \] \[M_{Ed}(x) = -480 + 96x \quad (\text{en } kN.m)\]
  • En \(x=0\) (P1) : \(M_{Ed}(0) = -480 \, kN.m\)
  • En \(x=L=5\) (P2) : \(M_{Ed}(5) = -480 + 96 \times 5 \)\(= -480 + 480 = 0 \, kN.m\)

Le diagramme est une droite allant de -480 kN.m à 0 kN.m.

Valeurs maximales :

\[V_{Ed,max} = 96 \, \text{kN}\] \[|M_{Ed,max}| = 480 \, \text{kN} \cdot \text{m} \quad (\text{moment négatif})\]
Diagrammes VEd et MEd
x x VEd MEd VEd = +96 kN P1 (x=0) P2 (x=5) M(0) = -480 kN.m M(5) = 0 P1 (x=0) P2 (x=5)
Résultat Question 3 : L'effort tranchant est constant \(V_{Ed} = 96 \, \text{kN}\). Le moment fléchissant varie linéairement de \(M_{Ed}(0) = -480 \, \text{kN} \cdot \text{m}\) (maximum en valeur absolue) à \(M_{Ed}(5) = 0 \, \text{kN} \cdot \text{m}\).

Question 4 : Calcul de la Section d'Acier Longitudinale (\(A_s\))

Principe (ELU - Flexion Simple) :

On dimensionne la section pour le moment maximal \(M_{Ed,max} = 480 \, kN.m\). Comme le moment est négatif, les aciers principaux seront en partie supérieure de la poutre.

Formules :
\[d_p = 0.9 h_p = 0.9 \times 500 = 450 \, \text{mm}\] \[\mu_{cu} = \frac{|M_{Ed,max}|}{b_p d_p^2 f_{cd}}\] \[z \approx d_p (1 - 0.4 \alpha) \quad \text{avec } \alpha = 1.25 (1 - \sqrt{1 - 2 \mu_{cu}})\] \[A_s = \frac{|M_{Ed,max}|}{z f_{yd}}\]
Données :
  • \(|M_{Ed,max}| = 480 \, \text{kN} \cdot \text{m} = 480 \times 10^6 \, \text{N} \cdot \text{mm}\)
  • \(b_p = 300 \, \text{mm}\)
  • \(d_p = 450 \, \text{mm}\) (estimé)
  • \(f_{cd} = 16.67 \, \text{MPa}\)
  • \(f_{yd} = 435 \, \text{MPa}\)
Calcul :

Moment réduit :

\[\mu_{cu} = \frac{480 \times 10^6}{300 \times (450)^2 \times 16.67} \approx 0.474\]

Attention : \(\mu_{cu} = 0.474 > \mu_{lim} \approx 0.37\). La section de béton est insuffisante ou il faut des aciers comprimés. C'est irréaliste pour une poutre de 30x50. Revoyons le modèle.

Reconsidération du modèle : Le modèle simplifié donne un moment très élevé. Dans la réalité, la poutre interagit avec les semelles et le sol. Le moment de 480 kN.m est le moment total d'excentricité, mais il n'est pas forcément repris intégralement par la flexion de la poutre à l'encastrement P1. Une partie est reprise par la torsion ou redistribuée. Cependant, pour un exercice simplifié, on peut continuer avec cette valeur, mais il faudrait augmenter les dimensions de la poutre.

Alternative : Si on limite \(\mu_{cu}\) à \(\mu_{lim} = 0.37\), cela nécessiterait des aciers comprimés. Calculons \(A_s\) avec \(\mu_{cu}=0.474\) (Pivot B limite ou Pivot C).

Calcul de \(\alpha\) :

\[\alpha = 1.25 (1 - \sqrt{1 - 2 \times 0.474}) \] \[\alpha \approx 0.812\]

(Valeur élevée, proche de la limite 0.617 pour \(x/d = 0.45\))

Calcul du bras de levier \(z\) :

\[z = d_p (1 - 0.4 \alpha) \] \[z = 450 \times (1 - 0.4 \times 0.812) \] \[z \approx 450 \times 0.675 \] \[z = 303.8 \, \text{mm}\]

Calcul de \(A_s\) (aciers supérieurs) :

\[A_s = \frac{480 \times 10^6}{303.8 \times 435} \approx 3630 \, \text{mm}^2\]

Cette section d'acier est très importante (\(\approx 12 HA 20\)) et probablement irréaliste pour une poutre 30x50. Cela indique que le modèle simplifié est trop pénalisant ou que les dimensions de la poutre sont insuffisantes.

Résultat Question 4 : Selon le modèle simplifié, la section d'acier supérieure nécessaire est très élevée : \(A_s \approx 3630 \, \text{mm}^2\). Cela suggère que la poutre devrait être redimensionnée ou qu'un modèle plus complexe est nécessaire.

Question 5 : Vérification de l'Effort Tranchant

Principe (EC2 - 6.2) :

On vérifie si la résistance à l'effort tranchant du béton seul (\(V_{Rd,c}\)) est suffisante pour reprendre \(V_{Ed,max}\). Si \(V_{Ed} > V_{Rd,c}\), des armatures d'effort tranchant (cadres) sont nécessaires.

Formule (Simplifiée) :
\[V_{Rd,c} = [C_{Rd,c} k (100 \rho_l f_{ck})^{1/3}] b_p d_p\]

Avec \(C_{Rd,c} = 0.18 / \gamma_c = 0.18 / 1.5 = 0.12\).

\(k = 1 + \sqrt{200/d_p} \le 2.0\) (avec \(d_p\) en mm).

\(\rho_l = A_{s,prov} / (b_p d_p) \le 0.02\).

Alternativement, valeur minimale : \(V_{Rd,c,min} = [v_{min}] b_p d_p\) avec \(v_{min} = 0.035 k^{3/2} f_{ck}^{1/2}\).

Données :
  • \(V_{Ed,max} = 96 \, \text{kN}\)
  • \(b_p = 300 \, \text{mm}\)
  • \(d_p = 450 \, \text{mm}\)
  • \(f_{ck} = 25 \, \text{MPa}\)
  • \(A_{s,prov}\) : Supposons qu'on mette les \(3630 \, \text{mm}^2\) calculés (irréaliste, mais pour l'exemple).
Calcul :

Calcul de \(k\) :

\[k = 1 + \sqrt{200/450} \] \[k = 1 + \sqrt{0.444} \] \[k \approx 1 + 0.667 = 1.667 \le 2.0\]

Calcul de \(\rho_l\) :

\[\rho_l = \frac{3630}{300 \times 450} \approx 0.0269\]

On limite \(\rho_l\) à 0.02 pour le calcul de \(V_{Rd,c}\).

Calcul de \(V_{Rd,c}\) :

\[V_{Rd,c} = [0.12 \times 1.667 \times (100 \times 0.02 \times 25)^{1/3}] \times 300 \times 450\] \[V_{Rd,c} = [0.12 \times 1.667 \times (50)^{1/3}] \times 135000\] \[V_{Rd,c} = [0.12 \times 1.667 \times 3.684] \times 135000 \] \[V_{Rd,c} \approx 0.737 \times 135000 \approx 99500 \, \text{N} \] \[V_{Rd,c} \approx 99.5 \, \text{kN}\]

Calcul de \(V_{Rd,c,min}\) :

\[v_{min} = 0.035 \times (1.667)^{3/2} \times (25)^{1/2} \] \[v_{min} = 0.035 \times 2.15 \times 5 \] \[v_{min} \approx 0.376 \, \text{MPa}\] \[V_{Rd,c,min} = 0.376 \times 300 \times 450 \] \[V_{Rd,c,min} \approx 50800 \, \text{N} \approx 50.8 \, \text{kN}\]

\(V_{Rd,c}\) à utiliser est \(\max(99.5; 50.8) = 99.5 \, kN\).

Vérification :

\[V_{Ed} = 96 \, \text{kN} \le V_{Rd,c} = 99.5 \, \text{kN} \quad (\text{OK})\]
Résultat Question 5 : D'après le calcul, \(V_{Ed} \le V_{Rd,c}\). Théoriquement, aucune armature d'effort tranchant n'est requise par le calcul. Cependant, des armatures minimales (cadres) sont toujours nécessaires pour des raisons constructives (EC2 9.2.2).

Question 6 : Proposition de Ferraillage Pratique

Armatures Longitudinales (Supérieures) :

Requis (selon Q4) : \(A_s = 3630 \, \text{mm}^2\). C'est très élevé.

Exemple de choix (si ce calcul était réaliste) :

  • 8 HA 25 (\(8 \times 491 = 3928 \, \text{mm}^2\)) ou
  • 6 HA 28 (\(6 \times 616 = 3696 \, \text{mm}^2\)) ou
  • 5 HA 32 (\(5 \times 804 = 4020 \, \text{mm}^2\))

Il faudrait probablement 2 lits d'acier. Un choix de 6 HA 28 (3+3) pourrait être envisagé, mais la section de la poutre est probablement sous-dimensionnée.

Il faut aussi des aciers inférieurs (montage/peau), par exemple 2 HA 12.

Armatures Transversales (Cadres) :

Même si \(V_{Ed} \le V_{Rd,c}\), des cadres minimaux sont requis (EC2 9.2.2).

Taux minimal \(\rho_w = A_{sw} / (s \times b_p \times \sin \alpha)\). Pour cadres droits (\(\alpha=90^\circ\)) :

\[\rho_{w,min} = \frac{0.08 \sqrt{f_{ck}}}{f_{yk}} \] \[\rho_{w,min} = \frac{0.08 \sqrt{25}}{500} = 0.0008\] \[\frac{A_{sw}}{s} \ge \rho_{w,min} b_p = 0.0008 \times 300 \] \[ = 0.24 \, \text{mm}^2/\text{mm} = 2.4 \, \text{cm}^2/\text{m}\]

Espacement maximal : \(s_{max} = 0.75 d_p = 0.75 \times 450 = 337.5 \, \text{mm}\). On prend \(s \le 300 \, \text{mm}\).

Choix : Cadres HA 8 (\(A_{sw} = 2 \times 50.3 = 100.6 \, \text{mm}^2\)).

\[s \le \frac{A_{sw}}{0.24} = \frac{100.6}{0.24} \approx 419 \, \text{mm}\]

On choisit un espacement réaliste respectant \(s \le 300 \, \text{mm}\), par exemple Cadres HA 8 e=25 cm (\(A_{sw}/s = 100.6 / 250 \)\(= 0.40 \, mm^2/mm = 4.0 \, cm^2/m \ge 2.4 \, cm^2/m\)).

Résultat Question 6 :
  • Aciers longitudinaux supérieurs : \(A_s = 3630 \, \text{mm}^2\). Proposer 6 HA 28 (\(3696 \, \text{mm}^2\)) sur 2 lits. (Section de poutre probablement à revoir).
  • Aciers longitudinaux inférieurs : Minimum constructif, ex: 2 HA 12.
  • Aciers transversaux : Cadres HA 8 espacés de 25 cm.

Note: Le dimensionnement obtenu pour les aciers longitudinaux est très important et suggère que le modèle simplifié utilisé ou les dimensions initiales de la poutre ne sont pas optimaux pour cette configuration.

Calcul d'une Poutre de Redressement

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4 Commentaires
  1. Songolo denis

    Je suis vraiment très ému d’ être intégré parmi vous

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  2. Songolo denis

    Je besoin des certains suget des étudiants de BTP3

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  3. Songolo denis

    Je besoin de certains sujet des étudiants de BTP3

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